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Actualités - OPINION

Pour les loyalistes, l’union nationale est une question d’esprit plutôt que de gouvernement

Se contenter d’un ersatz, à défaut de l’original. C’est ce que recommandent certains loyalistes. Pour qui une évidence saute aux yeux : il n’est pas possible d’installer un cabinet d’union nationale. Il faut donc se rabattre, en lieu et place, sur une ligne politique qui consacre une entente générale. Ce qui se répercuterait automatiquement, du reste, sur l’action du gouvernement, qu’il soit ordinaire ou de géants. Pour ces professionnels, l’essentiel est qu’il faut parvenir à s’entendre sur l’entente. C’est-à-dire à s’accorder sur un certain nombre de principes premiers, mais aussi de dénominateurs communs d’ordre tout à fait pratique. Sans un tel consensus, ajoutent-ils, il ne servirait strictement à rien de former un gouvernement dit d’union uniquement parce qu’on en aurait puisé les éléments aux quatre coins de l’horizon politique local. À la première occasion, les ministres, qui ne seraient pas liés par un pacte préétabli, s’entre-déchireraient. Et de répéter qu’un programme préalable, cohérent, est indispensable. Surtout dans le redoutable climat régional actuel, ou futur. À ce propos précis, ces sources notent la primauté de la lutte que se livrent extrémistes et modérés de tous crins, à l’intérieur même de chaque ensemble concerné. C’est le cas, relèvent-ils, aussi bien pour l’Occident, l’Administration US, le directoire israélien, le camp arabe, la partie palestinienne, où faucons et colombes s’affrontent tout le temps. Notoirement, publiquement, ouvertement, les cadres américains affichent des positions contraires quant au projet d’attaquer l’Irak. Même les va-t-en guerre ne sont pas d’accord entre eux sur le volume de l’opération, ni sur les méthodes à suivre pour renverser Saddam Hussein. Les uns imaginent une invincible armada de plusieurs centaines de milliers d’hommes qui passerait la Mésopotamie à la moulinette. Les autres souhaitent une intervention directe minimale, le gros du travail étant confié à des sécessionnistes de l’intérieur, soutenus par l’opposition extérieure. Les Européens, de leur côté, ne sont pas sur la même longueur d’onde. La plupart refusent de faire campagne aux côtés de l’Oncle Sam, d’autres lui proposent un timide soutien. Par un effet du temps qui passe, le thème de la lutte unie contre le terrorisme n’emporte plus d’adhésion immédiate, inconditionnelle, comme au lendemain du 11 septembre. Du côté israélien, ce sont les durs qui tiennent le haut du pavé, pour le moment. Ils semblent vouloir foncer vers la guerre, mais les modérés ou les pacifistes freinent des quatre fers. Le radicalisme de l’équipe Sharon suscite, en vertu du principe des vases communicants, une montée en puissance parallèle du radicalisme palestinien. Cela fait ainsi des mois et des mois que les mouvements islamistes activistes passent outre aux directives de retenue de l’Autorité arafatiste et poursuivent leurs opérations sur le terrain. Pour riposter à la vague israélienne de répression et de terreur. Revenant au Liban, ces sources soulignent que l’on entend haut et fort les radicaux sur la question de la présence militaire syrienne. D’un côté, les souverainistes insistent sur le retrait. De l’autre côté, les fraternisants voient dans les troupes syriennes un gage nécessaire de la stabilité sécuritaire ou politique intérieure. Le patriarche Sfeir rappelle, à tout ce monde, que l’union fait la force, en invitant expressément les Libanais à ne se diviser sur rien. Le fait est que lorsqu’ils font ensemble, ils réalisent de grands objectifs, comme l’indépendance en 1943 ou la libération du Sud en 2000. Tandis que leurs divisions les ont menés au malheur de la guerre domestique. Mais comment peuvent-ils se rejoindre sur une ligne de défense commune ? D’abord, répondent ces personnalités, en éradiquant l’extrémisme, pour permettre un dialogue de rapprochement. Et laisser de côté les sujets qui fâchent, au profit des thèmes qui unissent. Ce qui devrait produire la ligne politique d’entente raisonnable, modérée, précitée. Émile KHOURY
Se contenter d’un ersatz, à défaut de l’original. C’est ce que recommandent certains loyalistes. Pour qui une évidence saute aux yeux : il n’est pas possible d’installer un cabinet d’union nationale. Il faut donc se rabattre, en lieu et place, sur une ligne politique qui consacre une entente générale. Ce qui se répercuterait automatiquement, du reste, sur l’action...