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Actualités - CHRONOLOGIE

FESTIVAL DE BAALBECK - L’Orchestre symphonique national libanais au temple de Jupiter Entre vivacité et amour de la liberté(photo)

Franc succès pour l’Orchestre symphonique national libanais, placé sous la direction de Walid Gholmieh, pour sa première prestation au temple de Jupiter. Au menu, des œuvres variées et riches de Mozart, Sibelius, Rossini, Ravel, Beethoven, Brahms, Bizet et Tchaïkovsky. Joli bouquet fleurant bon la grâce, la vivacité, les émotions à découvert et un certain nationalisme vibrant, évoquant surtout les notions d’attachement à la terre et de respect de la liberté. Les premières mesures appartiennent à l’ouverture des Noces de Figaro, un des opéras les plus populaires de Mozart. Ouverture extrêmement célèbre, marquée par la sensibilité et la délicatesse d’une structure musicale parfaite. Excellent prélude à un jour de noces bourdonnant d’une activité fébrile que ce court mouvement « presto », à l’agilité aérienne et dont seul le génie de Salzbourg détenait le secret. Et l’on enchaîne avec un monde sonore plus lyrique et mélancolique, celui de Jean Sibelius. Finlandia, poème pour orchestre écrit en 1899 et qui se développe sur un thème inspiré du lied L’Attente de Schumann ; il chante les luttes que le peuple finlandais a soutenues durant toute son histoire pour défendre sa liberté. Il s’agit bien entendu d’un généreux hommage à la gloire d’une patrie. Images somptueuses avec la présence des cuivres sur fond de roulement de tambour pour dire l’extraordinaire solitude de ces fjords fendant les brumes... Plus enjouée, espiègle et légère est cette mélodie, ruban soyeux et insaisissable, de Rossini : La pie voleuse. Pie sautillante menant avec totale insouciance et désinvolture les notes d’une partition à la narration suave, fluide et charmante. Pour clôturer la première partie de ce programme un peu composite, entre intermittences du cœur et amour de la terre, voilà le flamboyant Boléro de Ravel pour qui le compositeur affirmait, paradoxalement, n’avoir recherché « aucune intention pittoresque ». Pendant près d’une quinzaine de minutes, Ravel reprend dix-neuf fois un même thème obsédant en le colorant à chaque reprise par des thèmes nouveaux. D’abord exposé par deux flûtes accompagnées des pulsations de la caisse claire, il entre dans le jeu des sonorités instrumentales et progresse par un long et lent crescendo jusqu’au tutti final qu’éclaire soudain une superbe modulation sur un accord tonique suivie d’une conclusion absolument éclatante en tonalités aussi majeures. Après l’entracte, place à l’ouverture de Coriolan de Beethoven. Œuvre dramatique et majestueuse, célébrant la compassion d’un général romain au Ve siècle avant Jésus-Christ qui, pour se venger de l’ingratitude du Sénat et de son exil dans le sud du Latium, voulut saccager Rome. Mais il céda aux larmes de sa femme et de sa mère. Le ressentiment du général est perceptible, dans cette narration à la colère contenue, en traits brefs entrecoupés de silences ; un decrescendo conduit insensiblement à un thème apaisant, évoquant ainsi les supplications d’une femme affectueuse réusissant à calmer les fulminations de son conjoint. Plus gaies et dynamiques sont les Danses hongroises (n°5 et 6) de Brahms, où ce musicien originaire des bords de l’Elbe et émigré jusqu’au Danube donne la pleine mesure d’un talent à l’énergie décapante. Oscillant entre esprit de folkore slave et écriture rigoureuse empreinte d’une poésie vive, ces œuvres s’inscrivent dans le répertoire des partitions les plus connues et les plus jouées au monde. Mais viennent en catimini ces accords, ces mélodies ensoleillées et passionnées, encore plus connues et plus jouées que les pages de Brahms... On parle bien entendu de la Carmen de Bizet qui a étalé ses fureurs et son amour de l’amour et de la liberté en toute irrésistible séduction. Préludes évoquant les attentes et les déceptions d’un destin marqué par la mort... Brillante, fine, colorée est cette partition entrée au cœur de tous, aux reflets changeants et émouvants. Et pour conclure, une œuvre au symbolisme national évident, l’Ouverture solennelle 1812 de Piotr Illych Tchaïkovsky. Œuvre véhémente faisant vivre, en termes sonores grandiloquents, l’ombre et la défaite de Napoléon en Russie. Un emprunt à la Marseillaise fait allusion à la Révolution française, tandis que l’hymne national tsariste triomphe sur fond de tintements de cloches d’églises en bulbes dorées... Et ici, ce sont les canons de l’armée libanaise qui se sont mêlés, en apothéose, aux déferlements des violons, des cuivres et des bois, tandis que le ciel de Baalbeck s’illuminait d’un immense feu d’artifice. Applaudissements d’un public heureux (même si ses débordements se sont manifestés en applaudissements trops zélés, inopportuns et déplacés) et fier de saluer, en « standing ovation », la première prestation, absolument réussie, dans le cadre d’un festival international, de notre orchestre national au meilleur de sa forme malgré un vent et une humidité perfides. Edgar DAVIDIAN
Franc succès pour l’Orchestre symphonique national libanais, placé sous la direction de Walid Gholmieh, pour sa première prestation au temple de Jupiter. Au menu, des œuvres variées et riches de Mozart, Sibelius, Rossini, Ravel, Beethoven, Brahms, Bizet et Tchaïkovsky. Joli bouquet fleurant bon la grâce, la vivacité, les émotions à découvert et un certain nationalisme...