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Actualités - CHRONOLOGIE

VIE POLITIQUE - Conférence de presse, hier, au siège de l’instance chrétienne, à l’occasion de son jubilé d’or La Ligue maronite relance la nécessaire décentralisation administrative(photo)

Un jubilé d’or, cela se fête certes, au travers de moult manifestations. Mais cela peut être aussi l’occasion idéale pour se repositionner concrètement sur l’échiquier local. En (re)lançant, en l’occurrence, un véritable débat, éminemment politique. C’est ce qu’a fait hier la Ligue maronite : elle célébrait son jubilé d’or. Et elle en a profité, au cours d’une conférence de presse tenue en son siège par son président, l’émir Harès Chéhab, pour dévoiler dans les détails son projet de décentralisation administrative élargie. Après avoir rappelé ses priorités politiques : rééquilibrer les relations libano-syriennes, entamer le dialogue intramaronite, puis national, s’opposer à l’implantation, à la dégradation de la crise économique, à la non-intégration des chrétiens dans l’État, travailler à l’adoption d’une nouvelle loi électorale juste et représentative, etc. Harès Chéhab assure qu’il n’y a aucune relation de cause à effet entre le timing de cette proposition (mettre sur pied la décentralisation administrative) et l’après-2 juin. Il explique, pour L’Orient-Le Jour, qu’il « n’y a pas de timing pour soulever des problèmes d’intérêt national ». Que la ligue planche sur le dossier depuis longtemps, qu’elle attendait le moment propice, qu’elle ne voulait pas que ce projet passe inaperçu. Sauf que, selon lui, on a commencé à reposer le problème, officiellement : le chef de l’État, Nabih Berry, Issam Farès, entre autres, en ont parlé. En fait, ce qui a accéléré la présentation du projet par la Ligue maronite, c’est une appréhension. « Que le projet en préparation par l’État ne soit pas ce qu’il devrait être. Prenez par exemple les attendus de la loi du projet d’Élias Murr sur les municipalités. Il est encore plus centralisé qu’avant », dit Harès Chéhab. Chat échaudé craint donc l’eau froide. Mais que répondez-vous à tous ceux qui arguent qu’une décentralisation administrative est une des étapes qui précéderait la transformation du Liban en une (con)fédération ? « Cette analyse serait une très grosse erreur », répond-il, avant de rappeler que même la France, « un des pays les plus centralisés du monde », a adopté la décentralisation. « Or notre Constitution est calquée sur celle de la IIIème République française. La France en est aujourd’hui à sa Vème… » Ce projet, qui a bien évidemment l’aval du patriarche Sfeir, n’a reçu aucune réelle opposition de la part des principaux pôles politiques. Il est clair en fait que, bon gré mal gré, l’ensemble des Libanais savent pertinemment que « les chrétiens ne resteront pas au pays, s’ils ne participent pas activement, comme tous leurs concitoyens, à la vie politique ». Dans tous les cas, Harès Chéhab est catégorique : ce projet de décentralisation administrative est « un barrage contre le confessionnalisme et contre le féodalisme. Et responsabilisera les Libanais ». L’idée de ce projet est simple : « Il faut que l’État central, cette machine qui supporte un poids dix fois supérieur à sa capacité, soit déchargé d’une partie de son fardeau. » Une partie qui irait aux collectivités locales : aux cazas. « Les municipalités sont trop petites. Les cazas sont parfaits, ils ont une structure économique suffisante et ils n’ont jamais été régis par des bases confessionnelles ». Dans le détail, la proposition de décentralisation administrative telle que présentée par la ligue devrait reposer sur six principes. La mise en place d’une nouvelle organisation administrative pour le territoire libanais et qui consiste en l’émergence de nouvelles « unités administratives » à la taille des cazas. Mais sans prendre en compte les divisions électorales. Deux : charger l’un des ministres d’État du dossier de la décentralisation pour qu’il en gère l’exécution. Trois : mettre sur pied, dans chaque nouveau caza, un conseil local, qui sera élu. Et présidé par un « mohafez », également élu, ce conseil désignera son directeur général. Quatre : le conseil sera considéré comme une personne morale et sera financièrement et administrativement indépendant. Il proposera et pourvoira aux besoins directs des citoyens dans les domaines des services et du développement, à l’exclusion de ce qui se rapporte aux ministères de la Justice, des Affaires étrangères, de la Défense et des Finances. Cinquièmement, les ressources du conseil consisteront en des subventions de l’État – qui seraient incluses dans son budget annuel – et en taxes et autres impôts locaux. Ainsi que d’un pourcentage sur certaines taxes et recettes nationales (à l’instar des factures d’eau, d’électricité, de téléphone, etc.). Le conseil aura également l’autorisation de contracter des prêts, d’accepter des dons et de signer des accords de coopération avec d’autres conseils. Enfin, créer une Caisse centrale pour les régions, dont la mission sera d’assurer un développement régional équilibré. Voilà. Un débat essentiel vient d’être (re)lancé. Reste à souhaiter que son timing soit le bon. Reste à espérer qu’il puisse échapper à l’usage libanais : ne pas rester lettre morte. Parce qu’un peu trop loin de ce qui semble préoccuper aujourd’hui la quasi-majorité des dirigeants libanais : la petite politique politicienne. Ziyad MAKHOUL
Un jubilé d’or, cela se fête certes, au travers de moult manifestations. Mais cela peut être aussi l’occasion idéale pour se repositionner concrètement sur l’échiquier local. En (re)lançant, en l’occurrence, un véritable débat, éminemment politique. C’est ce qu’a fait hier la Ligue maronite : elle célébrait son jubilé d’or. Et elle en a profité, au cours...