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Actualités - OPINION

Bloc-notes Éloge de la fuite...

Tout va bien, tout va mal en même temps, c’est toujours la même chose. Ainsi pour le Liban, où l’on annonce un excellent été touristique, l’abolition dès demain de l’inommable mazout des pots d’échappement qui nous empestent tous les jours, la tenue, à la date dite, du sommet de la francophonie (dont le calendrier nous a presque rendus superstitieux...), mais la persistance de la crise économique, mais la régulière fuite des cerveaux, mais les gros sabots de la fraude électorale à peine évitée, il y a quelques jours, par un de ces micmacs dont le « Clochemerle » libanais détient le secret. C’est à peu près ce que disent les gazettes et les gens, en ce début de juin traversé par la canicule. Bon, ce n’est pas la peine de continuer sur le ton de l’euphorie et celui de la complainte. Parler d’autre chose n’est guère difficile pour qui s’est sagement réfugié dans la lecture, par exemple, comme moi qui ai trouvé à Beyrouth quatre tomes sur cinq du Bloc-notes de François Mauriac. Laissons les amateurs se battre encore pour savoir si l’homme de Malagar a été meilleur journaliste que romancier, et profitons de cette relecture pour saluer à la fois l’auteur gaulliste et l’Histoire immédiate à laquelle il s’exposa si longtemps. Pour qualifier de « mule aveugle » la droite française aux débuts de la guerre d’Algérie, et la chance qui fit trouver ces livres, aujourd’hui au Liban où, il faut continuer à le dire, on ne trouve rien en général. Que les lecteurs m’excusent de prendre ainsi la tangente pour me replonger dans la guerre d’Algérie et la politique française si vigoureusement traitée au fil des volumes par un observateur d’élite, dans une France d’il y a plus de trente ans, et qui n’a pas pris une ride pour celui qui l’aborde à nouveau aujourd’hui pour en revivre l’histoire immédiate. Privilège de l’âge, j’avoue avoir vécu le temps couvert par ces livres de poche (1), dont le témoignage est plus vivant que jamais. Mais je ne venais pas vous parler aujourd’hui de François Mauriac, je ne venais, à vrai dire, vous parler de rien de précis sinon du temps qui passe en ce prélude d’été où l’enfer terroriste (pour employer un mot très utilisé par les médias...) est à notre porte, en Palestine, où Sharon remet en question des acquis reconnus depuis longtemps par les Nations unies, face à un Bush nourri du lait des bons sentiments chrétiens et guère beaucoup plus, et qui défend ce qu’il croit sincèrement être l’intérêt de son pays, neuf mois seulement après le « choc Ben Laden ». Comment, pour raison garder, de pas chercher à se réfugier dans la littérature, forme d’évasion qui en vaut une autre. Moi, je vais retrouver l’homme des Landes et son étonnante verve. Oublié, le clan des Murr et les attentats-suicide, le temps d’une plongée dans le style du jeune homme, de l’académicien, du Nobel qu’il fut, ce Mauriac de France. Terrible Beyrouth où la quantité statistique que je représente compte déjà trois amis renversés par des voitures avec des malheurs divers. Piétons attention ! Amal NACCACHE (1) Le Seuil, collection Points.
Tout va bien, tout va mal en même temps, c’est toujours la même chose. Ainsi pour le Liban, où l’on annonce un excellent été touristique, l’abolition dès demain de l’inommable mazout des pots d’échappement qui nous empestent tous les jours, la tenue, à la date dite, du sommet de la francophonie (dont le calendrier nous a presque rendus superstitieux...), mais la...