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Actualités - REPORTAGE

JEUNE TALENT – Publication de «L’envers du monde» Anis Rahi, une authenticité sans fard(PHOTOS)

Les écrits d’adolescence sont de qualité très variable. La plupart d’entre eux sont des journaux intimes, des carnets remplis de pensées où la violence de l’expression domine. Anis Rahi, étudiant en droit à l’Usek, a décidé de faire paraître une infime partie des notes qu’il a jetées en vrac, entre 1991 et cette année, sur le premier papier qui lui tombait sous la main. Le résultat de ce tri a été réuni sous le titre L’envers du monde et inaugure la collection Étincelles, «un espace d’expression original mis à la disposition de nos étudiants, adapté à leur maturité et à leur nécessaire épanouissement intellectuel et littéraire», comme la présente son instigateur, Tanios Noujaim, doyen de la faculté des lettres de l’Usek. Brève rencontre et douleur de l’attente L’envers du monde, écrit dans la fougue de l’âge, ne déroge pas à l’image type du jeune homme en quête de soi, une quête douloureuse qui trouve un soulagement bénéfique dans l’autoanalyse qu’est le journal intime. Pourtant ce livre, malgré les faiblesses évidentes qu’il renferme – la première étant l’inexpérience –, révèle une personnalité forte et remarquablement honnête. C’est l’authenticité sans fard des pensées multiples d’Anis Rahi qui encourage à continuer la lecture de ce «recueil de réflexions et d’aphorismes», un sous-titre d’ailleurs assez maladroit et inexact: pour être qualifiées d’aphorismes, il aurait fallu que ces notes soient des leçons de morale pompeuse. Or il s’agit d’un journal relatant un épisode de la vie de l’auteur, celui de sa très brève rencontre, en 1998, avec une Française, N., et de la déception qui la suit, après que la jeune fille lui eut envoyé une lettre de rupture. «J’ai décidé de publier une partie de ce que j’ai écrit sur cette histoire quand N. m’a envoyé une carte d’anniversaire il y a quelques mois, explique Anis Rahi. Mon livre est une déclaration d’amour masquée mais aussi un défi lancé à l’injustice de notre monde». L’ensemble de L’envers du monde est très structuré – trop peut-être –, quadrillé par des chapitres qui le font ressembler à un roman, bien qu’aucune réflexion n’ait d’autre lien avec la suivante que thématique. L’ambition, bien compréhensible d’ailleurs, d’Anis Rahi est d’avoir voulu tout dire: ses textes sont remplis de mots forcément excessifs, pleins d’absolu, épousant les distorsions de la pensée d’un jeune homme amoureux pour la première fois. Toutefois, il est étonnant de constater combien son style est un heureux équilibre entre l’ampoulage romantique, passage à la fois obligé et formateur, et la simplicité moderne – ce n’est pas pour rien, sans doute, qu’il confie une affection particulière pour Chateaubriand et Camus. Et comme toute personne faisant l’expérience de la peur de n’être pas aimée autant qu’elle aime, l’auteur mûrit, grandit à l’intérieur de son espace propre, l’«envers du monde», et transcrit ses découvertes dans ses propres termes (lire les extraits ci-dessous). Anis Rahi a choisi, par amour et, il faut le lui souhaiter, par vocation d’écriture, de faire part de sa vision des choses de la vie: une tentative en forme de cliché qui aurait pu passer totalement inaperçue. Mais L’envers du monde est un coup d’essai prometteur. Extraits «Le temps héroïque des guillotines est révolu... J’aurais tant voulu mourir sur une telle machine, les yeux ouverts... puis le cou ouvert, regarder le reste de mon corps si loin de moi, d’un angle étrange... le dernier mais le plus beau!» (Hallucinations). «Quand survient la Tempête, les marins se reconnaissent entre eux»; «Nous nous mettons dans des situations où l’amour doit être démontré par des moyens qui le souillent. C’est pourquoi l’Amour n’a jamais existé et n’existera jamais» (L’amour). «Sus à vous!/Le corps enroulé/Le corps déroulé/Sus à vous./Défoulement, la haine/Extase, orgasme/Joies et spasmes/L’amour hors de sa gaine./Réaction et vengeance/Panse contre panse/Rires et rots/Amour et peaux». (Hymne aux filles in Dieu). «J’ai une couronne de roi incrustée de diamants mais je sais que je ne pourrai jamais la porter à cause de mes maux de tête...» (Mon avantage, ma fierté in Subjectivités). Diala GEMAYEL *Anis Rahi, L’envers du monde, 215 pages, collection Étincelles, Usek, 2002.
Les écrits d’adolescence sont de qualité très variable. La plupart d’entre eux sont des journaux intimes, des carnets remplis de pensées où la violence de l’expression domine. Anis Rahi, étudiant en droit à l’Usek, a décidé de faire paraître une infime partie des notes qu’il a jetées en vrac, entre 1991 et cette année, sur le premier papier qui lui tombait sous la...