Le chef des Kataëb avertit contre la montée du salafisme islamique Pakradouni : « Un changement de ton remarquable » de Kornet Chehwane

Le président des Kataëb, Karim Pakradouni, a estimé hier que les prises de position des Assises de Kornet Chehwane, à l’issue de leur séminaire tenu vendredi dernier, témoignaient d’un « changement de ton remarquable » et s’est félicité de l’annonce de la reprise du dialogue entre les Assises et le chef de l’État, Émile Lahoud. M. Pakradouni, qui s’exprimait lors d’une réunion du conseil central des Kataëb, a d’autre part mis en garde contre le développement au Liban du salafisme islamique. Il s’est par ailleurs félicité de la capacité de la nouvelle direction du parti à « imposer la légitimité kataëb » dans toutes les permanences du parti. « Les premiers cent jours de la nouvelle direction kataëb ont démontré que le parti était en mesure de prendre des décisions difficiles que d’autres n’ont pas eu le courage d’adopter, comme par exemple la radiation du président Amine Gemayel et l’ouverture de la section de Bickfaya », a déclaré M. Pakradouni. Celle-ci « était demeurée fermée durant une longue période, sous prétexte qu’on ne pouvait la rouvrir que quand Amine Gemayel reviendrait à la tête du parti ». M. Pakradouni a ajouté que sa direction a été « capable aussi d’imposer la légitimité kataëb dans toutes les permanences du parti sur l’ensemble du territoire, et en particulier les permanences situées dans le Metn ». « En mai dernier, nous avions célébré l’ouverture du régional de Rmeil, puis celui de Medawar, début août. Le 23 août, nous avons rendez-vous avec le régional de Baabda », a-t-il dit, soulignant que « le mouvement populaire est en marche ». « Nous sommes déterminés à imposer la légitimité du parti dans l’ensemble de nos centres afin d’empêcher que des mouvements sécessionnistes, qui n’ont plus aucun lien avec les Kataëb, ne soient en mesure de les exploiter », a-t-il insisté. Mission nationale Commentant les incidents du camp palestinien de Aïn el-Héloué, M. Pakradouni a mis en garde contre « les périls qu’entraînerait le développement du salafisme islamique (secte fondamentaliste) » et réclamé des responsables concernés à Aïn el-Héloué qu’ils livrent les membres du groupe islamiste de Denniyé aux autorités libanaises. Le chef des Kataëb a par ailleurs affirmé son soutien aux « opérations menées par l’armée libanaise dans la localité de Sfayré, dans le caza de Denniyé, et à ses efforts pour asseoir son autorité sur le plan sécuritaire dans cette région afin d’empêcher l’éclatement de troubles, de quelque nature qu’ils soient ». Toujours dans le domaine de la sécurité, M. Pakradouni a exhorté les autorités à « capturer les criminels qui ont assassiné (l’ancien ministre) Élie Hobeika, les quatre juges de Saïda et (l’ingénieur FL) Ramzi Irani et à prendre les sanctions les plus sévères à l’encontre de l’auteur du meurtre des trois membres des services de renseignements de l’armée », Abou Obeida. Il a en outre appelé le Conseil des ministres « qui s’apprête à adopter le projet de budget 2003 à prendre en considération la mission nationale confiée à l’armée, qui a conduit à la stabilité que connaissent les Libanais aujourd’hui, et à s’abstenir de toute réduction budgétaire susceptible de nuire aux capacités des forces armées ». Sur un autre plan, M. Pakradouni s’est félicité de « la récente entente » entre le chef de l’État, Émile Lahoud, et le Premier ministre, Rafic Hariri, et exprimé l’espoir qu’elle sera « durable ». Il a appelé par la même occasion à « un approfondissement de l’entente nationale entre les Libanais ». Au sujet du communiqué de Kornet Chehwane, le président des Kataëb a estimé que ce document marquait « un changement de ton remarquable dans le discours de ce rassemblement à l’égard du président de la République, de la Syrie et de Taëf » et a déclaré soutenir l’initiative de Kornet Chehwane de « rencontrer sans conditions » le chef de l’État. M. Pakradouni s’est particulièrement félicité du « refus (des Assises de Kornet Chehwane) de prendre appui sur les États-Unis contre la Syrie », tout en soulignant qu’il aurait fallu « une position plus claire au sujet du congrès de Los Angeles, et notamment du projet de loi en gestation au Congrès américain, connu sous le nom de Syria Accountability Act et que nous considérons comme honteux et nocif ». « Il aurait également été préférable que Kornet Chehwane tienne compte de nos appels l’invitant à ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures des Kataëb », a encore dit M. Pakradouni.