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Actualités - CHRONOLOGIE

FESTIVAL DE BEITEDDINE - Feyrouz en clôture Le phare au milieu de la tempête(PHOTOS)

Feyrouz sans Ziad. Comme à l’Olympia, comme à Las Vegas. L’« icône » libanaise est montée seule sur la scène du Festival de Beiteddine, pour la troisième année consécutive et avec un succès ininterrompu. Le « fils de Foulane et Foulane » s’est désisté trois semaines avant les dates fixées, sans raisons précises. Mais les caprices des Rahbani sont toujours pardonnés par leurs adorateurs et c’est en masse que ceux-ci se sont rendus au palais de l’émir Béchir, quelques heures avant le début du concert. Répertoire nostalgique Avec 30 minutes de retard, la déesse est entrée en lumière, dans une extraordinaire robe couleur chair rehaussée de brillants signée Élie Saab. À chaque apparition (pas plus de 15 minutes), elle a interprété des classiques d’un répertoire volontairement qualifié de « nostalgique », admirablement arrangé par son fils. Observer Feyrouz sur scène, après toutes ces années, ne suffit plus au spectacle : c’est vers la foule qu’il faut aussi se tourner pour avoir un panorama complet, pour saisir les regards d’amour éperdu, les sourires de bonheur rassasié, les souffles courts, les yeux humides – certaines personnes, pendant la première partie du spectacle où être assis est de rigueur, ont été vues à genoux dans les escaliers latéraux, en attendant de pouvoir s’approcher de la scène. Et comme chaque année depuis trois ans, le comité organisateur a réussi avec succès à éviter les débordements d’enthousiasme en ouvrant les portes du palais à tous ceux qui se précipitent sans billet à l’intérieur de l’enceinte au milieu de la seconde partie du programme, ne supportant plus de ne pas être au plus près de l’objet de leur émoi. Un rituel parfaitement orchestré La dernière phase du concert, le pic de tension géré avec maestria par le clan Rahbani, est invariablement le même : les spectateurs quittent leurs sièges et descendent en procession rapide vers l’avant-scène ; quand la dernière chanson du programme s’annonce (de préférence « Bikoulou sighayar baladi »), les fleurs blanches sont arrachées et jetées vers et sur Feyrouz qui, comme à son habitude, reçoit ces hommages parfaitement immobile, les bras le long du corps et la tête légèrement inclinée de côté. Sa sortie de scène, la première, est vécue comme une déchirure qui ne se calme qu’à son retour. Comme une lame de fond, l’enthousiasme, totalement débridé, accueille la reprise de « Bikoulou sighayar baladi » et toutes les autres qui suivent, dont « Aaychat wahda balak », que Feyrouz, chose très rare, a interprété, et qui a été un judicieux clin d’œil à l’absent, Ziad Rahbani, régulièrement réclamé par ses aficionados. Là aussi, le rituel s’est imposé : Feyrouz chante, l’orchestre (admirable en tous points, tant du côté oriental qu’occidental, et dirigé avec bonheur par le chef attitré de la chanteuse, Karen Durgaryan) joue, dominé par une derbaké puissante, 6 000 fans applaudissent, brandissent des pancartes, des affiches et l’« icône », elle aussi entraînée dans ce tourbillon, imperceptiblement, bat la mesure. C’est ça, l’« effet Feyrouz » : alors que les indicateurs de tension interconfessionnelle, de tiraillements sociaux et de marasme économique nationaux sont dans le rouge, la chanteuse, à la voix certes affaiblie mais encore capable de prendre à l’estomac, reste et restera toujours le phare éclairé au milieu de la tempête. Aucune inimitié, aucune tension ne lui résistent. Feyrouz, c’est la statue de la Liberté libanaise : devant elle, respect et admiration monochromes, pour toujours. Diala GEMAYEL
Feyrouz sans Ziad. Comme à l’Olympia, comme à Las Vegas. L’« icône » libanaise est montée seule sur la scène du Festival de Beiteddine, pour la troisième année consécutive et avec un succès ininterrompu. Le « fils de Foulane et Foulane » s’est désisté trois semaines avant les dates fixées, sans raisons précises. Mais les caprices des Rahbani sont toujours...