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Actualités - OPINION

Les transes de Parkinson secouent le cocotier

Signe de maladie bien plus que de vie, l’agitation fébrile de ce chaud été vient au fond rappeler au pays qu’il souffre surtout des tares d’un système hybride. Où l’on trouve à peu près tous les articles du bazar levantin. Sauf, bien évidemment, cette démocratie toujours peu prisée en ces contrées décontractées. Même les formes, ce vert gazon dont se tisse presque entièrement le tapis constitutionnel, sont allègrement foulées aux pieds par les gardiens mêmes du parc. D’attractions. Ainsi va la cruche à l’eau, et tout le suspense est de savoir quand la houle va la briser. Il n’est donc pas surprenant que, tout comme lors de la partielle du Metn, on envisage pour le litige du cellulaire toutes sortes d’arrangements sans jamais songer à la simple, à la toute bête référence constitutionnelle. Aussi exacerbé que soit le conflit, ni la minorité ministérielle ni même la majorité, ce qui semble étonnant, ne parlent d’un verdict à la régulière, par un vote en Conseil des ministres. À force de dérives, c’est donc une coutume de compromis hors-texte qui prend force de loi. Sous prétexte que l’arbitrage des urnes provoquerait un surcroît de ressentiments, une irrémédiable césure. Logique qui serait défendable si l’on était encore au début du chemin. Mais l’expérience a montré, au bout de deux ans, que la cohabitation est irrévocablement bancale. Qu’il n’y a pas moyen d’arrondir les angles d’une charpente sur laquelle on tape des deux côtés à tour de bras. Un échafaudage branlant où, sans cesse, un clou chasse l’autre. Rarement, cependant, le tapage aura été si assourdissant. Les bornes de la simple décence verbale ou politique se trouvent sans cesse reculées. Les gènes, hérités d’un passé bien plus politicien que politique, aggravent bien évidemment la gêne économique et financière du pays. Cerise sur ce gâteau empoisonné : c’est, prétendument, au nom de l’intérêt national bien compris que les artilleurs se tirent dessus à boulets rouges. Au risque de détruire l’amphithéâtre commun qui abrite, accessoirement, quelque quatre millions de pauvres spectateurs d’un cirque un peu trop royal. Un peuple dont les dignes représentants s’inscrivent aux abonnés absents. Le gouvernement, on le sait, a fait appel à la Chambre pour trancher. Et elle s’est aussitôt dérobée, en affirmant qu’il ne lui appartient pas d’interpréter les textes de lois. Ce qui est peut-être exact. Sauf que dans les cas de force majeure, toute règle bénéficie d’un droit d’exception, qui d’ailleurs la confirme. En d’autres termes, en refusant de tendre une planche de salut à l’Exécutif, certes fautif de sa propre noyade, l’Assemblée a commis un délit de non-assistance à personne en danger. Alors qu’une perdition éventuelle du pouvoir provoquerait, de toute évidence, une catastrophe aux conséquences incalculables pour tous les Libanais. Tous les électeurs des honorables parlementaires. Le danger est d’autant plus effectif que cette fois, le remote control se met volontairement en panne de batteries. On sait en effet que les tuteurs ont fait savoir à tout un chacun qu’ils en ont ras-le-bol. Et que les chicaneurs impénitents, qu’ils rabibochent tous les quatre jeudis, doivent cette fois se débrouiller tout seuls. Alors, pas de règlement dans le cadre des procédures institutionnelles. Et pas d’arbitrage extérieur. Il reste l’initiative Berry et consorts. Elle a, heureusement, de bonnes chances de réussir. Parce que, tout compte fait, les protagonistes sont d’accord au moins sur un point, d’ailleurs essentiel : le réseau doit revenir à l’État. C’est sur les détails pratiques de la suite que l’on se dispute. Mais, pour revenir au fond du vrai problème, rien ne garantit que dans un avenir plus ou moins proche, à supposer que l’on ait surmonté la crise actuelle, l’État ne se délite totalement. En effet, il tangue à vau-l’eau, sans système de guidage, sans mécanismes de contrôle, sans responsabilité des pouvoirs et de leurs tenants. Chacun n’en fait qu’à sa tête et ne voit que ses intérêts. Qui coïncident peu souvent avec ceux du pays. Le laisser-aller est tel que l’on entend, que l’on voit des ministres s’attaquer les uns les autres à tire-larigot. Ils ont même tous dorénavant leur staff spécial de communication, pour diffuser leurs pamphlets sur les ondes ou dans la presse. Et ils se mêlent tous, ou presque, de dossiers qui ne les concernent pas, en ignorant les leurs propres. Ainsi, certains reprochent à Jean-Louis Cardahi de parler chiffres et gros sous, alors que c’est du ressort des Finances. D’autres, comme Mohammed Abdel-Hamid Beydoun, ministre de l’Énergie (à revendre, c’est le mot, puisqu’on attend la privatisation de l’EDL), croient devoir conseiller au titulaire des Télécoms de payer d’abord aux deux opérateurs sortants les 700 millions de dollars que l’État leur doit, avant de les étriller. De son côté, le ministre de la Justice, Samir Jisr, a évidemment défendu l’avis rendu par le service du contentieux de son département, récusé par le ministre Cardahi. Bref, c’est le magma (volcanique) en plein. Philippe ABI-AKL
Signe de maladie bien plus que de vie, l’agitation fébrile de ce chaud été vient au fond rappeler au pays qu’il souffre surtout des tares d’un système hybride. Où l’on trouve à peu près tous les articles du bazar levantin. Sauf, bien évidemment, cette démocratie toujours peu prisée en ces contrées décontractées. Même les formes, ce vert gazon dont se tisse presque...