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Actualités - CHRONOLOGIE

Magistrature - Dîner du CSM sous le signe de la continuité Nasri Lahoud : Pour être dur, il faut être pur

Le président du Conseil supérieur de la magistrature Nasri Lahoud voulait une grande fête qui permettrait aux nouveaux et aux anciens magistrats d’apprendre à se connaître hors du cadre solennel des Palais de justice. Il a donc lancé l’idée d’un grand dîner au Casino du Liban, placé sous le signe de la continuité et du resserrement des liens entre les magistrats. Pari réussi, même si l’ombre d’Abou Obeida a plané sur les convives, obligeant les magistrats à ne pas perdre de vue les lourdes menaces qui pèsent sur la justice au Liban. Dans son costume blanc et sa cravate jaune, le président du CSM est tout de suite repérable pour les nombreux convives. Plus de cinq cents personnes autour des tables de la terrasse du Casino, dont tous les magistrats, deux ministres, MM. Samir Jisr et Bahige Tabbarah, le président de la commission parlementaire de la Justice, M. Mikhaël Daher, et des journalistes. Avec une plaisanterie pour chaque arrivant, Nasri Lahoud est à l’accueil, mais les développements au camp de Aïn el-Héloué retardent le procureur général près la Cour de cassation Adnane Addoum et le ministre de la Justice Samir Jisr. Or, le dîner ne peut commencer sans eux et M. Lahoud multiplie les tournées autour des tables, pour faire patienter ceux qui sont déjà là. Les groupes se forment par affinités, longue carrière commune, partage des responsabilités au sein d’un même tribunal ou simple question de générations... L’ancien président du CSM, M. Philippe Khairallah, est aux côtés de l’ancien procureur Mounif Oueidate, le prédécesseur de M. Lahoud, M. Mounir Honein n’est pas loin, entouré de nombreux magistrats et du ministre Tabbarah. Jisr et Addoum seront installés à la table d’honneur, aux côtés de Nasri Lahoud et du bâtonnier Raymond Chédid. Cette table attire d’ailleurs tous les regards, les invités espérant obtenir les dernières nouvelles de la bouche du ministre ou du procureur. De bonne grâce, Mme Addoum cède fréquemment sa place à ceux qui souhaitent discuter avec son mari. « Aider les magistrats à remplir leurs fonctions » Ce soir-là, tout le monde est convaincu qu’Abou Obeida sera livré d’un instant à l’autre, mais tous craignent que la justice ne puisse ensuite remplir son rôle jusqu’au bout. Le jeune islamiste sera-t-il accusé de tous les maux ou découvrira-t-on réellement des éléments nouveaux sur le terrible assassinat des juges de Saïda, que nul ici ne parvient à oublier, et sur d’autres dossiers en suspens ? Les juges savent aussi que ces islamistes sont un ennemi redoutable. L’un des accusés de Denniyé n’a-t-il pas, vendredi dernier, en pleine audience, lancé une insulte grossière à la tête du procureur Addoum ? Certes, la Cour de justice a tout de suite décidé de se réunir et de condamner le coupable, mais – et c’est là la grande obession de Nasri Lahoud – les magistrats se sentent à découvert. Dans son discours, prononcé d’une voix un peu cassée par l’émotion, le président du CSM rappelle d’ailleurs au ministre son fameux projet de réhabilitation des Palais de justice, « par le biais du renforcement du CSM de façon à consolider l’immunité des magistrats, loin de toute intervention qui pourrait les détourner de leur grande mission : appliquer la loi et rétablir la justice ». Pour la énième fois, M. Lahoud réclame plus de sécurité morale, financière et concrète pour donner aux magistrats les moyens d’accomplir leur tâche sacrée. « Pour être dur, il faut être pur », lance-t-il sous les applaudissements. Car, en bon magistrat, il ne peut concevoir une justice sans fermeté et pour être ferme, il ne faut pas être tenté, même si fermeté n’exclut pas humanité. M. Lahoud, qui doit passer à la retraite en novembre prochain – sans que cela signifie nécessairement l’arrêt de toute fonction dans le corps de la magistrature –, a tenu à honorer les anciens présidents du CSM, ainsi que l’ancien procureur et les grands magistrats. Les médailles brillant doucement sur leurs vestons, MM. Khairallah, Honein, Oueidate, Mouallem, Ziadé et d’autres ont été chaleureusement applaudis. Et M. Lahoud a conclu son discours en appelant à une assemblée générale des magistrats, le 19 juillet, pour discuter de l’amélioration du fonctionnement de la justice, de façon à accélérer les procédures sans tomber toutefois dans la hâte. Il est plus de 23h et les ventres des invités commencent à crier famine. Un chanteur fredonnant des airs des années soixante prend le relais au micro et le dîner proprement dit commence. Pour Addoum, il sera écourté, son téléphone n’arrêtant pas de sonner. Il sera suivi de près par le ministre Jisr. Mais les nouveaux magistrats profiteront jusqu’au bout de cette occasion de se rapprocher des anciens, loin du formalisme traditionnel. Malmenée, la justice montre qu’elle veut en tout cas tenir bon. Reste à savoir si les politiciens et les responsables sauront entendre son appel. S.H.
Le président du Conseil supérieur de la magistrature Nasri Lahoud voulait une grande fête qui permettrait aux nouveaux et aux anciens magistrats d’apprendre à se connaître hors du cadre solennel des Palais de justice. Il a donc lancé l’idée d’un grand dîner au Casino du Liban, placé sous le signe de la continuité et du resserrement des liens entre les magistrats. Pari...