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Actualités - CHRONOLOGIE

Colloque France-Levant - Chercheurs et étudiants réunis depuis mercredi à Lyon Hamadé : La France doit, dans un élan gaullien, servir de locomotive à l’Europe

Lyon - De Fady Noun «La France peut et doit s’affirmer comme la puissance capable d’engager les dialogues, de proposer les compromis et de trouver les solutions qui en feraient, avec l’Europe, la championne d’une paix juste et globale au Moyen-Orient. La France peut et doit, dans un élan gaullien, servir de locomotive à une Europe en mal de politique étrangère cohérente et crédible. » Cette proposition figurait hier au cœur de la conférence donnée par M. Marwan Hamadé, ministre des Déplacés, au salon des conférences de l’hôtel de ville de Lyon, dans le cadre du colloque France-Levant qui s’est ouvert mercredi. Le colloque constitue un temps fort du partenariat qui associe les chercheurs et les étudiants de l’ Institut d’histoire du christianisme (Université de Lyon 3), du Centre André Latreille (Université Lyon 2) et de l’Institut des études islamo-chrétiennes (Université Saint-Joseph, Beyrouth). Devant un parterre de personnalités où figuraient le président et les membres du conseil général du Rhône, le recteur de l’Université Jean-Moulin, le recteur de l’USJ, le professeur Delpal et le P. Louis Boisset, directeur de la faculté des sciences religieuses de l’USJ, l’ambassadeur du Liban en France Élysé Alam, l’ancien ministre M. Michel Eddé, M. Basile Yared, conseiller de M. Rafic Hariri ainsi que le comité d’organisation du colloque, M. Hamadé a débordé « le cadre plutôt étriqué de la France au Levant pour l’élargir à celui de la France au Moyen-Orient ». C’est à travers le prisme de « la date fatidique du 11 septembre » qu’il a scruté le passé de « la France impériale », pour mieux soupeser le poids de son présent et « l’hypothèse » du rôle que l’histoire pourrait lui impartir. Et au Liban avec elle. Sur la toile de fond de « la troisième guerre mondiale » déclenchée par les attentats du 11 septembre, M. Hamadé a commencé par constater que « des ruines de Manhattan à celles de Jénine en passant par Kaboul ou Mazar el-Charif (...) on redécouvre une constante que nous avons souvent, mais sans succès, souligné à tous les vents : à l’origine de tous ces maux, il y a une injustice perpétrée et perpétuée en Palestine. » Mais, ajoute-t-il, le monde arabe semble exclure la France du ressentiment nourri envers l’Occident et se montre au contraire sensible à ce que l’Europe laisse miroiter comme « promesse de frontières ouvertes (...) prises de conscience méditerranéenne ». « C’est à partir de là, ajoute-t-il, que je souhaite vous soumettre une hypothèse qu’il nous reste, ensemble, à confirmer. La France, impériale au Moyen-Orient après s’être débarrassée de son impérialisme, peut et doit s’affirmer comme la puissance capable d’engager les dialogues, de proposer les compromis et de trouver les solutions qui en feraient, avec l’Europe, la championne d’une paix juste et globale au Moyen-Orient. » Sans nier ou minimiser les difficultés , M. Hamadé soutient que « le Moyen-Orient , par sa géographie, ses ressources et ses affinités culturelles offre à l’Europe son premier vrai créneau de présence et d’autorité post-coloniale », estimant que « ce goût de l’effort, Paris seul peut le redonner à une Europe, un peu trop arrimée à l’Amérique (...) mais encore heureusement nostalgique de ses sources latines et de sa vocation méditerranéenne. » Choc ou dialogue des civilisations? Mais, ajoute M. Hamadé, au cas où cette troisième guerre mondiale qu’est « la lutte contre le terrorisme » se transforme en réalité, où se placerait la France ? « Les valeurs propres à la France, en gestion depuis les Philosophes, écloses en 1789, défendues depuis par les Républiques successives seraient-elles balayées par les nouvelles inquisitions? » On voit mal la France se complaire dans la diabolisation d’un milliard d’être humains, répond-il, « alors même qu’elle suggère, à travers la francophonie, d’inverser la donne de la mondialisation en proposant de garder, de conquérir ou de reconquérir l’excellence et en substituant à la culture imposée le dialogue des cultures. » « À Beyrouth, en octobre prochain, le sommet de la francophonie retardé d’un an par l’attentat de Manhattan doit se pencher sur ce dialogue, en évaluer les chances, en renforcer les véhicules. Bien sûr, ce ne sera pas la langue seule, aussi séduisante soit-elle, que la France nous offrira en partage mais aussi et surtout l’image bien développée et contrastée d’une certaine forme de civilisation (...) Cet humanisme concocté et diffusé par la France doit servir de passerelle d’accès vers un Moyen-Orient voire un monde arabe et islamique qui ne pourra plus se passer longtemps d’une perfusion démocratique. » « C’est pourquoi, ajoute M. Hamadé, le “Je vous ai compris” du général De Gaulle resurgit, de nos jours, comme le véritable antidote du nouveau manichéisme mondial. Grâce à un homme qui lui-même n’a pas été toujours compris, et avec une politique qui, elle-même, n’a pas toujours été appliquée, la France peut voir grand et sauver aujourd’hui le monde. Oui, je dis bien sauver le monde d’un clash des cultures qui s’annonce comme une véritable ratonnade des peuples (...) “La France au Moyen-Orient après le 11 septembre” n’est donc plus simplement le titre d’une causerie. C’est un appel au rêve : c’est la quête d’une nouvelle spiritualité culturelle qui engendrerait une politique équilibrée, juste, compréhensive, qui entraînerait l’Europe, qui influencerait l’Amérique et qui freinerait de ce fait la déshumanisation de notre monde. » Du théorique, M. Hamadé passe ensuite au pratique, et propose à l’Europe de « maintenir avec l’Orient arabe et musulman l’indispensable dialogue et le nécessaire partenariat qui éviterait au monde un schisme explosif ». Il plaide ainsi pour « un meilleur accès aux marchés arabes et musulmans » des entreprises françaises et européennes. Dans ce grand ensemble, conclut le conférencier, il existe des affinités spéciales entre la France et un Liban qui a cessé d’être « une tête de pont chrétienne en Orient » pour devenir, selon les termes de l’Exhortation apostolique de 1997, « une heureuse montagne qui peut refleurir et répondre à sa vocation d’être lumière pour les peuples de la région et signe de la paix qui vient de Dieu ».
Lyon - De Fady Noun «La France peut et doit s’affirmer comme la puissance capable d’engager les dialogues, de proposer les compromis et de trouver les solutions qui en feraient, avec l’Europe, la championne d’une paix juste et globale au Moyen-Orient. La France peut et doit, dans un élan gaullien, servir de locomotive à une Europe en mal de politique étrangère cohérente...