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Actualités - CHRONOLOGIE

Tournée présidentielle - D’Antélias à Baabdate, en passant par Dbayé, Aïntoura, Bteghrine et Dhour Choueir, accueil chaleureux pour le chef de l’État Au dernier tiers de son mandat, Lahoud entame une nouvelle ère, sous le signe du dialogue et du développement(PHOTOS)

Ce n’est pas par hasard si le chef de l’État a choisi le 1er septembre, date symbolique s’il en est – puisqu’il s’agit de l’anniversaire de la proclamation du Grand Liban – pour sa tournée au Metn. Officiellement, il s’agissait d’inaugurer trois projets de développement : un palais de la culture et des congrès, une infrastructure pour distribuer l’eau potable aux villages de la région et une autoroute pour relier Beyrouth à Zahlé, en passant par le Metn. Mais officieusement, les messages politiques étaient nombreux. Trois mois après la victoire de l’opposition à l’élection partielle, suite au décès du député Albert Moukheiber, le chef de l’État a voulu montrer qu’au dernier tiers de son mandat, il reste le recours ultime pour tout le monde et, en même temps, fidèle à ses alliés dans la région, puisqu’il s’est rapidement arrêté à trois stations politiques, à Antélias, chez les Kataëb, à Dhour Choueir, chez le PSNS, et à Bteghrine, chez Michel Murr, avant de terminer sa tournée à Baabdate, son village natal. Sans jamais oublier de mettre l’accent sur l’importance du dialogue et de la modération. Que de chemin parcouru depuis la victoire de l’opposition à l’élection partielle du Metn en juin dernier. À l’époque, et malgré les déclarations répétées des ténors de l’opposition pour éviter d’éclabousser le chef de l’État, l’atmosphère générale était plutôt morose dans le camp des loyalistes. Il a fallu un travail assidu et discret pour parvenir à modifier la donne et, hier, le Metn était en fête pour accueillir le président Émile Lahoud. Certes, dans cette région à la fois verdoyante et élégante, la population est loin d’être aussi mobilisable qu’au Akkar ou même au Ftouh Kesrouan, que le chef de l’État a déjà visités. Mais elle n’est pas moins enthousiaste et curieuse de voir ce fils de Baabdate qui tient aujourd’hui les rênes de la République. Une ambiance de gaieté bon enfant Tout au long du parcours présidentiel, qui a traversé aussi bien les localités côtières que le Moyen et le Haut-Metn, les gens étaient postés sur leurs balcons, ou même sur les bas côtés de la route, pour guetter le passage du convoi officiel. Si la circulation a été quelque peu perturbée, nul ne semblait s’en plaindre, au contraire, les femmes ayant préparé, dans plusieurs endroits, des paniers de pétales de roses à jeter sur le prestigieux visiteur. Banderoles, drapeaux et portraits, la Fédération des municipalités du Metn avait mis le paquet pour que l’accueil soit digne du président, mais le plus émouvant, c’était encore les jeunes filles rougissantes, toutes émues d’apercevoir le chef de l’État, les vieilles dames, qui, en dépit de leurs pieds gonflés, tenaient à rester debout pour l’applaudir, et les enfants qui cherchaient à se faufiler entre les agents de la sécurité, pour participer à la fête. Indépendamment de la politique, les gens applaudissaient spontanément, entraînés dans cette ambiance de gaieté bon enfant. Malgré la chaleur, le président n’a pas été avare de salutations, ni de sourires, laissant tout le monde l’approcher et se prêtant volontiers aux accolades. Ayant fixé le début de sa tournée à 14h30, pour profiter de la circulation fluide le dimanche à cette heure, le chef de l’État s’est d’abord arrêté à la permanence des Kataëb à Antélias, où un accueil grandiose lui a été réservé. Fanfare, ballons verts, rouges et blancs et drapeaux flottant au gré de la brise assez rare, la permanence était visible de loin, pour les passants. Dès 13 heures, les membres du bureau politique, le président du parti et ses trois adjoints ainsi que des partisans anonymes attendaient sur le trottoir. Du chef, Karim Pakradouni, à la plus jeune recrue, tous étaient émus, car, pour eux, c’est enfin la reconnaissance officielle de leur existence en tant que force politique avec laquelle il faut compter, au Metn et ailleurs. Première escale, chez les Kataëb à Antélias Au total, près de mille personnes étaient postées devant la permanence pour attendre le président. Et lorsque ce dernier est arrivé et est descendu de la Mercedes aux vitres fumées qui lui a servi pendant cette tournée, il a fallu toute l’autorité du service de sécurité pour empêcher les jeunes Kataëb de se précipiter vers lui. Après l’accolade au chef du parti, Lahoud a tenu à saluer tous les membres du bureau politique, avant d’écouter un discours de bienvenue et de recevoir une plaque commémorative en guise de cadeau. Le tout en un peu moins de dix minutes, avant de prendre le chemin de Dbayé pour l’inauguration officielle du Centre Émile Lahoud pour la culture et les congrès. La Marina, pourtant généralement très fréquentée, était, ce jour-là, encore plus noire de monde. En plus des traditionnels drapeaux et banderoles, il y avait aussi un tapis rouge pour le président, chaleureusement accueilli par la foule et par les officiels, à leur tête le ministre de l’Intérieur Élias Murr et la présidente de la Fédération des municipalités du Metn, Mme Myrna Murr Aboucharaf, qui supervise l’exécution du projet que sa fédération finance. Un espace d’ouverture et de culture Toute de rouge vêtue et souriante, Mme Murr était visiblement fière de « son » projet, le premier du genre au Liban. Pour elle, le cauchemar électoral est oublié, elle se consacre enfin à ce qu’elle aime, le développement, l’échange et la culture. Dans son discours, elle lance toutefois une pointe à ceux « qui entraînent les citoyens dans des slogans creux », insistant sur le fait qu’elle préfère travailler discrètement pour donner aux Metniotes un espace de retrouvailles et de créativité. Le projet doit en principe s’achever en décembre et, déjà, la présidente de la fédération cherche à meubler les locaux. Joseph Chélala, membre de la municipalité de Dbayé, a pris aussi la parole pour rendre hommage au président, et le convoi s’est ensuite élancé vers l’étape suivante. Dans chaque localité traversée, le même scénario s’est répété, avec des variantes couleur locale, des chevaux et des tableaux folkloriques à Bteghrine, des chants et des danses à Dhour Choueir, chaque localité voulant retenir, l’espace de quelques minutes, l’attention présidentielle. À Aïntoura, Majdel Tarchiche, la pause est un peu plus longue, puisqu’il s’agit de lancer un projet vital pour toute la région, qui doit assurer quelque six millions de mètres cubes d’eau à l’ensemble du Metn. À cette étape, les discours n’ont aucune connotation politique. Le directeur général du ministère des Ressources hydrauliques, Fady Komair, a ainsi expliqué que ce projet, qui coûte cent milliards de livres libanaises, est financé par la Caisse koweïtienne de développement et il permettra aux habitants du Metn de ne plus jamais avoir soif. Il s’inscrit dans le cadre de la politique de développement équilibré lancée par le chef de l’État. Retrouvailles quasi familiales à Baabdate Dernière étape du périple présidentiel, Baabdate était aussi la plus émouvante. La place du village était fermée, pour accueillir tous les habitants qui désiraient accueillir le président. Ici, la plupart des gens se connaissaient et se saluaient, tout en s’observant à la dérobée. On aurait dit une cérémonie intime, ou des retrouvailles familiales, axées sur le retour d’un fils que l’on n’avait pas vu depuis longtemps. Le président ayant pris un peu de retard, à cause des cérémonies prévues pour lui dans plusieurs villages, les habitants de Baabdate bavardaient tranquillement en l’attendant. On pouvait ainsi glaner des analyses et des pronostics au hasard des rangées de chaises. Certains estimaient que l’ancien vice-président du Conseil, Michel Murr, voulait, par le biais de cette tournée, marquer sa rentrée sur la scène politique, après sa quasi-retraite à la suite de l’élection partielle du Metn. D’autres, au contraire, estimaient que la volonté du président de conclure sa tournée à Baabdate était le signe que la page de cette élection était définitivement tournée. « Après la victoire de l’opposition à l’élection partielle, le camp loyaliste s’est appliqué à défaire la coalition adverse. En 2001, la délégation de Kornet Chehwane qui s’était rendue à Baabda avait traité le chef de l’État comme l’un des partenaires du dialogue. Un an plus tard, cette même délégation a considéré le président comme le parrain du dialogue et un recours incontournable. La situation est totalement différente et l’élection du Metn, qui aurait pu marquer le déclin de l’actuel mandat, est devenue au contraire le début d’une nouvelle ère, où la voix de la modération semble devoir l’emporter dans toutes les composantes de la société libanaise. » C’est ainsi qu’un proche du président a analysé la situation actuelle, alors qu’un autre prédisait que si le Conseil d’État décidait d’invalider l’élection partielle, l’ancien vice-président du Conseil Michel Murr ne demanderait pas à l’un des siens de se présenter de nouveau. Les « pointes » de Michel Murr C’est pourtant lui, en sa qualité de président du bloc des députés du Metn (qui regroupe, en plus de sa personne, les députés Émile Lahoud et Antoine Haddad), qui a prononcé le discours de bienvenue à Baabdate, sous les applaudissements des personnalités présentes, dont les ministres Négib Mikati, Jean-Louis Cardahi et Élias Murr, les députés Émile Lahoud et Antoine Haddad, le président du CSM, Nasri Lahoud, de nombreux magistrats et des personnalités d’horizons divers. Avec son franc-parler habituel, Michel Murr a dressé en quelque sorte le bilan de l’actuel mandat, tout en égratignant au passage, sans les nommer, ses adversaires politiques, qui, selon lui, ne s’adressent qu’aux instincts de la population, tout en ne cherchant qu’à la mener au suicide, alors qu’avec sa politique d’ouverture, de modération et de développement, le président de la République cherche au contraire à construire un État d’institutions, solide et viable. Murr a préconisé des mesures à prendre pour sortir le Liban de son marasme actuel, d’abord la réactivation de la commission pour l’abolition du confessionnalisme, prévue dans l’accord de Taëf, et ensuite le lancement d’un dialogue national pour aboutir à une loi électorale qui puisse assurer une meilleure représentativité. Cet appel a d’ailleurs été rapidement entendu par l’actuel ministre de l’Intérieur, Élias Murr, qui annoncera aujourd’hui le lancement d’un tel dialogue. Le ministre des Transports, Négib Mikati, a pris la parole à son tour pour annoncer la fin prochaine des travaux de construction d’une autoroute reliant Beyrouth à Zahlé via le Metn. Actualisant son discours, il a souhaité que, sous la houlette du chef de l’État, les voies du dialogue soient aussi praticables et rapides que le sera cette autoroute lorsqu’elle sera achevée dans les prochains mois. Sous les derniers rayons du soleil couchant, Baabdate a donc vibré avec son président, qui, en ce dimanche symbolique, a voulu donner l’image d’un chef d’État soucieux du bien-être de ses concitoyens, tout en restant fidèle à ce qu’il appelle « les principes nationaux ». Des signaux politiques qui ont sans doute été bien reçus, à Baabdate, au Metn et dans tout le Liban. Lahoud : Les travaux de développement se poursuivront Au terme de sa tournée dans le Metn, le président de la République, Émile Lahoud, s’est félicité de l’accueil qui lui a été réservé par les habitants de ce caza, dont il a souligné « l’attachement à leur État et à ses institutions ». Il a jugé normal que l’État se préoccupe d’y faire exécuter des projets de développement « dont cette région ressent la nécessité depuis longtemps ». Soulignant que le Metn était traité « au même titre que les autres régions du pays qui ont, elles aussi, été victimes de négligence et d’oubli et qui connaissent aujourd’hui la réalisation de projets vitaux ». Selon lui, tous ces projets illustrent la volonté de l’État de mettre en application le principe du « développement équilibré ». « Les moyens limités de l’État ne le dispensent pas d’assumer ses responsabilités à l’égard des citoyens, surtout lorsque ces moyens peuvent être utilisés à bon escient et que les opérations se déroulent de manière transparente et conformément à un plan bien étudié et définissant les priorités ». Le chef de l’État a ajouté que les projets inaugurés hier dans le Metn ne concernent pas que cette région. « Le bénéfice qui en sera tiré sera celui de toute la nation », a-t-il dit, soulignant, une nouvelle fois, que « le pays ne pourrait connaître la stabilité si une quelconque partie de son territoire demeurait déshéritée ». Les projets en chantier Les trois projets inaugurés hier par le président de la République, le général Émile Lahoud, sont : le palais des Congrès à Dbayé, l’adduction d’eau au Metn-Nord et l’autoroute rapide du Metn entre Nahr el-Mott et Bickfaya. Le palais des Congrès, situé sur la côte entre Dbayé et Antélias, comporte une salle de conférences pouvant contenir deux mille personnes, une série de bureaux destinés aux conférenciers, et plusieurs salles réservées à la presse et équipées en conséquence. L’union des municipalités du Metn qui en assure l’exécution pour un coût global de 20 milliards de livres libanaises, a décidé de lui donner le nom de Centre Émile Lahoud pour la culture et les conférences. Ce projet comporte également une salle des fêtes prévue pour cinq mille personnes, un auditorium et un pavillon consacré aux expositions. D’une superficie totale de 30 mille mètres carrés, le Centre Émile Lahoud sera bâti sur les propriétés revenant à l’État du fait du remblayage. Il sera entouré de 10 mille mètres carrés de jardins et sera terminé avant la fin de l’année en cours. Un crédit de 30 millions de dollars américains a été prévu pour le second projet : l’adduction d’eau au Metn-Nord dont la population s’élève actuellement à près de 400 mille habitants. L’eau, nécessaire à ce projet, sera assurée à partir de la source de Kattine et du barrage de Bekaata. Les fonds nécessaires proviennent de prêts accordés par le Fonds koweïtien et le Fonds saoudien. Troisième et dernier projet inauguré hier, l’autoroute rapide du Metn coûtera 100 milliards de livres libanaises et sera exécutée par le Conseil du le développement de la reconstruction (CDR). Cette autoroute reliera, dans un premier temps, Nahr el-Mott à Bickfaya, en passant par Biakout, Bsalim, Roumié, Nabay, Jouret el-Ballout, Mar Chaya, Atchané et Aïn Alak. Dans une seconde étape, elle s’étendra jusqu’à Bteghrine et Baskinta, avec des bretelles en direction de Beit, Méry, Broummana et Baabdate, et un raccord avec la Békaa à travers Sannine et Zahlé. L’union des municipalité du Metn a décidé de nommer cette autoroute « Boulevard du président Émile Lahoud ». Scarlett HADDAD
Ce n’est pas par hasard si le chef de l’État a choisi le 1er septembre, date symbolique s’il en est – puisqu’il s’agit de l’anniversaire de la proclamation du Grand Liban – pour sa tournée au Metn. Officiellement, il s’agissait d’inaugurer trois projets de développement : un palais de la culture et des congrès, une infrastructure pour distribuer l’eau potable...