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ENCHÈRES Le tableau record de Rubens illustre une nouvelle tendance du marché de l’art(photo)

Le tableau inconnu de Pierre Paul Rubens (1577-1640) vendu la semaine dernière à Londres au prix record de 49,5 millions de livres (76,7 millions de dollars) aurait été acheté par le richissime Canadien Kenneth Thomson ou son fils David, qui vient de lui succéder à la tête du groupe Thomson Corporation, selon le quotidien de Toronto, Globe and Mail. Le Massacre des innocents est ainsi devenu le tableau le plus cher jamais vendu aux enchères au Royaume-Uni, selon Sotheby’s. Peint entre 1609 et 1611, ce tableau totalement inconnu avait été estimé entre 4 et 6 millions de livres (6,4 et 9,6 millions d’euros). Un collectionneur privé présent dans la salle s’est rendu acquéreur de ce tableau, considéré comme l’un des chefs-d’œuvre les plus importants à être vendus aux enchères depuis plus de vingt ans, selon Sotheby’s. Le tableau le plus cher jamais vendu au monde est le Portrait du docteur Gachet de Vincent Van Gogh, acheté en 1990 par un homme d’affaires japonais à New York 82,5 millions de dollars. Le tableau, qui représente des enfants nus arrachés aux bras de leurs mères, tués à coups d’épées et piétinés par les soldats du roi Hérode à la recherche de l’enfant Jésus, est en parfait état, tout comme son cadre en bois d’Anvers datant du XVIIe siècle, selon la maison de vente aux enchères. Le Massacre des innocents est significatif de la fin de la période baroque dans le Nord de l’Europe. Mystérieusement attribué à Van Den Hoecke depuis 1780, ce tableau, probablement peint en 1610, appartenait à une femme de 90 ans résidant à Vienne. L’expert de Sotheby’s George Gordon l’a identifié comme un Rubens il y a seulement quelques semaines, toujours selon la maison d’enchères. Une photographie du tableau a été prise à Amsterdam et le chef-d’œuvre a ensuite été transporté à Londres pour y être étudié de plus près. « Il est extrêmement enthousiasmant, pour des collectionneurs comme pour des spécialistes, d’avoir la chance de voir ce chef-d’œuvre », a déclaré M. Gordon. « Qu’un tel chef-d’œuvre d’un tel peintre soit resté si longtemps sous le nom attribué par erreur d’un artiste mineur est sûrement une injustice, mais la qualité finit au bout du compte par se faire connaître », a-t-il ajouté. Un marché européen plus cultivé et plus conservateur La vente aux enchères record du tableau de Rubens par Sotheby’s à Londres, bien qu’exceptionnelle, illustre la domination sans partage de la capitale britannique sur le marché de l’art en Europe, ont relevé les experts. Et si huit des dix toiles les plus chères se sont vendues à New York, Londres fait mieux que tenir son rang. « Londres est assurément le marché de l’art le plus puissant d’Europe, mais également du monde pour tout ce qui n’est pas art pictural post-1870 », explique Godfrey Barker, journaliste et spécialiste britannique de ce secteur. Pour Anthony Browne, président de la Fédération du marché de l’art britannique, « le Royaume-Uni constitue 50% du marché européen et il est globalement à parité avec New York ». Les États-Unis détiennent en effet 49% du marché mondial, contre 25% à Londres et 7% à Paris, selon les chiffres de sa fédération. « Londres, souligne-t-il, reste unique en Europe parce que c’est le seul marché international où les œuvres d’art mises en vente viennent du monde entier et pas seulement d’Europe », ce qui n’est pas le cas de Paris selon lui. De plus, explique M. Barker, « Londres concentre dans un secteur de 1,5 km carré, entre Bond Street et Pall Mall, plus de marchands d’art que toute autre ville dans le monde ». Dans ce marché prestigieux et lucratif, deux géants se taillent la part du lion : Sotheby’s et Christie’s, présents dans les deux temples mondiaux des ventes d’art que sont New York et Londres. Catherine Fenston, porte-parole de Christie’s UK, rappelle que le record battu la semaine dernière par un Rubens confirme la solidité du marché londonien de ces derniers mois. Un Picasso, Nu au collier, a atteint 16 millions de livres le mois dernier, la Venus de Barbérini – une statue en marbre du 1e ou 2e siècle avant J-C – huit millions de livres. Le record surprise du Massacre des innocents illustre également une nouvelle tendance de fond du marché de l’art, selon Godfrey Barker. Lors du boom de la fin des années 80, les nouveaux riches de Wall Street ou du Japon « commettaient d’énormes erreurs, ils payaient des prix astronomiques pour des œuvres de troisième ordre », se souvient-il. « Aujourd’hui, le marché est plus prudent, plus cultivé, plus sélectif et, chose particulièrement remarquable, il remet enfin les vieux maîtres au même niveau de prix que les peintures modernes, pour la première fois depuis la fin des années 60 », estime M. Barker. « Ces six dernières années, près de 100 records ont été battus pour des toiles anciennes, il semble donc que les goûts évoluent vers une nouvelle forme de conservatisme », selon lui.
Le tableau inconnu de Pierre Paul Rubens (1577-1640) vendu la semaine dernière à Londres au prix record de 49,5 millions de livres (76,7 millions de dollars) aurait été acheté par le richissime Canadien Kenneth Thomson ou son fils David, qui vient de lui succéder à la tête du groupe Thomson Corporation, selon le quotidien de Toronto, Globe and Mail. Le Massacre des innocents...