Travaux accélérés à quelques mètres de la frontière

« En dépit des menaces d’Israël, j’ai reçu aujourd’hui instruction de mettre les bouchées doubles pour que le projet de pompage de l’eau du Wazzani soit achevé dans 25 jours », explique le responsable du chantier à un correspondant de l’AFP. Ali Wehbé ajoute que l’entreprise qu’il dirige, Ward, a entamé il y a moins d’un mois les travaux d’installation des tuyaux en fonte sur 16 km, de la source de Wazzani jusqu’au village de Taïbé, en vertu d’un contrat avec l’État libanais conclu par le biais du Conseil du Sud, chargé du développement de cette région pauvre. « Je vais doubler le nombre des ouvriers et faire venir du matériel afin que les travaux aillent plus vite », poursuit l’entrepreneur. À la fin de la mise en place du réseau d’adduction, une pompe sera installée à la source du Wazzani pour alimenter une vingtaine de villages dans l’ex-zone occupée par Israël. Tout en parlant, M. Wehbé jette un coup d’œil aux soldats israéliens qui, à 500 m de là, ont intensifié les patrouilles à la frontière, notamment à la hauteur de la localité israélienne de Métoulla, face à la bourgade libanaise de Khiam, où le chantier bat son plein. Un responsable du ministère israélien de l’Agriculture a affirmé mardi que le Hasbani « fournit entre 20 et 25 % de l’eau s’écoulant dans le lac de Tibériade ». Pour les Libanais du Sud aussi, cette eau est précieuse. « L’enjeu est capital pour nos villages privés d’eau potable, la plupart des mois de l’année. Sous l’occupation, Israël nous vendait notre eau, que son service de distribution exploitait », raconte Hussein, un octogénaire de Khiam. Hussein dit craindre les menaces israéliennes. « Si mes souvenirs sont bons, Israël avait bombardé en 1964 un projet de pompage de l’eau de la source du Wazzani financé par la Ligue arabe. »