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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION - Une installation-photo signée Roger Moukarzel à la crypte de l’église Saint-Joseph « Le voile », transparent et multiple(photos)

«Le voile est aujourd’hui assimilé dans le monde entier à la femme musulmane. J’ai voulu démontrer que c’est là une idée fausse. Et montrer, outre son aspect esthétique, qu’il est commun aux différentes confessions religieuses de notre société. Il est donc en quelque sorte un symbole unificateur », voilà en quelques mots le manifeste photographique de Roger Moukarzel, qui présente, dans le cadre du Mois de la photo, jusqu’au 30 juin à la crypte de l’église Saint-Joseph des pères jésuites (rue de l’Université Saint-Joseph), une très belle installation, intitulée « Le voile ». Photographe de talent, qui porte souvent sur les êtres un regard d’ethnologue, Roger Moukarzel préfère aux images qui « montrent » celles qui « disent » quelque chose. C’est pourquoi, régulièrement, en parallèle à ses clichés publicitaires ou de presse, il réalise des travaux plus personnels, où la photo est matière à réflexion, voire même à une prise de conscience. On se souvient de « Trait portrait », qu’il avait présentée au cours du Mois de la photo en 1998 (et qui avait été couronnée par un prix du ministère français de la Culture), une exposition qui portait « sur les gens humbles et authentiques» du Liban profond dans toutes ses communautés, et qui avait été qualifiée par notre confrère, le critique d’art, Joseph Tarrab, de « véritable essai d’ethnographie comparée ». C’est un peu dans le même esprit bienveillant et engagé en faveur du respect de l’humain qu’il a conçu la présente exposition, au message « antiviolence, antifanatisme », tient à souligner cet ancien reporter de guerre pour les agences Sigma et Reuters. Variations sur un même thème Prises en instantané, une technique que ce regard d’une acuité imperturbable maîtrise à fond, les images de voiles, symbole par excellence d’opacité, sont traitées paradoxalement en transparence. De format carré, six grandes photos en couleurs (2,50m x 2,50m), imprimées sur du gélatine transparent, offrent six variations sur le voile, à travers six portraits de femmes voilées de six communautés différentes. Ces visages de femmes, sereins et souriants, sont suspendus (façon panneaux libres) au plafond, de part et d’autre, du hall de la crypte. Pour leur donner de la netteté et de la profondeur, des tentures blanches, éclairées du sol et par le fond, sont accrochées, en parallèle, de part et d’autre des murs en pierre de taille de la salle, plongée, par ailleurs, dans l’obscurité. Cela donne une ambiance recueillie, qui s’accorde parfaitement avec le côté sacré du lieu, et qui met en valeur l’expression des visages photographiés. De la religieuse orthodoxe, au regard d’une ineffable douceur et à la tête bien prise dans son monacal voile noir, à la paroissienne grecque-catholique au voile en dentelle gracieusement posé sur les cheveux pour aller communier, selon une coutume aujourd’hui en voie de disparition ; en passant par le châle en laine posé sur la tête d’une sympathique maronite de la montagne ; l’élégant voile blanc d’une austère veuve druze ; celui noué en foulard d’une joviale sunnite et l’écharpe enroulée autour de la figure d’une jeune chiite au regard déterminé ; ces visages si différents dégagent cependant un même message de sérénité et de fraternité. Dans la salle du fond, deux clichés géants et défragmentés chacun en quatre panneaux, noir, jaune, rouge et bleu, se balancent au centre de la pièce offrant des vues d’enfants faisant voler un long voile au vent. Une thématique inversée donc pour une image d’avenir, de renouveau et de liberté véhiculée par… le voile. Une exposition tridimensionnelle et non conventionnelle sur un sujet synonyme de conventions. À ne pas rater. Zéna ZALZAL * L’exposition est ouverte tous les jours de 14h à 20h.
«Le voile est aujourd’hui assimilé dans le monde entier à la femme musulmane. J’ai voulu démontrer que c’est là une idée fausse. Et montrer, outre son aspect esthétique, qu’il est commun aux différentes confessions religieuses de notre société. Il est donc en quelque sorte un symbole unificateur », voilà en quelques mots le manifeste photographique de Roger...