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Actualités - OPINION

Souffrances utiles

Des grandes douleurs, on peut faire soit de grandes tragédies, soit de grands pardons. Les huit morts de la mutuelle des enseignants nous conduiront soit un peu plus profondément vers l’unité, soit un peu plus en direction du gouffre où, étrangers les uns aux autres, nous grandirons dans la froideur et le dédain, deux sociétés évoluant l’une à côté de l’autre, mais ne partageant pas les mêmes joies ni les mêmes peines, et ne se côtoyant au travail ou dans des moments de loisirs, que forcées. Que pour mieux médire de l’autre chaque fois que l’on sera « entre soi ». Une fois de plus, c’est du Liban divisé qu’il s’agit. Dans cette tragédie, chacun projette ses fantasmes, qu’ils soient sociaux, politiques ou confessionnels. Pour certains, le principal responsable du drame, c’est une politique qui nous a appauvris et qui a fait de la majorité des Libanais des obsédés de la fin du mois. Pour d’autres, c’est l’islamisme, maladie infantile de l’islam. Certains blâmeront la morgue des chrétiens se vantant de leur supériorité, d’autres la tutelle syrienne qui a consacré au Liban la présence d’un vainqueur et d’un vaincu. Une fois de plus, un incident vient révéler la complexité du tissu social, et sa délicate nature. Comment réagir contre ce moment de douleur et de défaite ? D’abord, en luttant contre notre découragement, contre le désir de vengeance, contre la tentation de briser ce dernier fil qui nous lie à ce pays « ingouvernable et inutile ». Demandons justice, mais sachons laquelle demander. Ne demandons pas la mort, ce serait à peine mieux que le talion. Décloisonnons nos souffrances, que la famille du meurtrier rende visite à celles de ses victimes. Pourquoi ne pas faire des condoléances des moments de réconciliation ? Fady NOUN
Des grandes douleurs, on peut faire soit de grandes tragédies, soit de grands pardons. Les huit morts de la mutuelle des enseignants nous conduiront soit un peu plus profondément vers l’unité, soit un peu plus en direction du gouffre où, étrangers les uns aux autres, nous grandirons dans la froideur et le dédain, deux sociétés évoluant l’une à côté de l’autre, mais ne...