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Actualités - CHRONOLOGIE

Liban-USA - « Nous sommes partenaires dans la guerre contre le terrorisme », souligne Siniora La commémoration du 11 septembre à Awkar placée sous le signe des valeurs communes

Parce que le terrorisme est devenu une menace mondiale et que la lutte contre ce fléau nécessite le concours de tous, parce que Libanais et Américains partagent de nombreuses valeurs communues, mais aussi parce que le peuple libanais vit au quotidien une expérience de cœxistence islamo-chrétienne peu commune, pour toutes ces raisons, le Liban officiel et, surtout, des représentants de la société civile – triés sur le volet – se sont associés hier à la cérémonie de commémoration du 11 septembre, organisée par la chancellerie américaine, à Awkar. Une cérémonie en tout point émouvante et simple à laquelle ont assisté les familles des quatre victimes libanaises de cette tragédie qui a ébranlé le monde, Walid Iskandar, Robert Dirani, Boutros Gergès el-Hachem et Jude Joseph Moussa. D’imposantes mesures de sécurité avaient été prises dès le début de la matinée d’hier dans la région de Awkar. Très courtois, les soldats de l’armée libanaise filtraient les automobilistes au rond-point de Awkar, sur la route interne parallèle à la voie rapide Beyrouth-Jounieh. Seules les personnes conviées à la cérémonie étaient autorisées, sur base d’une liste préétablie, à rentrer dans Awkar pour emprunter la montée menant à l’ambassade US. À l’intérieur de la vaste enceinte de la chancellerie, le drapeau était en berne et les membres de la garde de l’ambassade, en habit militaire officiel et au garde à vous, avaient été postés, à intervalles réguliers, sur le chemin débouchant sur le lieu de la cérémonie, une terrasse surplombant le Grand Beyrouth et le littoral du Metn. Parmi l’assistance, trois personnalités politiques seulement, le ministre Georges Frem, représentant le président Émile Lahoud, le député Ali Bazzi, délégué par le chef du Législatif Nabih Berry, et le ministre Fouad Siniora, représentant le chef du gouvernement, Rafic Hariri, ainsi qu’un nombre restreint de journalistes, les familles des quatre victimes libanaises et divers pôles d’influence de la société civile. Cette assistance a été délibérément voulue restreinte, afin, sans doute, d’assurer à la cérémonie le recueillement qui s’impose. Premier à prendre la parole, le ministre Georges Frem a improvisé un bref discours pour souligner que « des valeurs communes et des relations d’amitié lient le Liban aux États-Unis ». « Par leurs sociétés pluralistes respectives, les États-Unis et le Liban représentent le lieu où des liens se forgent entre les gens, indépendamment de leur religion ou de leur race. » Au nom du chef du Législatif, le député Ali Bazzi a stigmatisé en des termes particulièrement fermes les attentats du 11 septembre qu’il a qualifiés d’« agressions terroristes qui représentent une infamie pour l’humanité ». « Au Liban, a-t-il souligné, nous avons longtemps souffert du terrorisme et nous nous solidarisons, de ce fait, avec les familles des victimes qui sont tombées aux États-Unis du fait d’un acte criminel qu’aucune religion ou frange de la société ne peut tolérer. » M. Fouad Siniora, s’exprimant en anglais, a lui aussi évoqué « les valeurs communes » qui lient le Liban aux États-Unis. « Nous compatissons avec le drame vécu par les États-Unis et nous sommes parfaitement conscients de la nécessité d’éradiquer le danger du terrorisme », a souligné le ministre des Finances qui a déclaré à ce propos: « Nous sommes partenaires dans la guerre contre le terrorisme. Nous vaincrons ensemble ou nous perdrons ensemble. » Reprenant le point de vue traditionnel du chef du gouvernement sur ce plan, M. Siniora a souligné la nécessité d’« œuvrer ensemble, avec détermination, afin de nous attaquer radicalement aux causes du terrorisme ». « À cette fin, a-t-il précisé, il faut régler les conflits régionaux par des voies pacifiques, en reconnaissant les droits de tous les peuples de la région. C’est en œuvrant en vue d’aboutir à des solutions réalistes et durables à ces conflits que nous pourrons isoler les forces extrémistes. Il est clair que l’un des principaux objectifs du terrorisme est d’ébranler la stabilité et de répandre l’extrémisme. Il est clair, dans le même temps, que pour faire échec aux plans terroristes, il est nécessaire de soutenir la modération et d’appuyer ceux qui prônent la stabilité, l’égalité et le respect des droits de l’homme. » Et de conclure : « Les États-Unis sont, historiquement, le porte-étendard des droits de l’homme et des principes démocratiques. Ces mêmes valeurs sont enracinées dans notre culure et nos religions. Nous ne saurions admettre que les terroristes nous imposent leur loi et s’emploient à éroder nos valeurs communes. » Intervenant, pour sa part, en sa qualité de membre du comité pour le dialogue islamo-chrétien, M. Camille Ménassa a invité Américains et Arabes à se livrer à un examen de conscience afin de déterminer les causes de l’incompréhension, voire même de l’adversité qui marquent souvent leurs relations. Prônant un dialogue franc sur ce plan, M. Ménassa a souligné que les Libanais sont habilités à mener un tel dialogue et à jouer un rôle certain en vue d’un rapprochement des points de vue entre les États-Unis et le monde arabe « en raison de leur expérience au sein de leur société pluraliste qui est incontestablement plus ouverte sur le monde extérieur que les sociétés des autres pays de la région ». « Le Liban, a déclaré M. Menassa, peut jouer aujourd’hui un rôle essentiel, sembable à celui qu’il a assumé à la fin du XIXe siècle et au début du vingtième siècle lorsqu’il a introduit la civilisation occidentale en Orient. Aujourd’hui, s’il obtient le feu vert, il est en mesure d’effectuer le chemin inverse en exposant à l’Occident la position et la pensée arabes, avec le langage que les Libanais maîtrisent plus que quiconque ». Le secrétaire général du comité pour le dialogue islamo-chrétien, Mohammed Sammak, a ensuite pris la parole (en anglais) pour souligner que « le crime du 11 septembre n’a pas porté préjudice uniquement aux États-Unis, mais il a causé aussi du tort à l’islam ». « Aucun musulman n’a causé autant de tort à l’islam qu’Oussama Ben Laden, a déclaré M. Sammak. Un après cette tragédie, nous sommes ici pour commémorer le souvenir des victimes innocentes. Dans le même temps, nous nous associons aux efforts et nous tendons la main pour empêcher les criminels d’atteindre leurs objectifs. Nous devons combattre le terrorisme en prônant le pardon et non la vengeance, en renforçant les relations islamo-chrétiennes, en redéfinissant les rapports islamo-américains et en dissociant le terrorisme de la religion. » Cette commémoration des attentats du 11 septembre 2001 – qui s’est achevée sur les airs de la chanson America the Beautiful – aura permis de rappeler dans le recueillement que « le Liban, c’est plus qu’un pays, c’est un message », comme le souligne le pape Jean-Paul II. La tragédie du World Trade Center a été perçue par certains comme un choc des civilisations. Aux Libanais de prouver que le dialogue des cultures (et des religions) demeure, malgré tout, encore possible. Michel TOUMA
Parce que le terrorisme est devenu une menace mondiale et que la lutte contre ce fléau nécessite le concours de tous, parce que Libanais et Américains partagent de nombreuses valeurs communues, mais aussi parce que le peuple libanais vit au quotidien une expérience de cœxistence islamo-chrétienne peu commune, pour toutes ces raisons, le Liban officiel et, surtout, des...