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Actualités - OPINION

Vie politique - Ni relaxe de Geagea ni retour de Aoun Pas de normalisation en vue entre l’Est et le pouvoir

Le constat, tiré par des professionnels, est simple : sous l’actuel régime, il ne faut espérer ni la relaxe de Samir Geagea ni le retour de Michel Aoun. Et cela, à cause de considérations politico-juridiques connues. Les raisons avancées le sont également. On invoque ainsi, en ce qui concerne Geagea, la nécessité morale autant que judiciaire d’obtenir le feu vert des parties civiles. C’est-à-dire des familles Frangié, Karamé et Chamoun. Sleiman Frangié et Dory Chamoun ont fait comprendre qu’ils sont disposés à pardonner, à tourner la page. Mais Omar Karamé n’a pas caché ses réticences. Pour l’amener à composition, il faudrait sans doute une intervention syrienne. Qui paraît peu probable, à cause du précédent de l’après-Taëf. En effet, à l’époque, Damas avait su obtenir de Karamé de dépasser son douloureux ressentiment de frère endeuillé par un assassinat, pour accepter la présence de Geagea au sein d’un gouvernement qui serait d’entente nationale. Mais le leader des FL avait lui-même rejeté l’offre. Se mettant à partir de ce moment hors de l’enceinte d’un Taëf cornaqué par les Syriens. Qui ont dès lors estimé logique de clouter Geagea sur le banc de touche. Et par la suite, comme on sait, il s’est retrouvé en prison. D’où il a d’autant moins de chances de sortir qu’il refuse de fléchir. Il continue en effet de réclamer le retrait syrien. Sans vouloir, comme certains, se contenter des arrangements fifty-fifty rendus possibles par Taëf, le docteur ne garde qu’une référence : la 520 de l’Onu, qui ordonne le départ de toutes les forces étrangères du Liban, afin qu’il recouvre vraiment sa souveraineté. Geagea, indiquent les conciliateurs, rejette toutes les suggestions de troquer ses convictions contre sa liberté. Ses positions se trouvent reflétées par l’un des cadres de sa formation, Sleiman Samaha. Qui, au cours du meeting organisé par les FL à l’occasion du 7 août, a été jusqu’à déclarer en substance qu’il faut attendre de voir se faire le procès de la Syrie, procédure suspendue selon ses dires par la présente stratégie américaine. Il a ajouté que les Nations unies doivent répondre aux appels réclamant l’application des décisions de la légalité internationale. Pour conclure, après avoir parlé de « Taëf syrianisé », qu’il est nécessaire « de se fixer des objectifs transitoires, ponctuels, pratiques, dans l’esprit de notre rejet d’un fait accompli que nous devons tenter de modifier ». Ces propos durs permettent aux mêmes sources professionnelles de répéter qu’il n’y a aucune chance que Geagea soit libéré. Car, avec le poids des FL sur le terrain, il y aurait alors un risque de déstabilisation du pays, par la promotion des extrémismes de tous bords, selon les loyalistes. Quant à Michel Aoun, deux raisons également s’opposent à son retour. Il y a d’abord le contentieux financier avec l’État, qui n’a toujours pas été tranché en justice. Il y a ensuite, et surtout, le fait que l’ancien président du Conseil n’est lui-même pas intéressé par un retour qui ne lui permettrait pas d’avoir politiquement les coudées franches. Il juge en effet que, dans les conditions actuelles du pays, sa marge d’action serait ligotée. Car, bien évidemment, sa politique ne peut plaire ni au pouvoir local en place ni à la Syrie. Il se heurterait à des vexations, à des entraves, à l’instar d’Amine Gemayel. Qui, ces derniers temps, bute sur plusieurs embûches, manifestement parce que son discours politique n’agrée pas aux décideurs. Plus encore, Aoun, ajoutent ses proches, peut craindre pour sa sécurité, pour sa vie même, sil prenait le risque de retourner maintenant. Surtout s’il devait tenter de s’exprimer dans des meetings populaires. Car son verbe enflammé, soutiennent les loyalistes, peut provoquer des secousses déstabilisatrices, en divisant dangereusement le pays. Donc, pour ce qui est de Aoun, ni lui ni les autorités établies ne songent à son retour. Tant que sa ligne restera aussi souverainiste et aussi anti-Taëf. Émile KHOURY
Le constat, tiré par des professionnels, est simple : sous l’actuel régime, il ne faut espérer ni la relaxe de Samir Geagea ni le retour de Michel Aoun. Et cela, à cause de considérations politico-juridiques connues. Les raisons avancées le sont également. On invoque ainsi, en ce qui concerne Geagea, la nécessité morale autant que judiciaire d’obtenir le feu vert des...