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Actualités - OPINION

Courrier « Beyrouth brûle-t-il ? »

« Beyrouth brûle-t-il ? » me murmure une voix d’outre-tombe. Elle insiste : « Beyrouth brûle-t-il ? » C’était samedi dernier, le 7 septembre 2002 : à lui seul, ce jour a résumé en quelques images tragiques tout le paradoxe libanais et l’imbroglio qui en découle. Ce jour-là, les forces de sécurité garantes de notre quiétude interdisaient à coups de crosse et de matraque l’accès à la place du Parlement (l’émancipation de la volonté populaire) à une poignée de manifestants venus clamer leur désarroi et leur soif de liberté à qui voulait bien les entendre. Les pompes à eau de la Défense civile, délaissant nos forêts ancestrales et les feux qui les ravageaient, se chargeaient de les asperger de jets furieux, comme pour éteindre la flamme de liberté qui brûlait encore dans le cœur des ces jeunes sans lendemain. Ces images désolantes retransmises par les caméras étrangères ont malheureusement fait le tour du monde, en contribuant grandement à nous faire perdre ce qu’il nous restait encore de crédibilité. N’étions-nous pas dès lors en droit de demander des comptes aux responsables à propos de toute cette affaire, depuis la fermeture litigieuse et suspecte d’un média jusqu’aux récents dérapages ? Mais à qui donc ? Le pouvoir exécutif ? Il s’estimait non concerné par ces remous qui ne rentraient pas dans le cadre de ses prérogatives et de ses priorités. Le pouvoir législatif ? Il était pour sa part en plein congé annuel... Pour ne pas dire en chômage technique effectif et implicite depuis plusieurs années. Quant au pouvoir judiciaire, il se retrouvait lui-même piégé et victime de l’application de textes de lois viciés et incohérents dans leur contenu. Que dire enfin du congrès/mascarade pour les libertés qui n’a été en fait que le théâtre du plus grand regroupement recensé de loyalistes prônant clairement ou implicitement une plus grande rigidité du pouvoir – voire un bâillonnement des médias non complaisants –, pour mieux asseoir leur autorité et leur légitimité usurpées. « Beyrouth brûle-t-il ? » m’a répété la voix. Malheureusement, oui. Et avec Beyrouth, tout le Liban, de mille feux et flammes, mais seulement dans le cœur de tout citoyen qui a choisi de naître, de vivre et de mourir libre. Et dont les valeurs et les principes sacrés sont le respect et l’acceptation de l’autre dans toutes ses différences. Karim DAHER
« Beyrouth brûle-t-il ? » me murmure une voix d’outre-tombe. Elle insiste : « Beyrouth brûle-t-il ? » C’était samedi dernier, le 7 septembre 2002 : à lui seul, ce jour a résumé en quelques images tragiques tout le paradoxe libanais et l’imbroglio qui en découle. Ce jour-là, les forces de sécurité garantes de notre quiétude interdisaient à coups de crosse et de...