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Actualités - OPINION

Projet d’arrangement avec les opérateurs sortants Vers une solution politique via la technologie

Les sciences humaines, si incertaines, sauvées par le progrès technologique. L’on se propose en effet de neutraliser la présente crise de rapports (de force) entre ces êtres d’exception, qui se disputent la gloire de servir la patrie (et sa popoche), par un règlement fondé sur la logique du tangible. Du matériel en somme(s), au double sens du mot. Parmi les formules envisagées, la principale consiste à autoriser LibanCell et Cellis à continuer à opérer après le mois d’août. À condition que les deux compagnies laissent tomber le procès intenté à l’État. Et qu’elles appliquent par anticipation les clauses du contrat commençant à courir initialement à partir du 1/1/ 2003. C’est-à-dire qu’elles réservent 40 % des royalties au Trésor, en se préparant à relever progressivement cette part jusqu’à 70 %, dont 10 % de taxes. Cela pendant une période indéterminée pendant laquelle l’État continuerait à tenter d’organiser une nouvelle adjudication. Cependant, certains loyalistes haut de gamme s’entêtent : ils persistent à réclamer la paranationalisation du secteur. C’est-à-dire que la gestion serait confiée à un sous-traitant opérant pour le compte de l’État et ne gardant que 20 % pour lui. Les hasards du calendrier, et des vacances (de pouvoir ?), font que la grande colère haririenne explose à un moment où le chef de l’État se trouve hors du pays. Une chance, en quelque sorte, car l’impact direct de l’éruption se trouve amorti par la distance. Ce qui permet aux médiateurs, Berry en tête, d’avoir un peu les coudées franches, pour trouver une issue. Un compromis qui sauverait la face des protagonistes. En désamorçant, redisons-le, la bombe politique, c’est-à-dire personnelle, par le recours à des tableaux graphiques et didactiques, de pure gestion. Si tant est qu’une gestion peut être pure. En d’autres termes, le dossier brûlant, canicule oblige, du cellulaire serait traité sous le seul angle économique, donc dépolitisé. Ce déminage préliminaire est, de toute évidence, indispensable. Sans quoi l’on retrouverait le précipice qui attend les caprins de la fable, suspendus sur une passerelle au-dessus du vide et qui refusent réciproquement de céder le passage. Toujours est-il que, reprenant à son compte une antienne que fredonnaient jadis Saëb Salam, Maximos V Hakim ou Hussein Husseini, un ministre se réjouit de ce que les vannes d’un ciel d’orage se soient enfin ouvertes. Il répète que lorsqu’un incendie atteint son paroxysme, il est près de s’éteindre. À son avis quand une crise, après avoir mûrement couvé, se déchaîne enfin au grand jour, elle se trouve sur le point de s’engloutir elle-même. Comme la révolution (ou Cronos) dévorant ses enfants. Une théorie paramédicale, postromantique, qui préfère la fièvre ardente à la froide incubation. Au mépris, pourrait-on objecter, de la morbidité. Car si les pompiers devaient échouer, comme cela arrive, le feu détruirait le temple. Surtout en l’absence, proclamée par les uns comme par les autres, du sapeur en chef. Du seul et unique détenteur de la neige carbonique. C’est-à-dire, de la Syrie. Qui, selon les uns comme selon les autres, se tient résolument sur la touche. Car elle n’en peut, elle n’en veut plus, de jouer les juges de paix, les rabibocheurs d’un ménage mal assorti. La médiation Berry Quoi qu’il en soit, le président Berry prend de nouveau la médiation à son compte. Il s’efforce cependant d’agir en toute discrétion. Pour que nul ne cherche à brouiller les cartes par des surenchères inopinées, en exploitant des fuites en direction des médias. Il lui reste quelques jours, en attendant le Conseil des ministres « décisif » du 1er août. Le président conciliateur est conscient, indiquent ses proches, de l’importance économique de l’enjeu. Car un fiasco, c’est évident, n’affecterait pas seulement les rentrées ponctuelles du Trésor mais aggraverait dangereusement la récession qui frappe le pays. En passant sans doute Paris II à la trappe. Voire même l’actuel cabinet, du moment que la situation politique deviendrait invivable, si par malheur la rupture au sommet devait être consommée. Et ce serait alors le saut dans l’inconnu, avec un grand X. Pour le moment, le Libanais grogne mais ne désespère pas. Le pouvoir n’a plus sa confiance, c’est une évidence, il ne trouve plus grâce à ses yeux mais il lui laisse un délai de grâce. Que le président Lahoud a lui-même fixé au 1er août. Sur le plan concret, les médiateurs (c’est dans leur fonction), soutiennent en chœur que les deux protagonistes ne sont pas irréconciliables. À preuve que chacun d’eux affirme ne se soucier que de l’intérêt bien compris de l’État. En convenant que les rentrées de la téléphonie mobile devraient revenir au Trésor, après la date butoir du 31 août, fixée pour une impossible nouvelle adjudication. C’est donc sur les détails que l’on se dispute. Avec une telle âpreté que chaque camp accuse presque l’autre de visées concussionnaires plutôt que concessionnaires. On entend ainsi le ministre des Télécoms, Jean-Louis Cardahi, déclarer publiquement que la partie adverse veut exploiter le portable comme carte de pression politique et même de chantage. Il jure ses grands dieux que pour sa propre part il rejette toute politisation. Et qu’il n’a en vue que la stricte observance de la loi numéro 393 comme du décret numéro 8206 sur l’octroi de deux nouvelles licences d’exploitation par voie d’adjudication. Le président Hariri affirme, quant à lui, selon ses proches, que le camp d’en face affiche une regrettable désinvolture quant à l’objectif de la privatisation du secteur de la téléphonie mobile. Il raconte à ses visiteurs, en détail, les étapes des négociations en soulignant les failles criantes dans la préparation de l’adjudication. Ce qui fait, laisse-t-il entendre, que, bien évidemment, l’on ne sera pas prêt pour le 31 août, comme le reconnaissent ses contempteurs auxquels il reproche donc ce contretemps. Il ajoute que l’autre partie a instillé des éléments qui ont mené à la politisation de l’affaire. De guerre lasse, le chef du gouvernement s’est donc décidé à passer à l’attaque. Ou plutôt, selon ses partisans, à la contre-attaque car, à leur avis, il n’a cessé d’être agressé depuis son retour aux affaires. Il rejette toute responsabilité quant à la tension ambiante, imputée à ses adversaires. Philippe ABI-AKL
Les sciences humaines, si incertaines, sauvées par le progrès technologique. L’on se propose en effet de neutraliser la présente crise de rapports (de force) entre ces êtres d’exception, qui se disputent la gloire de servir la patrie (et sa popoche), par un règlement fondé sur la logique du tangible. Du matériel en somme(s), au double sens du mot. Parmi les formules...