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Actualités - CHRONOLOGIE

CONCERT - L’Orchestre symphonique national libanais en l’église Saint-Joseph, USJ De Carmen aux chants arabes de Hiba al-Kawas(photo)

Le dernier concert de la saison pour l’Orchestre symphonique national libanais, placé sous la houlette de Wojceich Czepiel, avant la grande affluence aux festivals de Baalbeck et de Beiteddine, était sous le signe d’une double alliance. Un concert assez particulier, jetant le pont entre le bel canto occidental et les esquisses orientales d’un art qui s’affirme, mêlant les éclats orchestraux passionnés de la plus grande des séductrices, Carmen, aux accents d’un lyrisme ombrageux de Puccini, pour finir avec la poésie libanaise arabe sur fond de composition de Hiba al-Kawas. Des pages donc de Bizet, Puccini, Lloyd Webber et al-Kawas. En ouverture, le « prélude » de l’un des plus célèbres opéras du répertoire lyrique Carmen de Bizet. Presto débordant de vitalité mais contenant des passages menaçants et inquiétants révélant ainsi le tragique d’un destin éclaboussé par le sang. De l’Aragonaise à l’Intermezzo, en passant par le pétillant seguedille, le bouleversant les dragons d’Alcala et le bouillonnant Les toréadors, la musique de Bizet, d’une lumineuse et constante beauté, est un flot de notes colorées et ensoleillées au parfum, piquant et capiteux, des jardins fleuris de l’Espagne... Pour enchaîner avec la pompe du bel canto, Hiba al-Kawas, cheveux noirs sur les épaules dans une robe décolletée de gaze beige pailletée, a chanté deux courtes arias tirées de Gianni Schicchi et Turandot de Puccini. Elle fut tour à tour Lauretta et Liu, campant dans la première une fille suppliant son père, en tons très bémols « O mio babbino caro » (Ô mon cher père) et dans la seconde une esclave émue par le sourire d’un homme épris d’une princesse « au cœur de glace » (tu , che di gel sei cinta) ; d’ailleurs, c’est à elle que s’adresse cette poignante aria, sommet émotionnel d’une œuvre inspirée d’un conte de fées ancien où une cruelle princesse orientale tuait tous ceux qui l’aimaient… Et comme un avant-goût du Cats qui sera donné à Beiteddine, on écoute, toujours de Kawas en cantatrice, une des plus célèbres et belles chansons (immortalisée d’ailleurs par la Streisand) de ce musical qui a triomphé à Broadway, Memory. Changement d’atmosphère après l’entracte avec Pleusis n°1, en trois mouvements (allegretto, adagio, allegro) , une œuvre orchestrale signée Hiba al-Kawas et que l’Orchestre symphonique national libanais reprend pour la seconde fois cette année. Dialogue entre les cuivres et les cordes interrompu par les percussions pour une narration tendue et éruptive. Pour conclure, le plat de résistance de ce concert, et préoccupation majeure et fondamentale de la musicienne al-Kawas : le chant opératique arabe. En première mondiale, alliant ses dons de compositrice et de cantatrice, al-Kawas a offert aux auditeurs des œuvres inédites, habillant les mots et la poésie de Nada el-Hage, d’Ounsi el-Hage, de Houda al-Naamany et d’Elida d’une musique aux tempi bien levantins et aux vocalises très « callassiennes » (toutes proportions gardées bien entendu). Tentative intéressante même si elles ne sont pas encore définitives ou entièrement concluantes et, en dépit de très nombreuses « rossignolades » et de chromatismes aux fioritures appuyées, ces poèmes chantés sont comme des « lieders » bien de chez nous, taillés avec une certaine dextérité dans la prosodie musicale occidentale avec un esprit bien oriental. Grandes salves d’applaudissements d’un public un peu étonné et séduit. En hommage à ce récital presque réservé au talent polymorphe de Hiba al-Kawas, la municipalité de Beyrouth, a honoré l’artiste de l’Écusson de notre ville, à jamais cosmopolite et à la croisée de toutes les créations. Edgar DAVIDIAN
Le dernier concert de la saison pour l’Orchestre symphonique national libanais, placé sous la houlette de Wojceich Czepiel, avant la grande affluence aux festivals de Baalbeck et de Beiteddine, était sous le signe d’une double alliance. Un concert assez particulier, jetant le pont entre le bel canto occidental et les esquisses orientales d’un art qui s’affirme, mêlant les...