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Actualités - OPINION

Taxé de pusillanimité, le pouvoir fait face à un procès d’intention

Deux dates butoir complémentaires à un mois de distance : le 15 du mois courant (demain !) stop aux taxis au mazout. Et le 15 juillet, arrêt de bus pour les vans. Les responsables affichent une détermination sans faille : cette fois, fini, bien fini, le diesel polluant. Fini aussi de jouer à cache-cache avec la loi, tantôt tu la vois, tantôt elle n’y est plus. Après la partielle du Metn, ses extravagances et ses coups de chaleur, ces assurances sont plutôt rafraîchissantes. Sauf que, comme on ne prête qu’aux riches, beaucoup de pôles, même dans le camp loyaliste, soupçonnent le pouvoir de vouloir reprendre d’une main ce qu’il donne de l’autre en matière de crédibilité ou d’autorité. C’est-à-dire que des rumeurs aussi persistantes que méchantes circulent sur de discrets arrangements, ou engagements, proposés pour circonvenir tout mouvement corporatiste de contestation. Ces bruits étonnent et révoltent un pilier connu qui affirme que « le gouvernement, et plus particulièrement le ministre de l’Intérieur M. Élias Murr, ne transige pas. La loi sera appliquée sans faux-fuyants ni altérations occultes. Car M. Murr veut montrer que la campagne menée contre lui à l’occasion de la partielle était calomnieuse. Et rappeler à tous le précepte premier énoncé par le régime lors de son avènement. À savoir que nul n’est au-dessus des lois. » Cette proclamation la main sur le cœur suscite, à dire vrai, chez les professionnels des hochements de tête ou des haussements d’épaules pour le moins dubitatifs. Un autre politicien expérimenté relève de la sorte que « l’interdiction du mazout, jamais respectée, remonte à 1975. En fermant les yeux si longtemps, l’État a laissé le chancre se développer. Au point de constituer un tel phénomène de société qu’aujourd’hui personne ne s’étonne d’entendre les contrevenants réclamer d’être indemnisés. En somme ce qui est devenu normal , au fil des décennies et de Taëf, c’est que les auteurs d’infractions, ceux qui foulent joyeusement la loi aux pieds, non seulement restent impunis mais ont de bonnes chances de s’en trouver récompensés. L’État, comme on le voit pour les taxis, jure ses grands dieux qu’il est tout prêt à négocier avec eux, à voir ce qu’il peut faire pour les contenter. Alors que c’est la bastonnade garantie pour l’étudiant lambda qui réclame quelques droits nationaux spoliés. Ou la galère, administrative sinon judiciaire, pour les citoyens honnêtes qui ont des problèmes avec la bureaucratie. Si l’oisiveté est la mère de tous les vices, la permissivité discriminatoire, qui débouche sur un monde à l’envers où les fautifs sont primés, déglingue la notion même d’État de droit ou d’État tout court. C’est-à-dire qu’il est dangereux, à long terme, de considérer l’indemnisation injustifiée comme une solution commode. Et de murmurer «bassita », parce qu’on préfère éviter tout mal de tête occasionnel, sans voir que plus tard, avec l’accumulation des migraines, l’occiput peut en éclater. Et puis, où est-ce que l’État, pratiquement ruiné, va-t-il prendre les fonds pour subventionner le passage du diesel à l’essence ? Ne risque-t-il pas de les puiser dans la poche d’un contribuable déjà aux abois ? Faudrait-il augmenter encore la dette énorme du Trésor ? Et à ce propos, quand-est ce que le système va-t-il se résoudre à combattre la gabegie et le gaspillage publics ?» Cette tirade, sans doute un peu ampoulée, constitue un premier indice : tout laxisme du gouvernement dans l’affaire du diesel offrirait de nouvelles armes à l’opposition. Dont certains ténors estiment que le pouvoir a déjà commis une lourde bévue, pour ne pas dire plus, en acceptant de négocier. Surtout alors que les taxis menaçaient d’une escalade de rue. À leur avis, c’est faire bon marché de l’autorité Étatique. Et créer un redoutable précédent de faiblesse dont plusieurs groupes d’intérêts chercheraient ultérieurement à tirer profit. D’autant plus facilement que le fameux cheikh Soubhi Toufayli, recherché par la justice, vient de se rappeler au bon souvenir du pays. Par l’incident qui a mis en jeu ses gardes du corps. Ce qui montre encore une fois qu’avec un cas aussi clair, les autorités (sic) ont tendance à composer, à traiter à l’amiable (l’aimable expression que voilà!) avec les hors-la-loi. En se montrant féroces avec de bons Libanais non protégés, comme on dit. Philippe ABI-AKL
Deux dates butoir complémentaires à un mois de distance : le 15 du mois courant (demain !) stop aux taxis au mazout. Et le 15 juillet, arrêt de bus pour les vans. Les responsables affichent une détermination sans faille : cette fois, fini, bien fini, le diesel polluant. Fini aussi de jouer à cache-cache avec la loi, tantôt tu la vois, tantôt elle n’y est plus. Après la...