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Actualités - REPORTAGE

Tourisme - Tournée de Karam dans certains centres de la montagne Le Metn-Sud et Aley attendent les villégiateurs... et l’infrastructure(PHOTO)

Canalisations d’eau potable inexistantes ou défectueuses, électricité coupée, égouts qui se déversent dans la nature, fonds municipaux qui tardent à sortir de la caisse du ministère des Finances, mauvais état des routes... C’est par des revendications liées aux nécessités les plus élémentaires que les présidents des municipalités de Qornayel, Falougha, Hammana, Sofar, Bhamdoun et Aley ont accueilli le ministre du Tourisme. Le Dr Karam Karam, accompagné de la directrice générale de son département Nada Sardouk et de plusieurs responsables du ministère, a effectué hier une tournée dans ces villages des cazas du Metn et de Aley pour recueillir auprès des autorités locales leurs suggestions pour un développement du tourisme régional. Ce qu’il a rencontré en route ne l’a peut-être pas trop surpris, l’infrastructure dans les régions étant ce qu’elle est douze ans après le retour de la paix civile. Mais la gravité et l’ampleur du problème n’en sont pas moins frappantes, dans un pays où le gouvernement ne jure plus que par la « saison touristique exceptionnelle qui s’annonce ». Certes, le ministre du Tourisme ne peut pas apporter de réponses satisfaisantes à des problèmes qui, bien qu’ayant un impact certain sur les centres de villégiature, ne sont pas de son ressort. Mais M. Karam a tenu à préciser à l’intention de ses interlocuteurs, à chaque étape, que sa mission consistait « à recueillir vos remarques, m’informer sur vos problèmes, afin de les transmettre à la haute commission ministérielle sur le tourisme formée récemment après l’adoption, par le Conseil des ministres, du nouveau plan de développement touristique que nous avons élaboré ». Cette commission est présidée par le Premier ministre, remplacé, en cas d’absence, par le ministre du Tourisme, et « comprend tous les départements concernés ». Est-elle le fruit d’une décision politique susceptible d’apporter de vrais changements ? Toujours est-il que force est de constater que les plaintes des présidents de municipalité et les problèmes qu’ils ont soulevés ne sont pas nouveaux. Quant à la saison estivale qui s’annonce, il y a bien longtemps qu’on en parle et qu’on place en elle tous les espoirs. Pourquoi, dans ce cas, avoir attendu le début de l’été pour agir ? À cette question de L’Orient-Le Jour, M. Karam a répondu que « cette saison ne sera pas la seule, elle sera suivie de beaucoup d’autres ». « Ce à quoi nous aspirons, a-t-il poursuivi, c’est un tourisme florissant toute l’année, en été, en automne, durant les fêtes... Nous sommes en train de jeter les bases d’un développement durable et global du tourisme dans les régions. Quant aux remarques des présidents de municipalité, je les transmettrai à mes collègues de la commission afin qu’elles soient examinées dans leur ensemble. » Il faut noter que cette tournée du ministre sera suivie de plusieurs autres cet été. Des fonds municipaux bloqués Les villages dans lesquels le ministre a choisi de se rendre en premier, soit Qornayel, Falougha, Hammana, Sofar, Bhamdoun et Aley, ont tous été des lieux de villégiature très prisés avant les événements. Très affectés par les combats qui s’y sont déroulés, ils se retrouvent dans une situation délicate aujourd’hui, avec une relance plus ou moins lente. Voilà pourquoi, excepté Bhamdoun et Aley qui semblent avoir connu un développement légèrement plus rapide ces dernières années, les propos des membres municipaux et des habitants trahissent une certaine nostalgie. Ces villages ont un autre point commun : ils sont particulièrement recherchés par les touristes arabes dont plusieurs centaines sont propriétaires de demeures dans la région. Ces fidèles villégiateurs sont d’ailleurs considérés par la population locale comme d’authentiques membres de la collectivité (un Koweïtien qui passe l’été au Liban faisait même partie de la délégation de Bhamdoun qui a accueilli le ministre). Certes, si les responsables municipaux se sont déclarés reconnaissants de l’attention du ministre, certains ne lui ont pas épargné des remarques qui s’apparentaient parfois à des reproches. Ce sont les présidents des conseils municipaux de Hammana et de Charoun, Karim Abou Haïdar et Hafez Saleh (celui-ci avait été convié à participer à la réunion qui s’est tenue à Sofar), qui ont soulevé l’épineuse question des fonds municipaux qui ne parviennent pas à destination. « Si nous pouvions disposer de la moitié des fonds qui nous sont dus, nous exécuterions beaucoup plus de projets », a estimé M. Abou Haïdar. Plus direct, M. Saleh a déclaré « ne pas comprendre pourquoi, alors que le gouvernement semble considérer le tourisme comme une priorité, le ministre des Finances décide de bloquer les fonds municipaux et de paralyser l’action des conseils ». « Nous sommes des élus, pas des fonctionnaires », a-t-il poursuivi. « Nos électeurs payent leurs taxes et nous demandent des comptes. Que leur répondre ? » C’est également lui qui a dénoncé la lourde bureaucratie et le sous-développement dont le Mont-Liban, autrefois si prospère, souffre aujourd’hui. Les problèmes d’eau, d’électricité, d’égouts, de déchets et de dégradation de l’état des forêts de pins ont été soulevés, comme en chœur, par les présidents des conseils municipaux de Qornayel, Hammana et Sofar, respectivement Khaled Aawar, Karim Abou Haïdar et Ghassan Chayya, ainsi que par le vice-président de Falougha, Hussein Andari. « Pourquoi un ressortissant du Golfe viendrait-il dépenser son argent dans une localité où les routes sont si délabrées, pour ne citer que cet exemple ? » a fait remarquer M. Andari. Par ailleurs, une tournée dans ces régions, même rapide, permet d’en découvrir les atouts, autant naturels que patrimoniaux. On peut, à ce titre, évoquer les merveilleuses pinèdes qui s’étendent de Monteverde jusqu’à Qornayel, en passant par Kseibeh. Ou encore le remarquable bâtiment historique qui sert aujourd’hui de siège au conseil municipal de Falougha (un village qui n’avait pas moins de 12 hôtels, dont ne subsistent plus que trois). Sans oublier, surtout, ce joyau encore passablement négligé qu’est Sofar. Pour sa part, M. Karam a inévitablement axé ses brèves interventions sur « l’importance de l’individu libanais, principal atout touristique du pays ». Il a poussé ses interlocuteurs à compter sur les initiatives individuelles et sur la société civile, véritable moteur du développement. Les deux dernières étapes du périple de M. Karam ont apporté une note plus positive. À Bhamdoun, le dynamique Osta Abou Rjeilé a considéré que son village « est aujourd’hui équipé pour recevoir les touristes ». C’est dans un hôtel, le Sheraton, Four Points, qu’il a reçu son hôte. Enfin, à Aley, le ministre a fait quelques pas avec le président Wajdi Mrad qui lui a fièrement montré les nouvelles institutions touristiques qui ont ouvert leurs portes dans la ville. On ne peut toutefois s’empêcher de remarquer que les nombreux palmiers (un arbre loin d’être caractéristique de la région) nouvellement plantés au bord des routes détonnent un peu avec le cachet traditionnel de la ville et la nature environnante. La journée s’est terminée par un déjeuner offert par le ministère du Tourisme au restaurant « Al-Karma », à Dahr el-Wahech (Aley). Suzanne BAAKLINI
Canalisations d’eau potable inexistantes ou défectueuses, électricité coupée, égouts qui se déversent dans la nature, fonds municipaux qui tardent à sortir de la caisse du ministère des Finances, mauvais état des routes... C’est par des revendications liées aux nécessités les plus élémentaires que les présidents des municipalités de Qornayel, Falougha, Hammana,...