Le Liban fait part aux Cinq Grands de son inquiétude face aux menaces d’Israël

Le ministre des Affaires étrangères Mahmoud Hammoud a fait part hier aux ambassadeurs des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu de l’inquiétude du Liban face aux menaces d’Israël et a démenti les « allégations » israéliennes. Il s’est réuni à cet effet avec MM. Vincent Battle (États-Unis), Philippe Lecourtier (France), Vladimir Bolodine (Russie), Liu Zhentang (Chine) et Richard Kinchen (Grande-Bretagne), au palais Bustros. « Je les ai convoqués pour leur demander de transmettre à leurs gouvernements le démenti du Liban au sujet des allégations d’Israël concernant l’arrivée d’armements ou de missiles ou la présence de membres d’el-Qaëda », a indiqué le ministre à la presse à l’issue de sa réunion avec les diplomates. Il a ajouté avoir demandé aux ambassadeurs « d’informer leurs gouvernements de ce climat de tension qui intervient au seuil d’un été qui s’annonce prometteur pour le tourisme au Liban », estimant que la « campagne d’allégations et d’intimidations ne dupe personne ». « Nous poursuivrons nos contacts avec l’Onu et appelons la communauté internationale et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité à demander à Israël de cesser ses menaces et intimidations », a précisé le ministre . La veille, une source officielle avait indiqué dans un communiqué que Beyrouth entendait mener « une action préventive » auprès des grandes puissances et de l’Onu pour faire face aux menaces d’Israël et ses « campagnes médiatiques mensongères » contre le Liban. Le texte se référait notamment aux déclarations du chef d’état-major israélien, Shaoul Mofaz, mercredi, devant une commission parlementaire, faisant état d’un plan du Hezbollah de mener une attaque d’envergure contre Israël avec l’aide de Damas et Téhéran. Selon le communiqué, « l’action diplomatique » du Liban intervient après qu’Israël eut réitéré ses menaces et ses accusations mensongères selon lesquelles le Liban abrite des membres d’el-Qaëda, une accusation lancée par les responsables israéliens dès janvier 2002. Selon M. Hammoud, les menaces israéliennes « ont un double objectif, libanais et arabe. Elles visent à embarrasser le Liban et à porter un coup à son économie, en compromettant la saison estivale. Elles visent aussi à porter atteinte à l’initiative de paix arabe ». Pour le ministre des AE, ces menaces ont pour but aussi « de détourner l’attention de l’opinion publique en Israël des problèmes auxquels fait face le gouvernement israélien ». « La communauté internationale doit assumer sa part de responsabilité dans la réponse à ces menaces », a-t-il ajouté. M. Hammoud a également été informé par les ambassadeurs des cinq pays membres du Conseil de sécurité qu’« Israël a entamé des contacts pour étayer ses allégations, que le Liban dément catégoriquement ». « Je peux vous assurer qu’Israël a peur de la paix, qu’Israël ne souhaite pas la paix, qu’il se dérobe à l’échéance de la paix que nous voulons juste et globale, afin qu’elle soit permanente », a conclu M. Hammoud. Les camps palestiniens Selon une source diplomatique étrangère à Beyrouth citée par notre correspondant Khalil Fleyhane, ce sont surtout les camps palestiniens qui pourraient faire les frais des menaces israéliennes, si elles sont suivies d’effet. Le président des États-Unis ne peut ne pas être sensible au thème de la présence de membres d’el-Qaëda dans les camps du Liban, et Israël joue habilement de cette note, en multipliant ses « ballons d’essai », ajoute la source citée. Et de conseiller aux responsables libanais de fournir à Washington « les preuves concrètes qu’il n’existe pas au Liban d’éléments d’el-Qaëda », de demander à Israël de les identifier, puisqu’il les connaît et, enfin, de bien souligner que l’armée libanaise a été la première au monde à livrer directement bataille à cette organisation, dans le « jurd » de Denniyé.