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Actualités - CHRONOLOGIE

L’Ordre des avocats appelle les magistrats à exercer leur profession librement

L’Ordre des avocats de Beyrouth a appelé hier les juges « à exercer leur profession librement, car ils assument d’énormes responsabilités nationales et juridiques ». « La magistrature devrait être la garante de la liberté ; le magistrat devrait œuvrer à préserver les libertés publiques et non le contraire », relève dans son communiqué le conseil de l’Ordre des avocats, à l’issue d’une réunion tenue en début d’après-midi, après le retour du bâtonnier, Raymond Chédid, du siège de l’Ordre de la presse, où il venait de participer au congrès national pour la liberté. Soulignant que « la liberté au Liban est à un dangereux tournant», le communiqué relève que « la magistrature ne peut être que du côté de la liberté et du Liban ». Le texte met également en garde contre toute tentative « de s’en prendre aux libertés sous prétexte de vouloir appliquer la loi ». Au cours de la réunion tenue au conseil de l’Ordre en présence des anciens bâtonniers Chakib Cortbaoui, Antoine Klimos et Michel Élian, Me Chédid a indiqué qu’il avait exposé, durant le congrès national pour la défense des libertés, « son point de vue personnel » et qu’il ne voulait pas « s’en prendre à quiconque ». Interrogé à ce propos par L’Orient-Le Jour, le bâtonnier de Beyrouth a estimé qu’il faut « dépasser ce qui s’est passé au siège de l’Ordre de la presse ». « J’aurais souhaité que l’on discute entre personnes civilisées, mais cela ne s’est malheureusement pas produit », a-t-il dit, ajoutant que la presse accorde trop d’importance à « l’incident ». C’est « l’essence et le fonds du problème » qui intéressent Me Chédid. Il a rappelé qu’il « a parlé, dans son discours, de liberté, de démocratie et de l’indépendance de la magistrature ». « L’incident en soi n’est pas important, l’essentiel pour moi est de préserver la liberté, l’indépendance de la magistrature, la démocratie et la pérennité du Liban », a-t-il noté. « Nous voulons que les magistrats restent libres, au-dessus des faiblesses humaines, indépendants et intègres », a-t-il dit. Mais qu’en est-il des enquêtes qui n’ont pas abouti, en encore des événements dont des magistrats ont été témoins, tels le tabassage des étudiants le 9 août 2001 devant le Palais de justice ? « J’espère que les magistrats auront écouté l’homélie du métropolite de Beyrouth, Mgr Élias Audeh, et qu’ils feront en sorte d’examiner avec la célérité requise les affaires qui ont porté sur des drames qui intéressent de près l’opinion publique », a-t-il répondu. À la question de savoir quelles mesures seront adoptées par l’Ordre des avocats de Beyrouth, le bâtonnier a indiqué que le conseil de l’Ordre est « en réunion permanente depuis le 5 septembre dernier et prendra les décisions qui s’imposeront au fur et à mesure ». « Tout est possible », selon lui. Selon Me Chédid, l’ordre « ne cessera pas d’élever la voix. D’ailleurs, depuis le 7 août 2001, nous n’avons jamais cessé de réclamer que justice soit faite, que la liberté soit préservée et que la démocratie soit respectée . Nous sommes des avocats libres, nous comptons agir, et à la base, nous sommes les défenseurs de la liberté ». « Nous sommes un Ordre démocratique et indépendant ; la loi constitue notre seule référence », a-t-il souligné. L’Ordre a-t-il déjà entrepris des contacts avec des personnalités politiques ou avec le Conseil supérieur de la magistrature ? « De par notre indépendance, nous n’avons besoin de contacter personne et nous prenons les décisions dictées par notre conscience et par la loi », répond-il. Interrogé par L’Orient-Le Jour, l’ancien bâtonnier, Chakib Cortbaoui, a pour sa part relevé que « le conseil de l’Ordre prendra des mesures concrètes mais il attend certaines réactions, notamment de la part de la magistrature ». Pour Me Cortbaoui, ce sont les juges qui devraient agir car « leur métier consiste à défendre les droits de l’homme et les libertés ». « Il faut pousser la magistrature à prendre des décisions qui font jurisprudence », a-t-il soutenu. « La liberté et la magistrature sont en danger dans ce pays », a noté encore l’ancien bâtonnier, poursuivant qu’il existe « un problème au sein de la magistrature, mais l’on ne peut pas changer les choses du jour au lendemain ». Et de souligner : « Nous essayons d’inciter les juges à régler le problème, car l’amélioration devrait se faire de l’intérieur même de la magistrature. » Il semble que le conseil de l’Ordre des avocats prendra diverses décisions demain mercredi. Hier, déjà, au Palais de justice, où les avocats présents parlaient de « dégoût » et de « colère », on évoquait plusieurs mesures à adopter. Parmi elles figurent la grève et le boycott de certains magistrats que l’ordre considère comme étant politisés. Patricia KHODER
L’Ordre des avocats de Beyrouth a appelé hier les juges « à exercer leur profession librement, car ils assument d’énormes responsabilités nationales et juridiques ». « La magistrature devrait être la garante de la liberté ; le magistrat devrait œuvrer à préserver les libertés publiques et non le contraire », relève dans son communiqué le conseil de l’Ordre des...