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Actualités - REPORTAGE

CORRESPONDANCE Trois siècles plus tard, le pardessus de viole résonne aux USA(PHOTOS)

WASHINGTON-Irène MOSALLI De la musique avant toute chose… Et Tina Chancey a été la chercher très loin puisqu’elle a choisi de jouer du pardessus de viole. C’est là le plus obscur des instruments qui, déjà en son temps (il y a trois siècles), avait eu une vie éphémère. Il n’a vécu que cinquante ans. Tina Chancey est une artiste américaine qui s’est intéressée à la musique ancienne. Au cours de ses recherches, elle a été séduite par le pardessus de viole, d’abord parce qu’il n’était plus en cours et ensuite pour ce qu’il a représenté. Sans compter qu’elle se passionne pour les instruments de musique peu communs. Le pardessus de viole ne pouvait que faire son régal. Son histoire est étroitement associée au capricieux goût culturel du XVIIIe siècle français. Durant le règne de Louis XIV, la musique de violon italienne faisait fureur. Les dames de l’aristocratie qui ont eu envie de s’y mettre avaient un problème. Il n’était pas du tout de bon ton qu’une femme appuie un objet, fut-il un instrument de musique, sur ses épaules, d’autant que la mode était aux épaules nues. Alors, en 1720, on a créé à leur intention un instrument hybride, comportant quatre cordes, qui se pose sur les genoux, sans gâter leur tenue et qui était une combinaison du violon et de la viole. Il a été nommé le pardessus de viole et a été utilisé pour jouer du Marin Marais, du Corelli et du Jean-Marie Leclerc. Les dames de la cour l’ont adopté de suite. Les enfants aussi et même les violoncellistes désireux de jouer du violon sans pour autant avoir à acquérir une nouvelle position corporelle à laquelle ils n’étaient pas habitués. Un engouement qui a poussé les compositeurs de l’époque à écrire quelque 400 partitions pour cette nouvelle résonance. Pareil à une voix humaine Après avoir découvert ces partitions, Tina Chancey a commandé en France un pardessus de viole qu’elle a remplacé plus tard par un autre fabriqué en 1750 par un spécialiste parisien nommé Louis Guersan. À noter que cette musicienne fait partie d’un orchestre de chambre nommé Hesperus, qui s’est spécialisé dans la musique de la Renaissance et dans la musique ancienne américaine. Par ailleurs, elle a rédigé une étude sur le pardessus de viole et a enregistré sur CD six sonates pour cet instrument portant la signature de Barthélemy de Caix. À l’issue de chacun de ses concerts, Tina Chancey aime à retrouver son public hors scène qui, souvent, a moult questions à lui poser. Elle précise, entre autres, que «tester les limites d’une combinaison d’instruments, c’est retrouver l’esprit même de la musique baroque» . De son pardessus de viole, elle dit : «Il est très sensible à l’humidité et aux températures extrêmes». Toujours est-il qu’entre ses mains, il est pareil à une voix humaine, chaleureuse et riche d’expressions. Elle est l’une des quatre personnes qui, aux États-Unis, jouent actuellement du pardessus de viole.
WASHINGTON-Irène MOSALLI De la musique avant toute chose… Et Tina Chancey a été la chercher très loin puisqu’elle a choisi de jouer du pardessus de viole. C’est là le plus obscur des instruments qui, déjà en son temps (il y a trois siècles), avait eu une vie éphémère. Il n’a vécu que cinquante ans. Tina Chancey est une artiste américaine qui s’est intéressée...