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Actualités - CHRONOLOGIE

LIBERTÉS - Madi entendra aujourd’hui les représentants de la LBC et demain ceux de la MTV Une affaire politico-médiatique qui risque de se terminer en queue de poisson

C’est ce matin que le premier juge d’instruction de Beyrouth, Hatem Madi, entendra les représentants de la LBC, pour vérifier si le bulletin d’informations de la chaîne relatant l’odieux crime d’Ahmed Mansour visait réellement à susciter les dissensions confessionnelles. Et, demain, ce sera le tour de la MTV de faire l’objet d’une enquête judiciaire pour deux motifs différents : le premier concerne les clips diffusés pendant la campagne électorale de la partielle du Metn et le second porte sur l’émission « Plébiscite », qui aurait porté atteinte aux relations du Liban avec un pays frère. Qu’en des termes élégants ces choses-là sont dites ! Mais c’est justement le propre des procédures judiciaires au Liban : noyer dans des formules juridiques les conflits politiques entre gens du pouvoir et chercher à trouver des couvertures légales à des motivations qui ne le sont pas. À en croire les milieux du Palais de justice, la bataille des libertés médiatiques n’aura pas lieu, faute de motivation. Et ce qui a, pendant plus de dix jours, mobilisé les milieux politiques risque de se terminer dans les coulisses des tribunaux comme un simple fait divers. Un bref rappel des faits s’impose : juste après la féroce bataille du téléphone cellulaire, qui s’était achevée par un compromis favorable aux thèses du ministre des Télécommunications et du chef de l’État, le ministre de l’Information avait envoyé une note au parquet contre la LBC accusée, dans un de ses bulletins d’informations, d’aviver les tensions confessionnelles. Ce qui a été perçu, par les milieux proches de la présidence, comme une riposte des proches du président du Conseil à l’accord sur la téléphonie mobile. Vingt-quatre heures plus tard, la nouvelle d’une note envoyée par le directeur général de la Sûreté générale au parquet, au sujet d’une émission de la MTV accusée de porter atteinte aux relations entre le Liban et la Syrie, est divulguée. Le procureur général près la Cour de cassation, Adnane Addoum, a eu beau affirmer que les deux événements ne sont pas liés, et que la note de la Sûreté générale remonte à plusieurs semaines, mais qu’il a fallu du temps au parquet de Beyrouth pour regarder les films et les retranscrire, il n’a pas réellement réussi à convaincre. D’autant qu’au Liban, encore plus qu’ailleurs, il y a rarement des coïncidences. Tendance à l’apaisement Le ministre de l’Information a vivement protesté, précisant qu’il n’a pas été consulté au sujet des poursuites contre la MTV et le procureur Addoum lui a rappelé que la loi n’oblige nullement le parquet à consulter le ministre de tutelle pour agir lorsqu’il reçoit une note ou lorsqu’il estime qu’il est de son devoir de le faire. Tout cela par médias interposés. Et de nouveau, les camps se sont formés, se cristallisant, selon les clivages traditionnels, au cours de la séance parlementaire plénière, alors que le ministre de l’Information a préféré prendre ses distances, laissant la scène à d’autres vedettes. La classe politique ayant épuisé le sujet, les poursuites contre les deux chaînes ne sont plus qu’une procédure judiciaire banale entre les mains des magistrats. Aujourd’hui, le premier juge d’instruction de Beyrouth, Hatem Madi, entendra les représentants de la LBC et le responsable du bulletin d’informations, pour vérifier si la chaîne a réellement voulu attiser les dissensions confessionnelles en présentant le crime de l’Unesco comme l’agression d’une communauté contre une autre. Ensuite, il décidera soit de classer l’affaire, soit de poursuivre la procédure. Mais, selon des sources judiciaires, la tendance générale est de ne pas provoquer une nouvelle polémique au sujet des médias. Le juge cherchera donc à savoir si les journalistes de la chaîne se sont contentés de faire leur métier, sans arrière-pensée, en évitant simplement d’occulter un aspect du crime, ou s’ils ont dépassé leurs prérogatives. Dans ce dernier cas, la procédure suivra son cours et elle pourrait aboutir à une série de sanctions contre la chaîne et les auteurs du délit. Entre-temps, la cassette du bulletin a été visionnée à plusieurs reprises et les représentants de la LBC plaideront en faveur de leur bonne foi. Le parquet prend son temps Pour la MTV, la situation est quelque peu différente. La chaîne a deux affaires distinctes sur les bras : les clips pendant la campagne du Metn, accusés d’avoir violé les dispositions de la loi électorale, et ce dossier est déjà déféré devant le tribunal des imprimés, et les propos émis par les invités de l’émission « Plébiscite » animée par le Dr Ziad Noujaim. Selon le procureur Addoum, l’émission incriminée remonte à plus d’un mois et la Sûreté générale avait envoyé, à ce sujet, une note au parquet qui, surchargé de travail, a pris son temps pour visionner la cassette, avant de déférer le dossier devant le premier juge d’instruction de Beyrouth, qui entendra demain le Dr Noujaim. Si le juge estime que les propos échangés au cours de l’émission nuisent réellement aux relations libano-syriennes, la procédure suivra, là aussi, son cours et pourrait aboutir à la suspension de l’émission. Mais, au Palais de justice, nul ne croyait hier à une telle éventualité, ni pour la MTV ni pour la LBC. Les magistrats estiment qu’une fois de plus, les politiciens ont jeté leurs conflits sur la justice, qui devra réparer les pots cassés, en essayant de préserver une certaine légalité. L’objectif actuel est de ne pas provoquer une nouvelle levée de boucliers en faveur des médias et d’éviter ainsi une nouvelle crise politique. Il s’agirait donc d’un simple avertissement aux diverses parties, par médias interposés. Une justice indépendante n’est donc pas pour demain ? « Les poursuites sont peut-être politiques, mais qu’on nous évalue sur les jugements de nos tribunaux », proteste un magistrat. Verdict donc bientôt, lorsque les enquêtes seront terminées. Scarlett HADDAD
C’est ce matin que le premier juge d’instruction de Beyrouth, Hatem Madi, entendra les représentants de la LBC, pour vérifier si le bulletin d’informations de la chaîne relatant l’odieux crime d’Ahmed Mansour visait réellement à susciter les dissensions confessionnelles. Et, demain, ce sera le tour de la MTV de faire l’objet d’une enquête judiciaire pour deux motifs...