Libertés - L’opposition chrétienne se réserve le droit de prendre les mesures qui s’imposent « Le dialogue parrainé par Lahoud est inutile », affirme Kornet Chehwane

Les Assises de Kornet Chehwane partagent le point de vue du ministre de l’Information selon lequel la fermeture de la MTV est « une décision politique par excellence » et ont décidé de réagir sur cette base. Aussi, les membres de ce regroupement ont-il envisagé de recourir à l’escalade au cas où les autorités ne reviendraient pas sur leur décision de fermer la MTV, mais sans préciser les mesures qui seraient prises à cette fin. Ils ont invité les Libanais à « se tenir prêts pour défendre leurs libertés ». Dans le même temps, ils ont de nouveau pris leur distance par rapport à Baabda en soulignant que le dialogue politique lancé sous le parrainage du chef de l’État, le général Émile Lahoud, était désormais « inutile du moment que les autorités bafouent les libertés ». Les membres de Kornet Chehwane ont tenu hier une réunion extraordinaire au siège de l’évêché maronite d’Antélias pour évaluer la décision de fermer la MTV et pour discuter des atteintes aux libertés. Ils ont passé en revue les mesures qui peuvent être prises pour faire face à cette décision et se sont entendus pour n’exclure aucune démarche susceptible de donner des résultats positifs. Dans le communiqué qu’ils ont publié au terme de près de cinq heures de débat, les membres de Kornet Chehwane, qui ont vivement critiqué les atteintes aux libertés, ont estimé que « le dialogue parrainé par le chef de l’État est inutile du moment que les autorités bafouent les libertés et que la MTV a été fermée ». Ils ont décidé, au cas où les autorités ne reviendraient pas sur leur décision, de prendre les mesures qui s’imposent – sans préciser lesquelles – et « d’entreprendre les contacts nécessaires avec les parties concernées, notamment avec le patriarche maronite, pour les en informer ». Kornet Chehwane a aussi décidé de former une cellule de crise pour « coordonner avec toutes les parties concernées par la défense des libertés » et a invité les Libanais « à se tenir prêts pour défendre leurs libertés, à exprimer leur opposition à la décision illégale des autorités et à encourager leurs représentants au Parlement à exercer des pressions sur le pouvoir pour qu’il rouvre la MTV ». Pour ce rassemblement, la décision « arbitraire » de la justice « a ravivé les craintes des Libanais concernant le projet du pouvoir d’établir un système policier qui détruirait les bases de l’État civil démocratique ». Kornet Chehwane a dénoncé l’adoption de cette décision au moment où des menaces pèsent sur la région et où le règlement de la crise économique bute sur des obstacles. Il a estimé que le pouvoir « a dépassé toutes les lignes rouges », avant de déplorer le silence du gouvernement et du Parlement dans cette affaire et d’inviter les autorités à revenir sur leur décision de fermer la MTV. Sur un autre plan, Kornet Chehwane a fait remarquer que le branle-bas de combat constaté au niveau de la défense des libertés « montre que les Libanais s’entendent sur des points beaucoup plus nombreux que ceux qui les divisent », en rappelant le meeting de solidarité qui s’est tenu jeudi au syndicat de la presse ainsi que les allocutions qui ont été prononcées à cette occasion. « Les Assises de Kornet Chehwane considèrent que la fermeture de la MTV est une décision politique par excellence, comme l’a relevé le ministre de l’Information. Elle est aussi sélective pour reprendre les termes de M. Omar Karamé. Elle constitue également une atteinte aux libertés publiques, comme l’a signalé M. Sélim Hoss », selon le communiqué, qui rend hommage à M. Hussein Husseini et aux prises de position du barreau et des syndicats de la presse et des rédacteurs. Étaient présents à la réunion qui s’est tenue sous la présidence de Mgr Youssef Béchara – en l’absence de MM. Harès Chéhab, Chakib Cortbawi et Sélim Salhab – le président Amine Gemayel, les députés Nayla Moawad, Boutros Harb, Nassib Lahoud, Pierre Gemayel, Salah Honein, Antoine Ghanem, Mansour el-Bone, Farès Souhaid et Gabriel Murr ainsi que MM. Nadim Salem, Camille Ziadé, Dory Chamoun, Élias Abou Assi, Samir Frangié, Jean Aziz, Farid Habib, Eddy Abillama, Antoine Klimos, Simon Karam, Gebrane Tuéni, Élie Karamé, Michel Khoury, Khalil Karam, Samir Abdel Malak, Farid el-Khazen et Michel Moawad.