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Actualités - OPINION

Les milieux prosyriens accusent les chrétiens de vouloir obtenir le soutien des USA Les membres de Kornet Chehwane renvoient la balle à leurs détracteurs

Quand le pays et la région traversent une période de crise, les Libanais s’accusent à tort et à travers de collaboration avec l’étranger. De fait, le communiqué publié à l’issue du congrès de l’Union maronite mondiale organisé à Los Angeles a suscité un tollé dans les milieux prosyriens qui en ont aussitôt déduit que la communauté chrétienne du pays avait désormais pris parti pour les États-Unis dans leur politique antisyrienne. Cette campagne contre les chrétiens ne s’est d’ailleurs pas atténuée bien que les membres des Assises de Kornet Chehwane se soient franchement désolidarisés de la partie du communiqué relative au lien établi entre un retrait de l’armée syrienne et le projet de loi présenté au Congrès américain. Interrogé là-dessus, Samir Frangié a expliqué comme suit les raisons pour lesquelles ce paragraphe a été publié : « Les Libanais de l’émigration et ceux qui vivent au Liban n’ont pas la même sensibilité. Il y a un texte libano-arabe qui gère les relations entre le Liban et la Syrie, en l’occurrence, l’accord de Taëf. S’il avait été appliqué, ce genre de discours radical n’aurait certainement pas eu lieu. » D’autre part, les membres de Kornet Chewane qui ont participé à ce congrès ont tenu à se désolidariser de cette partie du communiqué dans l’intention de ne pas impliquer les États-Unis dans toute politique contre la Syrie. M. Frangié renvoie la balle à ceux qui accusent les fractions chrétiennes de vouloir exploiter à leur profit et contre Damas l’influence de l’Administration américaine, en rappelant qu’ils sont eux-mêmes intervenus auprès du président George Bush pour empêcher que celui-ci ne rencontre le patriarche maronite Nasrallah Sfeir, lors de son périple aux États-Unis en 2001. Ils ont même été jusqu’à se plaindre des positions du cardinal Sfeir auprès du pape Jean-Paul II lui-même. Du reste, l’attitude radicale de l’émigré libanais se justifie du fait que ce dernier est continuellement informé d’enlèvements et d’arrestations dont est victime une catégorie déterminée de la population. Samir Frangié souligne dans ce cadre l’importance des propos que l’ancien Premier ministre Omar Karamé a tenus à l’issue de son entretien avec le député Walid Joumblatt. M. Karamé avait estimé en effet que s’il y a aujourd’hui des positions extrémistes, c’est parce que l’État refuse le dialogue. Le radicalisme est donc le résultat de l’attitude de l’État. M. Frangié se demande ainsi pour quelles raisons les arrestations ne concernent qu’une partie de la population. La guerre n’aurait-elle donc engendré que des criminels de confession chrétienne ? Pour ce qui a trait enfin aux relations des Assises de Kornet Chehwane avec Washington, M. Frangié relève que « notre problème essentiel vient d’abord de l’attitude des États-Unis. Il est évident en effet que s’ils trouvaient un règlement équitable au conflit régional, ils aideraient considérablement à la résolution du problème libanais ». L’ancien chef du gouvernement, le général Michel Aoun, affirme pour sa part qu’il n’a jamais discuté avec les responsables américains de l’éventualité d’une confrontation avec la Syrie. Il a simplement insisté sur l’application de la résolution 520 et du rétablissement de la souveraineté au Liban en constatant que l’indépendance du pays est liée depuis dix ans au règlement du conflit régional. Or le général Aoun estime qu’il est temps de dissocier ces deux volets et s’il s’adresse dans ce cadre aux États-Unis, c’est parce qu’ils sont, selon lui, à l’origine de la tutelle imposée au Liban. Il se demande ainsi pourquoi l’intervention de Washington est bénie quand il s’agit d’autoriser la Syrie à rester au Liban, alors qu’elle est maudite dès lors que Damas est prié de quitter le Liban. En tout état de cause, l’ancien Premier ministre ne réclame pas l’évacuation immédiate des forces syriennes. Il demande seulement que Damas établisse un calendrier de retrait, d’autant plus que le président Bachar el-Assad a lui-même affirmé qu’un tel retrait n’avait rien à voir avec un règlement du conflit israélo-arabe. Force enfin est de constater que les interventions régionales et internationales au Liban sont récurrentes depuis 1943. Les parties extérieures ont toujours appuyé une fraction libanaise au détriment d’une autre. Les Libanais eux-mêmes ont également stimulé ces ingérences de sorte qu’ils continuent à être divisés jusqu’aujourd’hui. Émile KHOURY
Quand le pays et la région traversent une période de crise, les Libanais s’accusent à tort et à travers de collaboration avec l’étranger. De fait, le communiqué publié à l’issue du congrès de l’Union maronite mondiale organisé à Los Angeles a suscité un tollé dans les milieux prosyriens qui en ont aussitôt déduit que la communauté chrétienne du pays avait...