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Actualités - OPINION

Un voyage de communion (PHOTO)

Les voyages que les reliques de sainte Thérèse de Lisieux font de par le monde surprennent et déroutent. C’est, en fait, un pèlerinage à l’envers. Ce ne sont pas les fidèles qui viennent à Lisieux, c’est Lisieux qui vient aux fidèles. Sommes-nous en présence d’une géniale opération commerciale ? Recteur de la basilique de Lisieux, Mgr Bernard Lagoutte, arrivé hier au Liban accompagnant les reliques, s’explique : « Après la guerre de 1939-1945, les reliques ont un peu circulé en France. Des années plus tard, on a repris cette idée-là. Pour ma part, je ne crois pas que cette idée est née dans la tête d’un publiciste désireux de promouvoir une image comme une marque célèbre. Elle est née de l’Esprit-Saint parce que au fond, le voyage des reliques est lui-même une catéchèse. Les reliques ne voyagent pas par superstition ou pour conquérir de façon un peu magique des foules. Quand les reliques arrivent quelque part c’est, par la présence de ces reliques, une redécouverte de l’Évangile et de la présence de Jésus. » « Au fond, poursuit Mgr Lagoutte, c’est un voyage de communion. On redécouvre tous ensemble la foi qui animait Thérèse, la foi en Dieu incarné. Dieu aime tellement les hommes qu’il s’est fait l’un d’entre nous. Et Thérèse en est le témoin. Les reliques rendent présentes cette passion de Thérèse. » « Sa phrase, je veux passer mon ciel à faire du bien sur la terre, est une phrase géniale au plan théologique, enchaîne le recteur de la basilique de Lisieux. Parce que au fond, elle a passé un pacte avec Jésus. Il ne faut pas croire que sa vie au Carmel a été simple. Elle a connu l’épreuve de la foi pendant des mois entiers. Mais dans son affectivité de jeune fille de 22 ans, 23 ans, 24 ans, elle considère Jésus comme son époux. Elle se donne à lui, mais elle dit : “ Tu te tais, et plus tu te tais, plus je vais t’aimer. Mais quand je serai près de toi, tu seras obligé de tout m’accorder ”. Ce défi qui paraît un peu enfantin ne l’est pas du tout. C’est dans la logique même de la prière de l’Évangile. Celui qui demande sera exaucé. Thérèse a eu des demandes d’amoureuse, et aujourd’hui, l’amoureuse est près de son époux, et elle joue le même jeu pour nous, et ce jeu-là nous dépasse. J’en suis le témoin un peu émerveillé. Un tas d’actions un peu folles que nous entreprenons marchent. Pourquoi elles marchent, parce que c’est Thérèse qui en est le moteur, pas nous. Nous on a du mal à suivre, tellement elle va vite. » Les reliques qui se trouvent au Liban ont déjà visité une vingtaine de pays et, à chaque fois, les organisateurs du pèlerinage sont surpris par l’affluence des fidèles. En Irlande, 3 millions, au Mexique, 15 millions, aux Philippines, 10 millions, à Marseille, 50 000 en dix jours, rapporte Mgr Guy Gaucher, évêque auxiliaire de Lisieux, et l’un des grands spécialistes de la petite Thérèse. « Nous ne sommes pas capables de tirer des conclusions d’une chose pareille, dit-il dans un entretien télévisé. C’est vrai que Thérèse a dit : “Je veux annoncer l’Évangile dans le monde entier”, et on a l’impression qu’elle le fait maintenant. Mais ce n’est pas simplement promener les reliques. C’est enseigner. Enseigner l’amour de Dieu, l’amour des autres, le message évangélique. Ce qui est important, ce n’est pas Thérèse, c’est Jésus. Aimer Jésus et le faire aimer. Donc elle continue. » Toujours est-il que, dans le jeu ambigu de la foi et du spectacle, on ne sait qui exploite l’autre. La télévision exploite la foi et la nourrit. La foi exploite la télévision, mais peut, à tout moment, en être menacée. Il y a, dans le pèlerinage des reliques de Thérèse de Lisieux, deux événements. Du premier, la télévision se charge. L’autre événement, c’est le parcours que feront sainte Thérèse et l’Enfant-Jésus dans le cœur de chaque croyant. De ce dernier événement, l’Esprit-Saint se charge. F. N.
Les voyages que les reliques de sainte Thérèse de Lisieux font de par le monde surprennent et déroutent. C’est, en fait, un pèlerinage à l’envers. Ce ne sont pas les fidèles qui viennent à Lisieux, c’est Lisieux qui vient aux fidèles. Sommes-nous en présence d’une géniale opération commerciale ? Recteur de la basilique de Lisieux, Mgr Bernard Lagoutte, arrivé hier...