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Actualités - CHRONOLOGIE

ESTIVALES 2002 - Théâtre antique, ce soir et demain soir, à 20h, à la Kaïssariyé de Deir el-Qamar « Les Bacchantes » d’Euripide métissée d’autres cultures (photos)

La Tour de Babel est une joyeuse troupe de comédiens qui nous arrive de France, en passant par Delphes, le creuset du théâtre antique, où elle ne pouvait manquer de donner une représentation de sa pièce Les Bacchantes d’Euripide. Laquelle sera présentée, aujourd’hui et demain soir, à 20h, à la Kaïssariyé (Centre culturel français) de Deir el-Qamar, dans le cadre des Estivales 2002. Cette adaptation contemporaine d’une tragédie grecque mêle théâtre, danse, musique et chants. Les Bacchantes sont les femmes qui célèbrent Dionysos-Bacchos, le dieu grec du théâtre, de l’ivresse et du vin. Conduites par un mystérieux prophète, Mélampos, elles forment un cortège qui, après une longue traversée de l’Orient, vient d’arriver à Thèbes. Cette procession demande à entrer dans la ville pour y glorifier Dionysos. Mais le roi Penthée refuse de lui ouvrir les portes de la cité, et cela malgré les conseils et les mises en garde de son devin Tirésias. Il interdit même aux femmes de participer aux bacchanales et fait emprisonner Mélampos. Celui-ci s’évade. À partir de là, d’étranges événements vont se produire, entraînant le meurtre de Penthée par sa propre mère, Agavé. Mélampos, cet initié entouré de femmes, révélera alors sovrai visage : celui de Dionysos, dieu-danseur, dieu au masque, dieu de l’ivresse, de la connaissance, de la lumière, de la nuit et de l’étrangeté. Le message est clair : le rejet de l’autre, le rejet de la différence, le repli sur soi restent des obstacles à la rencontre des peuples et des cultures. Et cela entraîne évidemment des catastrophes. « Il y a, bien sûr, plusieurs niveaux de lecture de la pièce, mais nous avons voulu axer sur ce point en particulier», signale Frédéric Servant, qui a signé l’adaptation des Bacchantes et sa mise en scène, en collaboration avec l’une des comédiennes, Anne-Sylvie Meyza. « On peut évidemment y trouver l’idée de la place de la femme dans la cité. En cherchant plus loin, on peut également y déceler une métaphore autour des deux courants artistiques opposés par Nietzsche, celui de Dionysos et d’Apollon ». « Le texte croise plusieurs écritures. Celle d’Euripide, certes, mais aussi celle du poète persan Omar Khayyam ainsi que des écrits de Nietzsche. Par ailleurs, le chœur des Bacchantes va réciter des vers en arabe et dans leur traduction française », ajoute-t-il. La scénographie « très dépouillée» de ce spectacle d’une heure trente minutes est contrebalancée par une bande son et un jeu de lumière très élaborés. « La musique est un mixage entre les sonorités traditionnelles orientales et les supports électroniques. Nous avons notamment collaboré avec Jelloul Osman, un des maîtres du ney tunisien. Quant aux lumières, elles délimitent, par leur différentes utilisations, l’espace et l’atmosphère», précise-t-il. Les costumes mélangent également les tissus tunisiens et les coupes à la grecque. La chorégraphie est signée Khira Abidallah, maître de ballet du Ballet national des arts populaires tunisiens. Et c’est Tapa Sudana, un comédien balinais très connu, qui a beaucoup travaillé avec Peter Brook, qui a supervisé l’entraînement des acteurs. Tour de Babel Mais La Tour de Babel, c’est essentiellement huit jeunes commédiens de différentes nationalités réunis sous la houlette du metteur en scène, Frédéric Servant, et du directeur de la production, Romain Pompidou (petit-fils de l’ancien président de la République française Georges Pompidou). La troupe comprend, outre les comédiens, des plasticiens et des musiciens de différentes cultures dans l’idée d’une interaction artistique autour du théâtre. Elle travaille essentiellement sur l’adaptation des mythes et légendes pour la scène contemporaine. Cela va d’Antigone à Mélusine (une légende du Poitou) en passant par La tentation de saint Antoine, ou encore des pièces tirées des traditions orales d’Amérique latine. C’est cette diversité des identités, des sources et des techniques qui justifie son nom de Tour de Babel. « Nous axons notre travail sur les éléments communs, fédérateurs antiques, qui peuvent unir les cultures plutôt que de les diviser», indique Romain Pompidou. « Nous avons d’ailleurs été sollicités par l’Unesco pour mettre sur pied un réseau international de jeunes créateurs engagés pour la paix et le dialogue des cultures. C’est un réseau qui existe de manière informelle en Afrique, en Amérique latine et en Europe principalement, et qui réunit pas mal de compagnies qui essayent de promouvoir de nouvelles démarches à travers la scène contemporaine. On a voulu que ce spectacle soit un symbole de la culture de la paix en Méditerranée, à travers le dialogue entre différentes racines et expressions culturelles », conclut-il . Z.Z.
La Tour de Babel est une joyeuse troupe de comédiens qui nous arrive de France, en passant par Delphes, le creuset du théâtre antique, où elle ne pouvait manquer de donner une représentation de sa pièce Les Bacchantes d’Euripide. Laquelle sera présentée, aujourd’hui et demain soir, à 20h, à la Kaïssariyé (Centre culturel français) de Deir el-Qamar, dans le cadre des...