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Actualités - CHRONOLOGIE

COMMÉMORATION - La place Sassine noire de monde pour l’anniversaire de l’assassinat de Béchir Gemayel « Vingt ans déjà et rien n’a changé… »(photos)

Depuis bien longtemps la place Sassine, à Achrafieh, n’avait pas connu une telle atmosphère. Samedi dernier, près de 10 000 personnes ont pris part à la messe et à la marche commémorant le 20e anniversaire de la disparition de Béchir Gemayel. Les militants de l’opposition chrétienne, qui se sentent de plus en plus brimés, et les partisans du président martyr, personnalités ou anonymes, ont tenu cette année à être fidèles au rendez-vous. La foule formée de milliers et de milliers de personnes était en liesse samedi dernier, que ce soit à l’intérieur de l’église Notre-Dame de la Médaille miraculeuse du couvent des pères lazaristes, sur le parvis, sur les trottoirs menant de l’église à l’ancienne maison du parti Kataëb où le jeune président avait été assassiné avec ses compagnons, ou encore à la place Sassine. Ovations, tonnerres d’applaudissements, chœurs de slogans partisans (« Béchir est vivant en nous », « Liberté à Geagea », « Liberté, souveraineté, indépendance »)... Tout était bon pour démontrer que l’on approuvait l’homélie de l’évêque de Jbeil, Béchara Raï, l’intention de Nadim Béchir Gemayel et le discours de Solange Béchir Gemayel. « Maintenant, ils créent des conflits entre musulmans, entre chrétiens. C’est comme si l’on devait créer de nouveaux rassemblements chrétiens afin qu’ils absorbent une certaine opposition issue de la même communauté », a déclaré Mme Gemayel, soulignant que « c’est comme s’ils voulaient museler ceux qui représentent la pensée et la décision libres et nationales par le biais d’autres chrétiens qui ont été majoritairement parachutés durant les élections ». Et de poursuivre : « Nous refusons à quiconque de juger notre ligne de conduite car nous rejetons les leçons de patriotisme données par ceux qui ont échoué aux examens et qui ont été nommés grâce à une décision extérieure. » Samedi midi, on s’attendait à ce que la présence en masse des forces de l’ordre, des pompiers et des membres de la brigade antiémeute, avec leur battes et leurs casques, décourage les partisans de l’opposition. Les gendarmes avaient entamé leur déploiement, place Sassine, dès vendredi soir. Le lendemain, ils étaient plus de 500. Certains s’employaient à placer des chicanes aux divers carrefours menant à l’église de la Médaille miraculeuse, tandis que d’autres s’étaient postés place Sassine et sur le chemin de la marche traditionnelle. Homélie de Mgr Raï Vers 15 heures 30, un groupe de jeunes mené par Sami Amine Gemayel et formé de 200 militants de la base Kataëb est arrivé à la place Sassine. Brandissant des drapeaux libanais et arborant l’ancienne tenue beige du parti, ils ont chanté l’hymne national avant de se rendre à l’église. Quelques instants plus tard, c’est Nadim Gemayel qui arrive à la tête d’une autre marche, qui avait pris son départ au niveau de la Voix du Liban. Les partisans qui l’accompagnent brandissent des portraits du président assassiné, des calicots reproduisant des phrases prononcées, à diverses occasions, par Béchir Gemayel, et des drapeaux du Liban, des FL et des Kataëb. Vers 15 heures 45, la foule est plus dense devant l’église. Et les jeunes arborent encore d’autres symboles de l’opposition, notamment des portraits de Samir Geagea, le chef emprisonné des FL dissoutes, et de Ramzi Irani, le militant du mouvement, assassiné en mai dernier, et des banderoles portant la croix des Forces libanaises, ainsi que l’emblème de la MTV. Mme Solange Béchir Gemayel et sa fille Youmna, l’ancien président Amine Gemayel, le député du Metn Pierre Gemayel et Mme Sétrida Samir Geagea sont accueillis par des tonnerres d’applaudissements. L’arrivée de Mme Jocelyne Ramzi Irani et de M. Massoud Achkar ne laisse pas non plus les partisans indifférents. Le ministre Georges Frem, représentant le président de la République Émile Lahoud, est, lui, hué par la foule. La messe s’est tenue également en présence de MM. Michel Pharaon et Antoine Ghanem, représentant respectivement le Premier ministre et le chef du Parlement. Citons parmi les personnalités le ministre Pierre Hélou, les députés Farès Souhaid, Mansour Ghanem el-Bone, Gabriel Murr, Nehmétallah Abi Nasr et Atef Majdalani, les anciens ministres Michel Eddé, Jamil Chammas, Pierre Daccache, et Osman Dana, le représentant du général Aoun au Liban, le général Nadim Lteif (qui a pris place au premier rang à côté de Mme Sétrida Geagea), le bâtonnier de Beyrouth Raymond Chédid, le secrétaire général du PNL, Élias Abou Assi, le secrétaire général du Bloc national, Antoine Klimos, l’ancien chef des Kataëb, Élie Karamé, et le recteur de l’Université Saint-Joseph, le père Sélim Abou. Ovations et applaudissements ont interrompu à plusieurs reprises la messe célébrée, en mémoire du président martyr et de ses compagnons assassinés, par l’évêque de Jbeil, Béchara Raï, qui a dénoncé dans son homélie « les actions qui visent à changer l’identité du Liban, et qui consistent notamment à réprimer la liberté, tuer la démocratie, arrêter le dialogue, porter atteinte à l’unité, disperser les rangs, travestir la vérité, exploiter la magistrature à des fins politiques et accuser les gens de trahison ». Nadim Béchir Gemayel est ovationné durant plusieurs minutes. Le jeune homme, âgé d’un peu plus de vingt ans, a donné lecture d’un texte inspiré des discours de son père. « Seigneur, pour que les clochers de nos églises ne s’arrêtent pas de sonner, Tu nous a appris à ne pas avoir peur de dire la vérité, qui est la seule à nous sauver », dit-il. « Nous avons lutté pour le Liban et nous rêvons toujours d’un État fort de son peuple, son armée et son Administration. Un État qui prend des décisions libres, qui protège les libertés et qui respecte l’opinion de son peuple. Un État souverain qui établisse sa souveraineté, uniquement grâce à son armée, sur l’ensemble des 10 452 kilomètres carrés », ajoute-t-il « Vingt ans et rien n’a changé, le Liban est toujours occupé par des armées étrangères et l’État-ferme contre lequel Béchir a tant lutté est de plus en plus présent dans l’Administration », souligne Nadim Gemayel, estimant que « la liberté prônée par le régime n’est qu’un slogan ». Évoquant les martyrs du 14 septembre, il déclare qu’ils « ont payé de leur vie pour préserver le Liban et pour que l’on poursuive le chemin ». « Je m’engage auprès de Béchir, et auprès de tous les martyrs, que nous tiendrons la promesse coûte que coûte. Nous sommes prêts à tous les sacrifices pour préserver un pays vieux de 6 000 ans », indique encore Nadim Béchir Gemayel. Sur le parvis de l’église, où elle a tenu son discours, encadrée par ses enfants Youmna et Nadim, Solange Béchir Gemayel a été ovationnée des dizaines de fois. C’est également sous les applaudissements que la famille Gemayel et ceux qui ont pris part à la messe se sont rendus de l’église jusqu’à l’ancien siège du parti Kataëb où le jeune président avait été assassiné. Beaucoup de partisans et d’habitants d’Achrafieh ont attendu sur les trottoirs de la place Sassine ou aux balcons des immeubles voisins pour saluer la marche ou encore pour lancer du riz sur le cortège. Acclamé par la foule, le groupe s’est arrêté à plusieurs reprises avant d’arriver à l’ancien siège du parti Kataëb. Tout au long de la journée de samedi, les haut-parleurs de la place Sassine ont diffusé des chants partisans, entrecoupés de discours du président assassiné et d’une phrase, slogan adopté cette année par la Fondation Béchir Gemayel : « Vingt ans déjà et rien n’a changé ...» Patricia KHODER
Depuis bien longtemps la place Sassine, à Achrafieh, n’avait pas connu une telle atmosphère. Samedi dernier, près de 10 000 personnes ont pris part à la messe et à la marche commémorant le 20e anniversaire de la disparition de Béchir Gemayel. Les militants de l’opposition chrétienne, qui se sentent de plus en plus brimés, et les partisans du président martyr,...