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Actualités - INTERVIEWS

Interview - Il faut initier un dialogue franc avec le pouvoir, affirme le député du Metn Pierre Gemayel : Insuffler aux jeunes une volonté de changement(photo)

Pierre Gemayel fait partie des nombreuses personnalités de l’opposition qui ont œuvré pour la victoire de Gabriel Murr au Metn. Une victoire qui a notamment permis à la « base Kataëb », courant de l’ancien président de la République Amine Gemayel, de faire ses premières armes sur le terrain. Dans le cadre d’une bataille contre Michel Murr, certes, mais contre ses alliés aussi, le président du parti Kataëb, Karim Pakradouni, en tête. Deux semaines après la partielle, Pierre Gemayel met encore en exergue « l’enjeu politique » qu’elle constituait : empêcher « la dérive anarchique » de se poursuivre et « l’apartheid politique qui vise les chrétiens » de s’établir définitivement, à travers un « référendum pour la démocratie ». Un « challenge » pour les courants politiques chrétiens, qui, dans un « souci d’efficacité », devaient, selon lui, « exprimer haut et fort leur position politique favorable à un changement » dans l’équilibre des forces politiques. « Il était important surtout d’insuffler aux jeunes la volonté de changer quelque chose, de paver la voie à un avenir meilleur », souligne-t-il. Surtout, dit-il, que la communauté chrétienne a été poussée au boycottage dans le but de la sortir complètement de l’équation politique. « Mais les gens du pouvoir, précise M. Gemayel, n’ont pas voulu croire en la volonté de changement. Pour une bonne raison: ils sont expressément visés. Eux et pas l’État, contrairement à tout ce qui a été dit ». Il ne limite pas pour autant cette victoire à la simple communauté chrétienne. « Elle appartient à tous les Libanais, toutes régions et communautés confondues », assure-t-il. Cette volonté de changement est le point commun qui unit les forces politiques qui ont constitué le front pro-Gabriel Murr, affirme le député. « Il fallait initier un changement, commencer quelque part. Le changement doit se faire de l’intérieur. Nous devons nous accrocher à notre système démocratique et, à partir, de là, lancer un renouveau. » Et de noter, au passage, que « les Libanais se sont souvent identifiés à des personnes », des leaders. « Voilà que nous avons enfin pu les réunir autour d’une cause ». Pense-t-il que les atermoiements du pouvoir dans l’annonce des résultats visaient à ternir la victoire de l’opposition? « Leurs médiocres échappatoires n’ont fait qu’amplifier notre victoire. Nous avons gagné malgré tout ce qu’ils ont fait durant ces élections: une loi électorale injuste à la base, la mobilisation de tous les services de l’État pour briser les gens... C’était rocambolesque ». S’agissait-il d’un référendum contre la présence syrienne au Liban, comme le perçoivent certains leaders de l’opposition ? « C’est d’abord un référendum contre le pouvoir en place, qui n’a pas su se constituer en État, mais a dégénéré en dictature, en quelque sorte. Mais il est vrai qu’il reflète également la nécessité de rééquilibrer les relations entre les deux pays sur la base de la souveraineté. Les rapports actuels ont complètement effacé les caractéristiques du Liban, son indépendance et sa souveraineté. Il faut mettre un terme aux ingérences dans la vie politique libanaise et établir des relations horizontales. Cela nécessite l’application de l’accord de Taëf et un retrait total de l’armée syrienne. » Et de souligner : « C’est le pouvoir qui a inclus la Syrie dans le système libanais. » En ce qui concerne la participation de la base Kataëb à la partielle du Metn, Pierre Gemayel évoque la bataille « politique » qui oppose la base du parti à la direction de Saïfi. « Cette victoire est aussi celle de ces jeunes », estime-t-il, espérant qu’elle aura des incidences sur la situation du parti : « Nous avons prouvé que nous sommes toujours là. Le bureau politique ne représente pas les convictions profondes de la base. » Pierre Gemayel appelle l’État à œuvrer pour une réconciliation générale, dans le cadre de laquelle les partis placés en quarantaine depuis dix ans par le pouvoir seraient restructurés et revitalisés. Le dialogue qu’il projette, avec la participation de toute l’opposition, requiert un travail de longue haleine. Il insiste sur l’ouverture d’un dialogue franc et sincère pour éviter un nouveau 7 août. Un dialogue pour le changement. Et pas deux monologues, comme par le passé. Michel HAJJI GEORGIOU
Pierre Gemayel fait partie des nombreuses personnalités de l’opposition qui ont œuvré pour la victoire de Gabriel Murr au Metn. Une victoire qui a notamment permis à la « base Kataëb », courant de l’ancien président de la République Amine Gemayel, de faire ses premières armes sur le terrain. Dans le cadre d’une bataille contre Michel Murr, certes, mais contre ses...