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Actualités - OPINION

Nettes ouvertures syriennes en direction de l’Est Le pouvoir invité à suivre l’exemple d’Assad

Faut-il vraiment se montrer plus royaliste que le roi, et continuer à refuser le dialogue ? Le président Bachar el-Assad tend la main au camp chrétien. De son côté, le pouvoir, qui a le devoir d’unir, devrait organiser un large débat, en vue d’un consensus solide, sur la question qui divise le plus les Libanais. À savoir la présence militaire syrienne. Les visiteurs du président Assad l’ont récemment entendu déclarer, en substance, que le rôle des chrétiens du Liban, tout à fait essentiel, ne se mesure pas à leur densité démographique. Ajoutant que les mahométans, quel que puisse être leur surnombre, sont invités à préserver cette caractéristique nationale qu’est la présence chrétienne. La majorité doit, à son avis, savoir se gagner la minorité. Le jeune chef de l’État syrien a enchaîné en répétant que la Syrie est pour la souveraineté et l’indépendance du pays frère. Et que le cantonnement de ses armées n’y est que provisoire. Pour reconnaître ensuite qu’il y a eu des dérives relationnelles, imputables tantôt à l’une, tantôt à l’autre partie. Mais que les directions respectives sont également désireuses de parvenir à des rapports exemplaires, fondés sur le respect mutuel. Une volonté illustrée, dit-il, par la visite qu’il a rendue au printemps à Baabda. Enfin, selon les mêmes témoins, M. Assad a estimé qu’il fallait désormais dialoguer avec toutes les parties, afin d’élargir et de renforcer au Liban la ligne nationale. Cette résolution d’ouverture syrienne constitue, à n’en pas douter, un appel aux parties libanaises pour qu’elles se parlent également entre elles. Il est du reste certain que la Syrie, qui connaît mieux que personne les arcanes libanais, a les moyens d’enclencher ici un processus d’entente intérieure. Afin que se tisse un accord général de soutien aux institutions constitutionnelles, faisant primer un discours national qui étoufferait les surenchères confessionnelles. Tout en rendant justice aux couches qui ont lieu de se plaindre d’une constante discrimination sociopolitique. Pour qu’elles puissent enfin se réintégrer dans la vie publique et sortir de leur isolement forcé. En d’autres termes, beaucoup pensent que les complications locales empêchent pratiquement les Libanais d’organiser au mieux leurs rapports internes d’abord, leurs relations variées avec les Syriens ensuite. Aux yeux des tenants de cette thèse, il faudrait que Damas, où règne maintenant un homme d’ouverture, prenne lui-même les choses en main. Pour faire d’une pierre coup double. Car, comme l’indique le président Assad lui-même, l’assainissement des relations libano-syriennes passe nécessairement par une décantation du dossier intérieur local. Il paraît assez évident, en fait, que le chef de l’État syrien souhaite que les Libanais s’entendent d’abord entre eux sur ce qu’ils attendent du tuteur. Pour en discuter ensuite avec lui. C’est bien ce qui amène les sources citées à soutenir que cet ordre du jour doit être inversé. En effet, répètent-ils, il est plus facile que la Syrie traite avec les parties libanaises que de voir ces dernières s’accorder entre elles sur des dénominateurs communs. Notamment, et justement, au sujet des relations liant les deux pays. On sait, dans ce contexte, que certains plaident pour un retrait syrien total, comme condition préalable indispensable à l’établissement d’un système relationnel épuré. À l’ombre d’une souveraineté nationale, d’une indépendance, d’une autonomie de décision redevenues incontestables. Tandis que d’autres soutiennent que le partenariat stratégique, absolument prioritaire dans le cadre régional, impose le maintien des troupes syriennes. La solidarité de survie prenant le pas sur la notion de souveraineté. Que l’on peut du reste voir en double pour le moment, du moment que les deux pays ne doivent en faire qu’un face à une même adversité. Cette conception, qui en choque plus d’un, va plus loin encore. En accusant pratiquement de complicité involontaire avec Israël et avec les USA tous ceux qui réclament aussi bien le déploiement de l’armée libanaise au Sud, le long de la ligne bleue, que le départ des Syriens. Les positions de ces deux camps, entre lesquels flotte une multitude de courants modérés, sont visiblement inconciliables. D’autant que le pouvoir local refuse d’organiser lui-même un quelconque dialogue national. Il reste à savoir si le président Assad peut, ou veut, prendre une initiative dans ce sens. Le député Jean Obeid déclare que les échanges libano-syriens doivent promouvoir les points d’accord, plutôt que de se focaliser sur les sujets qui fâchent. Il relève que certains tentent au Liban de faire accroire que l’arabité est l’apanage des mahométans et la souveraineté celui des chrétiens. Ce qui n’est pas exact, d’après lui, la question devant en tout cas être discutée dans un esprit d’entente et non de conflit. Émile KHOURY
Faut-il vraiment se montrer plus royaliste que le roi, et continuer à refuser le dialogue ? Le président Bachar el-Assad tend la main au camp chrétien. De son côté, le pouvoir, qui a le devoir d’unir, devrait organiser un large débat, en vue d’un consensus solide, sur la question qui divise le plus les Libanais. À savoir la présence militaire syrienne. Les visiteurs du...