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Actualités - CHRONOLOGIE

L’État invité à s’attaquer aux causes du massacre

L’atroce tuerie de la mutuelle des enseignants, qui a coûté la vie à huit personnes mercredi à Mazraa, a continué hier à susciter de nombreuses condamnations dans les milieux politiques et religieux. Tout le monde est d’accord pour stigmatiser ce crime dans les termes les plus sévères, mais alors que certains reprochent à l’État sa langue de bois et souhaitent l’amener à s’interroger sur les causes du massacre, d’autres mettent en garde contre toute « exploitation confessionnelle » de l’affaire, dont a été saisie jeudi la Cour de justice. Le patriarche grec-catholique, Mgr Grégoire III Laham, a longuement dit hier sa « peine » à la suite de l’horrible crime. Pour lui, « cet événement, comme tous ceux qui l’ont précédé, en particulier le meurtre des juges innocents à Saïda (en 1999), ont de nombreuses répercussions néfastes sur le Liban, sur sa prospérité, sa sécurité, sa stabilité, sur le mouvement d’émigration, l’état d’esprit des jeunes et les relations fraternelles entre communautés et partis politiques ». « Nous demandons aux responsables de faire ce qui est nécessaire pour rétablir le droit, dissuader les criminels, retirer les armes individuelles et assurer la sécurité et la stabilité de tous les citoyens », a ajouté Mgr Laham. Évoquant, lui aussi, la présence massive d’armes aux mains de certaines catégories de la population, l’uléma chiite Mohammed Hussein Fadlallah a estimé que les autorités « ne sauraient éviter d’examiner la question de la possession d’armes par de nombreux citoyens ». Le dignitaire chiite n’en a pas moins mis en garde contre la tentation de « susciter des dissensions confessionnelles en cherchant à expliquer les causes de tels crimes qui, en réalité, n’ont rien à voir avec le confessionnalisme ni de près ni de loin ». Le ministre des Travaux publics, Négib Mikati, a abondé dans le même sens. « Nous devons interdire à quiconque d’exploiter cet événement pour susciter des troubles et des rivalités confessionnelles, que nous rejetons et dans la forme et dans le fond », a-t-il déclaré. « Personne au Liban n’accepte ce qui s’est passé, personne n’est en faveur du langage de la violence et du meurtre et personne ne se considère à l’abri de la folie des ignorants et des extrémistes », a-t-il dit. Le ministre de l’Agriculture, Ali Abdallah, a estimé, pour sa part, que ce crime « a touché tous les Libanais, à quelque fraction qu’ils appartiennent ». « Mais, malheureusement, au lieu de nous solidariser avec les proches des victimes, certains tentent d’exploiter la douleur des gens pour faire passer des projets à caractère confessionnel », a-t-il accusé. À l’autre bout de l’échiquier, le PNL a estimé que « le climat prévalant depuis une décennie encourage de tels crimes, après la consécration du principe de l’existence d’un vainqueur et d’un vaincu qui a permis à certains de croire qu’ils bénéficient d’une immunité assurée par le pouvoir et, partant, d’imposer leur volonté à d’autres, ou même de les liquider physiquement ». Se félicitant de la saisine de la Cour de justice, le PNL souligne qu’il « est à présent du devoir des enquêteurs de faire la lumière sur tous les dessous de ce crime, afin justement de démontrer l’absence de mobiles confessionnels chez le tueur ». L’ancien député du Kesrouan et membre des Assises de Kornet Chehwane, Camille Ziadé, a, quant à lui, affirmé « partager les craintes des citoyens et leurs interrogations face à la multiplication des crimes impunis ». Pour M. Ziadé, la tuerie de l’Unesco a « clairement montré la fragilité de la paix civile, la perte du prestige de l’État et de la loi, l’absence de confiance » des gens dans les institutions et « l’existence d’un grand déséquilibre dû au climat confessionnel qui n’a pas encore fait l’objet d’un traitement ». Accusant le pouvoir d’avoir « conduit le pays à cette situation dramatique » en « refusant de prêter l’oreille aux soucis des gens » et en « rejetant les solutions équilibrées susceptibles de soutenir l’unité nationale », l’ex-député a invité l’État à s’abstenir d’user de « propos lénifiants » et à « s’attaquer rapidement, courageusement et clairement au traitement de cette profonde blessure dont souffre la société libanaise ».
L’atroce tuerie de la mutuelle des enseignants, qui a coûté la vie à huit personnes mercredi à Mazraa, a continué hier à susciter de nombreuses condamnations dans les milieux politiques et religieux. Tout le monde est d’accord pour stigmatiser ce crime dans les termes les plus sévères, mais alors que certains reprochent à l’État sa langue de bois et souhaitent...