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Actualités - CHRONOLOGIE

VIE POLITIQUE - Nouvelles donnes après l’élection partielle du Metn Les Kataëb ne veulent plus d’une allégeance ambiguë

La partielle du Metn a bouleversé toutes les données sur la scène chrétienne, dans cette région en particulier et au Liban en général. Le feuilleton politico-familial entamé avec la campagne pour élire un remplaçant au député Albert Moukheiber n’est pas encore terminé. Après les Murr et les Lahoud, c’est désormais sur le terrain des Kataëb que tout se joue et, pour les dirigeants du parti, le divorce avec les Gemayel, père et fils, est devenu irréversible. Lors de son élection à la tête du parti, Karim Pakradouni avait, de son propre aveu, voulu donner une chance à la réconciliation au sein des Kataëb. Il avait même, à plusieurs reprises, tendu la main à l’ancien président de la République Amine Gemayel, au Dr Élie Karamé et à d’autres membres de l’opposition, misant, malgré tout, sur un sursaut partisan, notamment après avoir exprimé ouvertement son intention de restructurer le parti, de manière à consolider ses institutions. Il n’a reçu que des réponses sarcastiques, couronnées par un discours enflammé de cheikh Amine. Se sentant insultés dans leur dignité, les membres du bureau politique ont voulu réagir, mais le timing, à la veille de l’élection partielle du Metn, n’était pas trop favorable à des décisions claires et définitives. D’autant que l’allié du parti, Michel Murr, misait sur un possible apport de voix des partisans des Gemayel pour sa fille, Myrna. L’élection ayant donné lieu au mélodrame que l’on sait, les Kataëb ont préféré attendre avant de rouvrir le dossier des Gemayel et de leurs partisans. Mais ceux-ci, forts de la victoire de l’opposition, avec l’élection de Gabriel Murr, ont poursuivi leur campagne contre les dirigeants du parti, espérant, traduire en acquis concrets à Saïfi, leur popularité confirmée au Metn. Cheikh Amine et son fils Pierre ont donc fustigé la direction du parti, affirmant que celle-ci fait désormais partie du passé et cette dernière a répondu en adressant, mercredi, un vif avertissement aux Gemayel, mais aussi au député Antoine Ghanem. Selon une source proche de cette direction, la décision est prise et elle ne peut qu’aboutir à un divorce. Ce n’est même pas un pari risqué, puisque le scrutin du Metn a montré qu’il a été impossible de prendre une voix aux Gemayel, de même qu’ils ne se sont pas appropriés les voix du parti. « Maintenant, les choses sont claires, précise la source. Ils ont leurs partisans qui, quoi que nous fassions, ont choisi leur camp et nous avons les nôtres que nous devons protéger. Ils sont donc plus forts au Metn, mais nous garderons Saïfi et les autres régions du Liban. » La double allégeance et l’ambiguïté ne seraient donc plus dans l’intérêt de l’actuelle équipe dirigeante du parti, déterminée à aller jusqu’au bout, pour dégager les Kataëb de l’influence des Gemayel. Selon la même source, toutes les tentatives de réconciliation ont échoué parce que cheikh Amine ne peut concevoir d’autre président que lui au parti. Il avait même renouvelé il y a quelques mois sa carte de membre, sous la direction de Mounir el-Hajj, qu’il ne cessait de critiquer par ailleurs, dans la prespective de se présenter aux élections pour la présidence du parti. La source précise que son fils, le député Pierre Gemayel, n’aurait pas de carte de membre et elle comprend mal comment il se permet de parler au nom du parti. Kornet Chehwane et les graines de la division De toute façon, la source Kataëb estime qu’il n’est plus utile de s’arrêter à ce genre de considérations, le bureau politique ne pouvant plus se permettre de transiger sur les questions de la double allégeance et il vaut mieux limiter les dégâts au Metn et tenter de construire de véritables structures pour le parti à partir du siège central et sur des bases saines et claires. Le contentieux promet donc de se développer et, entre les deux parties, les ponts ne semblent pas devoir être rétablis. L’élection partielle du Metn aura donc permis aux deux camps de mesurer leurs forces respectives. La décision d’en finir avec « l’exception Gemayel » ne serait donc pas motivée par des encouragements de la part du pouvoir pour affaiblir Kornet Chehwane. « C’est un processus inévitable, déclenché par l’intransigeance de l’ancien président de la République. De plus, Kornet Chehwane n’a pas besoin du pouvoir pour s’affaiblir. Le rassemblement porte en lui-même les graines de la division », souligne la source précitée. Les divergences au sein du rassemblement devraient s’amplifier, ajoute-t-elle, en raison notamment de l’action qualifiée d’unilatérale du député Nassib Lahoud, qui s’est rendu seul, chez le chef de l’État, puis chez le leader druze Walid Joumblatt et qui compte rencontrer le général Aoun sans ses alliés, notamment les Gemayel. Nassib Lahoud se rapprocherait-il de Joumblatt, en s’éloignant des Assises de Kornet Chehwane ? La source précitée laisse entendre que Walid Joumblatt souhaiterait former un nouveau front qui comprendrait le ministre Sleimane Frangié, avec lequel il compterait se rapprocher prochainement, et dans lequel il souhaiterait inclure son allié Nassib Lahoud et Samir Frangié entre autres, mais pas nécessairement tous les membres du rassemblement. Dans ce cas, que deviendrait Kornet Chehwane ? Il est sans doute trop tôt pour répondre à cette question, d’autant que rien de concret ne s’est produit jusqu’à maintenant. Ce qui est sûr, c’est que l’élection partielle du Metn a bouleversé les cartes sur la scène chrétienne et sur le plan du dialogue entre les chrétiens et Walid Joumblatt. Pour la première fois depuis longtemps, des données nouvelles sont en train d’apparaître, sur fond de crise régionale. Qui remportera la mise ? Rien n’est encore joué. Scarlett HADDAD
La partielle du Metn a bouleversé toutes les données sur la scène chrétienne, dans cette région en particulier et au Liban en général. Le feuilleton politico-familial entamé avec la campagne pour élire un remplaçant au député Albert Moukheiber n’est pas encore terminé. Après les Murr et les Lahoud, c’est désormais sur le terrain des Kataëb que tout se joue et, pour...