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Actualités - REPORTAGE

VILLÉGIATURE - Osta Abou Rjeïly, des idées plein la tête pour son village À Bhamdoun, tourisme arabe et familial (photos)

Il est 22 heures. Bhamdoun se réveille. La journée des habitants vient de commencer. Elle ne se terminera qu’aux premières heures de l’aube. Les commerçants se sont pliés aux quatre volontés des clients saisonniers. Ils ont prix l’habitude d’ouvrir leurs boutiques tard dans la matinée pour ne les fermer que tard dans la nuit. Désormais le shopping se fait en soirée, cafés et restaurants affichent complet pour le dîner. À partir de minuit, les automobilistes doivent compter une bonne demi-heure pour traverser l’artère principale du village. «L’argent tourne, et les affaires sont conclues au coucher du soleil», dit le gérant d’un magasin de prêt-à-porter. Aujourd’hui, les touristes sont arrivés. Ils sont tous là, malgré un léger retard. La saison estivale de Bhamdoun a vraiment démarré il y a une dizaine de jours. Fidèles à leur amour passé, les Koweïtiens, comme au bon vieux temps d’avant-guerre, sont venus nombreux à Bhamdoun où ils possèdent de grandes propriétés. Ce qui n’était qu’un rêve impossible il y a quatre ans est devenu à présent une réalité. Le souk de Bhamdoun a été rénové à 80%. Huit hôtels sont fonctionnels, offrant près de 800 chambres, et une quarantaine de cafés et de restaurants accueillent à la mi-juin les clients. Sept permis de construire de résidences de luxe à Bhamdoun-gare ont été octroyés par la municipalité du village. Trois chantiers sont déjà en cours. La réputation de Bhamdoun-gare comme centre d’affaires estivales est demeurée inentamée, en dépit de l’absence de ce village de la carte touristique pendant plus de vingt ans. Presque tous les noms des chaînes internationales de la restauration sont présents. Starbucks Café, Hardees, KFC et on en passe. Un des centres commerciaux de la localité, qui regroupe la plus importante concentration de fast-foods, snacks et restaurants, peut servir mille cinq cents couverts. Des commerçants venus d’un peu partout ont ouvert des succursales à Bhamdoun. «Bhamdoun, ce n’est plus la poule aux œufs d’or. Mais les affaires vont certainement mieux qu’à Beyrouth», dit le propriétaire d’un commerce, qui a choisi d’avoir pignon sur rue dans le village pour la deuxième saison estivale consécutive, confirmant par ailleurs que le nombre de touristes cette année s’est nettement amélioré par rapport à la saison dernière. Amusement garanti «Derrière ce miracle, comme se plaît à le répéter Osta Abou Rjeïly, maire de Bhamdoun-gare, se cache le secteur privé. Le secteur public est en hibernation. La promotion de la destination du Liban est devenue de nos jours une affaire d’État. Il est inconcevable que le budget du ministère du Tourisme représente le tiers de celui de l’hôtel Phoenicia. Le secteur privé n’a pas lésiné sur les moyens financiers pour lancer des campagnes de marketing à travers le Net et les différents médias locaux et régionaux. Mais cela s’est avéré insuffisant. Le tourisme a changé d’image.» En fait, le touriste venu du Golfe a changé de manière de vivre et est devenu exigeant. Il préfère désormais se déplacer d’une région à l’autre, voire d’un pays à l’autre. «Les chambres d’hôtel ne sont plus réservées pour de longues durées», reconnaît Samir Khairallah, propriétaire de l’hôtel Mondial City, qui souligne d’ailleurs certains caprices des touristes arabes qui refusent de loger dans des chambres non climatisées. Sachant pertinemment bien que de telles installations ne seront utilisées que deux ou trois jours tout au long de la saison. Osta Abou Rjeïly refuse catégoriquement d’établir une comparaison entre cette saison et celle des années précédentes. C’est un homme avec des idées plein la tête pour le développement de son village natal. Un homme qui a une vision et surtout beaucoup de bonne volonté et de détermination. Il affirme jeter les fondements de ce que sera son village dans la prochaine décennie. Il projette d’organiser la Journée nationale du Koweït à Bhamdoun et de lancer lundi prochain «le mois des bonnes affaires», à l’instar de ce qui se passe à Dubaï et même à Koweït. Grâce à lui, le touriste aura presque au quotidien des surprises. Il sera question certains jours d’un groupe de dabké, qui se produira inopinément sur la place centrale, d’un défilé de mode d’une des grandes boutiques des lieux ou encore une retransmission en direct de l’animation des rues de la localité par une des chaînes arabes satellitaires. À l’initiative du maire de Bhamdoun et grâce à un financement de la municipalité, quatre équipes sont chargées du maintien de la propreté dans la localité et quatre autres sont préposées à la sécurité des lieux. «C’est un tourisme familial et élitiste qu’on souhaite promouvoir à Bhamdoun», déclare Osta Abou Rjeïly, en réponse à une question concernant la présence de filles de joie roumaines et russes à Bhamdoun et les prix jugés pour certains appartements meublés mis en location. «Le rapport qualité/prix est l’un des meilleurs dans notre localité», ajoute-t-il. Un habitant de Bhamdoun qui a requis l’anonymat affirme avoir été témoin de la vente d’un lopin de terre, adjacent à l’artère principale, à 950$ le mètre carré. Un centre médical a été inauguré cette année. Le matériel de radiologie y est des plus performants. Une polyclinique de quatre cents mètres carrés accueille une dizaine de médecins de différentes spécialités. Retour sur investissement Le propriétaire du Sheraton Bhamdoun, Nasser el-Khourafi, un ressortissant koweïtien, a entrepris un nouvel investissement dans la pierre, en construisant une annexe à l’édifice principal de l’hôtel, comprenant deux piscines et une salle de fête en plein air d’une capacité de cinq cents personnes. Le montant de l’investissement s’élèverait à un million et demi de dollars. Hussein Chehimi, directeur général de l’hôtel, est confiant que le propriétaire des lieux aura un retour rapide sur son investissement. La chaîne internationale Starwood, dont relève l’hôtel Sheraton, a doublé pour 2002 son budget publicitaire destiné aux pays du Golfe. «Notre chiffre d’affaires a augmenté de 100% par rapport à l’année dernière. Pour août, tout comme ce fut le cas pour juillet, l’établissement hôtelier affiche complet. Sa clientèle est à 90 % koweïtienne. Le reste des touristes vient d’Arabie saoudite et du Qatar. En 2003, l’effort promotionnel portera sur de nouveaux marchés», affirme Hussein Chehimi, qui souligne qu’à l’heure actuelle, il n’y a pas de clients locaux à l’hôtel, les tarifs des chambres appliqués étant nettement supérieurs au pouvoir d’achat des Libanais. Pour le mois de septembre, l’hôtel Sheraton affichera des prix promotionnels pour les hommes d’affaires libanais. Des escomptes pouvant atteindre 70% des tarifs habituels. La chambre double sera à 99$,en plus d’une pause-café et d’une location de la salle de conférence gratuites. L’arrivée l’an prochain de l’enseigne internationale Marriott à Bhamdoun fait sourire M. Chehimi. «C’est dans une ambiance de concurrence que la qualité du service s’améliore», dit-il. Bhamdoun a défié le destin. Bhamdoun mérite de vivre. Liliane MOKBEL
Il est 22 heures. Bhamdoun se réveille. La journée des habitants vient de commencer. Elle ne se terminera qu’aux premières heures de l’aube. Les commerçants se sont pliés aux quatre volontés des clients saisonniers. Ils ont prix l’habitude d’ouvrir leurs boutiques tard dans la matinée pour ne les fermer que tard dans la nuit. Désormais le shopping se fait en soirée,...