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Actualités - OPINION

Avec Bush, le dialogue de sourds serait inévitable Lahoud n’irait plus à New York

Selon un ministre influent, généralement bien informé et toujours fiable, le chef de l’État aurait renoncé à diriger la délégation libanaise au Palais de verre pour l’assemblée générale de l’Onu. Il devait y prononcer le mot du Liban et dévider, comme d’usage en pareille circonstance, un chapelet de rencontres diplomatiques articulées sur la situation au Proche-Orient. Et sur les positions, comme sur les demandes du Liban. Dont les vues se confondent, comme on sait, avec celles de la Syrie. Mis à part quelques questions plus spécifiquement libanaises, comme le rejet de l’implantation, ou les difficultés économiques du pays. Un tour de table intéressant, au double sens du mot, surtout que les contacts auraient sans nul doute englobé les Arabes, dont les riches pétroliers du Golfe. Alors pourquoi ne pas y aller ? Parce que, répond ce ministre, le voyage devait offrir pour principal aboutissement une rencontre avec le chef de la Maison-Blanche. Des préparatifs intensifiés ont été menés à cette fin, notamment par un homme d’entregent, le vice-président du Conseil Issam Farès. Protocolairement, tout semblait baigner dans l’huile. Il y aurait eu moyen d’arranger un rendez-vous substantiel, qui ne se produirait pas en simple courant d’air dans les couloirs du Waldorf Astoria, comme ce fut le cas jadis du temps de Clinton. À qui Hraoui avait dû demander une rallonge de temps qui lui avait été « magnanimement » accordée. Cette fois, il n’y aurait pas eu besoin de titiller la condescendance US. Le programme prévu était aussi large qu’avenant dans les formes. Mais c’est sur le fond que l’on aurait buté. Les échanges préliminaires auraient permis de constater qu’on se dirigeait tout droit vers un dialogue de sourds. En effet, le président Bush, naturellement obnubilé par le 11 septembre, ne veut toujours entendre parler que de « lutte contre le terrorisme ». Comme lui-même le comprend. C’est-à-dire, aux yeux du camp libano-syrien, de manière partiale et même tout à fait fausse. Puisque Washington continue à soutenir que le Hezbollah, à l’instar du Hamas, est un mouvement « terroriste» , et que sa dimension résistante lui échappe totalement. Bush n’aurait pas manqué d’exiger, dans le même esprit, un déploiement de l’armée sur la ligne bleue. Et une prise de contrôle libanaise des camps de réfugiés palestiniens. La même source ajoute qu’en outre, le tableau régional ne présente aucun signe de modification positive valant le déplacement négociatoire. La guerre larvée entre Israéliens et Palestiniens en est toujours au même point. Les États-Unis se rangent aux côtés de Sharon, sans en démordre. Et Christopher Ross, spécialiste du dossier régional s’il en fut, de passage récemment à Beyrouth, y a confirmé qu’il n’y a pas de déblocage en vue. En précisant que le directoire US se focalise pour le moment sur les législatives américaines et qu’il faut donc attendre pour qu’il se remue un peu de ce côté-ci de la planète. Ross a ajouté, à titre amical, que l’absence d’un lobby arabe véritable à Washington pour faire contrepoids à l’influence sioniste se répercute évidemment sur les orientations de l’Administration Bush. Il a conclu en répétant que la poursuite des affrontements armés israélo-palestiniens empêche actuellement la reprise de pourparlers sérieux. Dans ces conditions, et sans parler des menaces de Bush contre l’Irak qu’il aurait fallu condamner en sa propre présence, ce qui aurait été délicat, le président Lahoud ne voit pas l’utilité de rencontrer le chef de la Maison-Blanche. Selon la source ministérielle citée, il n’aurait pu s’agir en effet, et en définitive, que d’une entrevue purement protocolaire. D’autant que le chef de l’État libanais, a appris qu’il ne lui serait pas loisible de converser à tête reposée avec Bush, dans le ranch de ce dernier, mais qu’ils se seraient vus plus brièvement à New York ou à Washington. Le voyage, déjà reporté l’an dernier à cause du 11 septembre, le serait donc cette année-ci aussi. Un peu pour la même raison. Plus exactement, pour ses effets. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, le ministre cité affirme qu’à tout prendre, c’est beaucoup mieux comme cela. Car cela permet d’éviter une possible dégradation des relations bilatérales, vu que les échanges de vues auraient été contradictoires entre les deux hommes. Surtout à l’ombre du projet de loi américain hostile à la Syrie dont le Congrès doit connaître également en septembre. À un moment où les rapports, un moment tendus, semblent s’être stabilisés sur un mode neutre. Grâce en partie aux efforts d’apaisement du chef du gouvernement, qui, lui non plus, n’a pas envie de traverser les mers pour revenir les mains vides. Il y en a quand même un qui doit se frotter les mains, à Beyrouth. C’est Hammoud, le ministre des Affaires étrangères, promis et promu éventuellement numéro un libanais au tournoi de New York. Philippe ABI-AKL
Selon un ministre influent, généralement bien informé et toujours fiable, le chef de l’État aurait renoncé à diriger la délégation libanaise au Palais de verre pour l’assemblée générale de l’Onu. Il devait y prononcer le mot du Liban et dévider, comme d’usage en pareille circonstance, un chapelet de rencontres diplomatiques articulées sur la situation au...