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Actualités - OPINION

Entre Baabda et Kornet Chehwane, des échanges mais pas de dialogue véritable

Selon des sources informées, il n’y a pas, et il n’y aura pas, de dialogue officiel entre Baabda et Kornet Chehwane. Mais des rencontres informelles, singulières ou plurielles. D’après ces sources, les cercles proches de la présidence ont pris soin de court-circuiter tout processus d’ouverture sur l’opposition, par des fuites savamment distillées en direction des médias. Pour indiquer d’avance que nombre de sujets étaient voués à l’impasse. En raison de l’intangibilité des positions du président Lahoud à leur égard. Ces questions, qui ne se prêtent donc à aucune négociation, ce qui réduit pratiquement à zéro le champ d’un vrai dialogue, s’énumèrent comme suit : – La libération du Dr Samir Geagea, comme coup d’envoi d’une réconciliation nationale qui a trop tardé. Sur ce point, les loyalistes se dérobent par la globalisation. À les en croire, en effet, la question doit faire l’objet d’une concertation libanaise générale et ne peut être traitée uniquement avec le chef de l’État. Parce qu’il ne faut pas considérer qu’il y est particulièrement concerné, voire qu’il en est seul responsable. D’autant que le dossier intéresse au plus haut point de grandes familles comme les Karamé et les Frangié. – Le retour, sans conditions, du général Michel Aoun, ainsi que de tout autre exilé ou ostracisé. Là aussi, les proches de la présidence répondent qu’il faut en passer par un dialogue général. Parce qu’il existe des parties que le général a combattues, dont il a bombardé les régions et dont on ne peut négliger l’avis. Bien sûr, les aounistes réfutent cet argument. En soulignant, par une contre-allusion au matraquage des environs de l’Unesco, qu’il est facile de déterminer le véritable responsable de ce carnage. Et en ajoutant qu’en tout cas, les bombardements réciproques du temps de guerre n’ont épargné aucune région. – Le redéploiement des forces syriennes en vue de leur retrait, conformément aux dispositions de Taëf comme de la 520, pour le rétablissement de la souveraineté et de l’indépendance nationales. Le pouvoir a adopté à ce propos, comme on sait, une attitude tranchée définitive : la présence militaire syrienne est nécessaire et légale, bien que provisoire. Le redéploiement s’effectue en base de données stratégiques ou sécuritaires uniquement. C’est-à-dire sans tenir compte d’autres considérations. Ajoutant que dans la délicate situation régionale actuelle, marquée par les menaces israéliennes contre le Liban comme contre la Syrie, et en l’absence d’un consensus national, le sujet ne doit pas être abordé. Une position officielle rejointe, on ne l’ignore pas, par M. Walid Joumblatt, qui diverge donc sur ce point avec la Rencontre de Kornet Chehwane. D’ailleurs, dans ce cadre, la proclamation du congrès maronite de Californie a provoqué une réaction en flèche du leader mentionné. Ce qui rend plus difficile, voire tout à fait aléatoire, le dialogue qu’il a lui-même engagé avec l’opposition de l’Est. M. Joumblatt insiste désormais sur la dimension arabe du Liban et sur ses liens organiques avec la Syrie. Il convient de souligner, du reste, que l’attitude par rapport à cette puissance diffère entre les membres mêmes de Kornet Chehwane, dont certains sont favorables à un assouplissement au titre des impératifs de lutte commune contre Israël. – L’envoi de l’armée au Sud. Le pouvoir tout entier, Baabda en tête, refuse d’en entendre parler. De plus, l’État soutient la Résistance et affirme qu’elle garde le droit d’agir tant que les hameaux de Chebaa, libanais à ses yeux, restent occupés. Et tant que les prisonniers libanais détenus en Israël ne sont pas libérés. Pour conclure, les loyalistes rappellent, avec une modestie qui les honore, que Baabda n’est pas le seul détenteur du pouvoir exécutif pour être le seul interlocuteur de l’opposition dans un éventuel dialogue politique. Quant au camp d’en face, il fait valoir qu’en tout cas ce dialogue n’aurait pas de sens s’il devait éluder des questions essentielles d’ordre national. D’autant que les rangs du pouvoir sont divisés sur plus d’un sujet et qu’on ne saurait en obtenir de réponses claires. Une remarque qui s’applique d’ailleurs également à l’opposition elle-même, notamment à Kornet Chehwane, où les avis restent divergents sur diverses questions. Émile KHOURY
Selon des sources informées, il n’y a pas, et il n’y aura pas, de dialogue officiel entre Baabda et Kornet Chehwane. Mais des rencontres informelles, singulières ou plurielles. D’après ces sources, les cercles proches de la présidence ont pris soin de court-circuiter tout processus d’ouverture sur l’opposition, par des fuites savamment distillées en direction des...