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Actualités - OPINION

Moderato cantabile, conseille un dignitaire religieux aux chantres antagonistes de l’Est

Les regroupements contradictoires, parfois au sein d’une même communauté voire d’une même tendance, sont une sécrétion naturelle de la vie publique. L’histoire contemporaine, au Liban comme ailleurs, en est truffée. Il entre donc dans l’ordre des choses, et de la théorie darwinienne de l’évolution des espèces, qu’un bloc se dresse à l’Est contre la Rencontre de Kornet Chehwane. Mais il ne faut pas, avertit un prélat, que la confrontation des idées engendre de l’animosité. Et nul ne doit s’autoriser à traiter l’autre de traître ou de fanatique, comme cela commence malheureusement à s’entendre dans les salons. Tout choix, quand il n’est pas stipendié, reste en soi respectable. Et les noms d’oiseaux ne doivent s’échanger que dans les zoos, pas sur la scène politique. Après cette leçon de savoir-vivre, la personnalité religieuse remarque qu’en tout cas, chacun donne à des termes-clés comme l’extrémisme ou le modérantisme un sens déterminé. On peut entendre ainsi qualifier de radicales les forces qui réclament la souveraineté. Alors qu’en principe tous les Libanais y aspirent. La différence se situant au niveau des méthodes, et des étapes, à suivre pour atteindre ce but national. Quoi qu’il en soit, le front concurrent de la Rencontre en est toujours au stade de la gestation. Les intéressés se partagent entre deux propositions de base : – La première vise à l’émergence d’un club réservé aux professionnels. C’est-à-dire groupant uniquement des ministres et des députés maronites qui se démarquent de la Rencontre. Et qui auraient à cœur de prouver que cette constellation opposante ne parle pas au nom de tous les maronites. – La deuxième option porte sur la formation d’un bloc élargi à toutes les communautés chrétiennes. Dans un esprit de dialogue plutôt que de confrontation, avec la Rencontre. En vue d’une éventuelle fusion ultérieure, pouvant elle-même déboucher sur un grand rassemblement national incluant les forces modérées de l’Ouest. Ces orientations seront débattues lors de la prochaine réunion préparatoire que les pôles concernés doivent tenir. Étant du reste entendu qu’il est fort possible qu’en définitive ils se contentent de concertations cycliques, ou ponctuelles, sans former vraiment de groupe structuré. Car beaucoup de parlementaires qui ont participé aux premiers contacts partent du principe qu’on ne doit pas faire croire à l’opinion qu’un bloc est créé à seule fin de combattre la Rencontre de Kornet Chehwane. Ils ne veulent pas d’un bras de fer avec cette émanation de Bkerké. Mais d’un dialogue positif, pour déboucher sur des dénominateurs communs. Et pour gommer, en fin de compte, l’image confessionnaliste que certains attribuent à l’Est ainsi qu’à la Rencontre de Kornet Chehwane elle-même. Reprenant la parole, le dignitaire religieux cité plus haut étale calmement les cartes sur la table. C’est bien, souligne-t-il, la question des rapports avec la Syrie qui constitue le nœud du problème et oppose la Rencontre à d’autres courants de l’Est. Pour Kornet Chehwane, on le sait, les relations bilatérales doivent être rectifiées. Ce qui implique, bien évidemment, un retrait militaire syrien. Une telle présence peut, certes, se justifier sur le plan stratégique, dans la présente conjoncture régionale. Mais il faut qu’à tout le moins l’on établisse des délais de principe, sinon un calendrier-programme en bonne et due forme. Dans le même esprit, la Rencontre estime que le Liban doit recouvrer sa pleine souveraineté, son indépendance politique totale, assumer la garde et la sécurité de son territoire par ses forces propres, pour être utile à une Syrie qui n’aurait plus à se soucier d’en régler les problèmes. Bien évidemment, en face on répond que la question de la présence syrienne doit être considérée comme tabou. Car le danger régional est si pressant qu’il est tout à fait inopportun d’évoquer un retrait, même à titre purement théorique. La personnalité religieuse citée se demande s’il serait possible de régler ce différend intérieur qui, à son tour, se répercute négativement sur les relations avec la Syrie, et en entrave l’assainissement. À son avis (autorisé), pour peu que les différentes parties libanaises soient de bonne foi et restent également soucieuses de l’intérêt national bien compris, il ne leur serait pas difficile de parvenir à un accord. Surtout si la Syrie, qui semble elle-même désireuse d’une évolution positive, y met vraiment du sien. L’on a pu de la sorte entre le président Assad affirmer devant des visiteurs que les Libanais doivent œuvrer en premier dans l’intérêt de leur propre pays, non de la Syrie. Car, a-t-il précisé, celui qui ne peut pas défendre son foyer, avant tout, n’est pas en mesure d’aider son voisin ou son frère. C’est ce conseil même que le prélat retient en écho. Et en conclusion. Émile KHOURY
Les regroupements contradictoires, parfois au sein d’une même communauté voire d’une même tendance, sont une sécrétion naturelle de la vie publique. L’histoire contemporaine, au Liban comme ailleurs, en est truffée. Il entre donc dans l’ordre des choses, et de la théorie darwinienne de l’évolution des espèces, qu’un bloc se dresse à l’Est contre la Rencontre de...