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Actualités - OPINION

Aoun n’admet pas cette classification L’extrémisme au centre d’une vive controverse sémantique

Le général Michel Aoun s’agace des accusations d’extrémisme portées contre lui. Il y répond en affirmant que si réclamer la souveraineté c’est être radical, alors nul ne l’est plus que lui. Puis il se demande ensuite si le modérantisme est synonyme d’acceptation de l’actuel État (de fait). Et de laxisme à l’égard de la libre décision autonome libanaise. Pour le fond, il est évident que tout bon citoyen convient avec le général Aoun qu’il faut s’attacher avant tout à la souveraineté, à l’indépendance et à la liberté de décision nationales. L’extrémisme n’est pas dans la défense de ces principes premiers. Mais dans les méthodes suivies. C’est là que le bât blesse, à en croire les contempteurs de l’ancien président du Conseil. Qui lui reprochent un style abrupt, peu susceptible de faire progresser la cause. Un ancien ministre témoigne à ce sujet qu’ayant rencontré le général Aoun lors de son règne, il lui avait déjà suggéré de modifier son approche. Parce que les circonstances régionales et internationales n’y étaient pas propices. Et qu’en définitive cela risquerait de déboucher sur de regrettables aléas. Ce point de vue s’est trouvé confirmé dans les faits. La guerre dite de libération, inopportune selon cette personnalité, s’est terminée par une débâcle. Aujourd’hui, les mêmes critiques reprennent, en revêtant bien évidemment le costume de l’actualité. C’est-à-dire que, toujours selon les mêmes sources, il serait erroné de miser sur un changement d’optique US concernant le cas libanais. À les en croire le mieux, c’est encore une attitude de wait and see. D’autant que les espérances placées jadis dans un virage américain en faveur de l’indépendance du Liban ont toutes été déçues. Mais si la position de Washington n’entrait pas en ligne de compte ? Si le camp souverainiste militant pariait sur la volonté des Libanais eux-mêmes, et sur rien d’autre ? Dans ce cas, répliquent les mêmes pôles, il ne faudrait pas que l’étendard reste brandi par une seule faction. Ni qu’elle cherche à imposer ses vues tactiques à d’autres composantes du paysage politique local. En d’autres termes, du moment que tout le monde est d’accord sur les constantes nationales, il faut laisser le mouvement suivre naturellement sa pente et mûrir. En gardant son essence même, entendre un cachet véritablement national, sans clivage communautaire. À dire vrai, et ces mêmes sources se hâtent d’ailleurs de le souligner, il faut quand même prendre soin de s’accorder d’abord sur une définition concrète claire des termes-clés. Est-ce que la souveraineté, l’indépendance et la liberté de décision signifient qu’il faut renoncer à toute interaction avec le monde arabe, et singulièrement avec la Syrie ? Il est évident que la majeure partie des Libanais n’admettent pas que ces vocables débouchent sur un impossible isolationnisme. Il est également clair que ce pays composite doit cultiver le consensus, pour rester uni. Sauf si l’on veut envisager un divorce entre chrétiens et musulmans. Or, ces deux composantes ont réalisé dès les années trente qu’elles ne peuvent vivre l’une sans l’autre. C’est bien pourquoi l’indépendance a été décrochée en 1943, autour du thème central « ni l’Est ni l’Occident. » Les Libanais ont donc décidé ensemble qu’il n’y aurait plus de mandat français, mais aussi qu’on ne songerait plus à une fusion avec la Syrie. Aujourd’hui, l’histoire semble repasser le même plat en sens inverse. Aussi, la partie qui souhaite larguer la tutelle syrienne a-t-elle besoin, pour réussir, d’un soutien sans faille de l’autre camp local. Ce qui implique l’organisation d’un dialogue élargi, en vue de dénominateurs communs, et d’un programme d’action, bien définis. Il reste à savoir, en pratique, si des échanges avec le général Aoun peuvent donner des résultats tangibles. Autrement dit, s’il peut y avoir moyen de tomber d’accord avec lui sur le style à adopter. Il répète pour sa part qu’on n’a pas le droit de le taxer d’extrémisme quand il réclame l’application de la résolution numéro 520 du Conseil de sécurité de l’Onu qui ordonne le retrait de toutes les forces étrangères. Il ajoute qu’il ne s’est pas rendu à Washington pour dresser les Américains contre les Syriens. Qu’il ne mise pas sur les États-Unis pour obtenir gain de cause. Et qu’il est partisan de relations privilégiées avec la Syrie, à condition que le Liban redevienne indépendant, ce qui est du reste dans l’intérêt même de son partenaire. Il souligne que sa formation a compté parmi les fondateurs de Kornet Chehwane, dont elle s’est retirée ensuite pour des raisons circonstancielles. Ajoutant que l’alliance sur le terrain durant la bataille de la partielle du Metn ouvre de nouveaux horizons. Pour conclure qu’il ne veut se fâcher avec personne, tant que les constantes ne sont pas en cause. Émile KHOURY
Le général Michel Aoun s’agace des accusations d’extrémisme portées contre lui. Il y répond en affirmant que si réclamer la souveraineté c’est être radical, alors nul ne l’est plus que lui. Puis il se demande ensuite si le modérantisme est synonyme d’acceptation de l’actuel État (de fait). Et de laxisme à l’égard de la libre décision autonome libanaise. Pour...