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Actualités - OPINION

Lune de miel estivale dans le ménage à trois

C’est presque l’euphorie dans le camp, habituellement disloqué, des loyalistes haut de gamme. En effet, cet été la troïka danse sur un air guilleret de polka, sous la baguette attentive du chef d’orchestre que l’on sait. Un pas de deux, évidemment, exécuté par l’Exécutif sous le regard attendri du Législatif. Dont le speaker, M. Nabih Berry, s’est cru ce tantôt en devoir de réclamer une trêve sacrée, (pas moins !), tant était cuisante la nuisance des empoignades présidentielles. Mais, paravent de dignité oblige : personne n’ira vous avouer que la réconciliation est encore une fois l’œuvre des décideurs. Dans les cercles gouvernementaux, on met en avant les conciliateurs locaux. Dont les efforts auraient redonné aux protagonistes le sens de l’harmonie d’État. En les portant à accorder leurs violons sur les problèmes de brûlante actualité et de combustibles, comme l’affaire du mazout. Ainsi qu’à préparer de concert les dossiers de Paris II. En vedette, sur le plan du rabibochage, le ministre de l’Information, M. Ghazi Aridi. Qui a eu le mérite de promouvoir la reprise de rencontres régulières entre les présidents Émile Lahoud et Rafic Hariri. Les deux hommes se boudaient plus ou moins ces derniers temps. Et ne tenaient pratiquement plus l’aparté d’ordre du jour, aussi traditionnel, précédant les Conseils de ministres. Ils se voyaient juste quelques minutes, d’une manière protocolaire, pour se saluer en somme. Une civilité louable certes mais qui ne suffit ni à la bonne marche des affaires ni au climat politique. M. Aridi a également réussi, avec le concours de nombre d’autres médiateurs, à obtenir que les présidents se revoient à trois. En expliquant, assez laborieusement, qu’il ne s’agit pas là d’une résurrection de la troïka. Mais d’un retour à l’esprit même de Taëf comme de la Constitution. Qui recommandent une étroite coordination des pouvoirs. Cette argumentation est sans doute discutable, parce qu’après tout on ne peut faire d’amalgame entre les hauts personnages de l’État et les pouvoirs en tant que tels. Mais l’essentiel reste que lorsqu’il y a entente, tout système a du bon. Bref, la saison festive s’annonce sans nuages. Grâce sans doute au talent de persuasion déployé par les intermédiaires locaux. Dont l’initiative a pris du relief du fait même que les Syriens, après l’incident d’Ouzaï, se sont déclarés lassés, écœurés de faire eux-mêmes perpétuellement le ménage. En recommandant vivement aux intéressés de s’arranger entre eux. Cette quasi-sommation a été captée cinq sur cinq, comme toujours. Mais, comme toujours, on peut se demander combien de temps il faudra pour que ces sages conseils, entrés par une oreille, ressortent par l’autre. Faudra-t-il dans quelques semaines fredonner pour la troïka l’air poignant d’Elle n’a dansé qu’un seul été ? Les lahoudistes et les haririens jurent leurs grands dieux que, cette fois, le replâtrage est solide, qu’on ne les reprendra plus à se chamailler. Il n’y a aucune raison de ne pas leur accorder ce crédit. Sauf que les précédents ne sont guère encourageants. Et que l’on peut du reste se poser des questions sur le tout proche passé. À savoir le retentissant épisode de la diatribe antiharirienne fulminée, au bord de la piscine, par l’émir al-Walid bin Talal, en présence des hautes autorités. Qui n’avaient pas l’air autrement ulcérées de cette sortie plus ou moins intempestive. Il faut cependant souligner que les deux camps se sont peut-être alarmés ensemble d’un point relevé à leur adresse par les Syriens et leurs hérauts. À savoir que leurs querelles font le jeu de l’ennemi. Ou des Américains, qui accentuent la pression au sujet du Hezbollah. Disputes qui se trouvent en outre exploitées par leurs adversaires locaux communs. Que cela soit l’opposition officielle ou les pôles intégrés plus ou moins frondeurs. Selon certains de ses récents visiteurs, le chef de l’État syrien ne cesse de répéter le souhait de voir les dirigeants libanais mettre de côté les sujets qui fâchent. En invitant parallèlement les francs-tireurs taëfistes à cesser de tenir un double langage et à se rassembler sincèrement autour de la légalité, pour peu qu’elle se montre elle-même réunifiée. Quoi qu’il en soit, les trois présidents ont donc déjeuné ensemble à Baabda. Il faudra voir, dans peu de temps, si cette convivialité tiendra la route. Lorsqu’il s’agira de passer à table pour le cellulaire et les autres privatisations. Philippe ABI-AKL
C’est presque l’euphorie dans le camp, habituellement disloqué, des loyalistes haut de gamme. En effet, cet été la troïka danse sur un air guilleret de polka, sous la baguette attentive du chef d’orchestre que l’on sait. Un pas de deux, évidemment, exécuté par l’Exécutif sous le regard attendri du Législatif. Dont le speaker, M. Nabih Berry, s’est cru ce tantôt en...