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Actualités - INTERVIEWS

Interview - « Il faut mettre un terme à la présence syrienne », affirme le député-élu du Metn Gabriel Murr, rassembleur et défenseur de tous les exclus du système(PHOTO)

Gabriel Murr est d’un calme olympien. Depuis lundi dernier, et malgré la vague de contestation qui a accompagné son élection au siège grec-orthodoxe du Metn orchestrée par le camp Michel Murr et qui n’en finit pas de finir, l’ex-PDG de la MTV affiche une sérénité déroutante et accueille sobrement ceux qui viennent le féliciter pour sa victoire. Une victoire qu’il doit certes aux différents courants de l’opposition qui l’ont appuyé et qui se sont tous activés le jour du scrutin pour parer aux pressions du camp d’en face, mais aussi et d’abord à son franc-parler. Et pour cause, son discours intransigeant rappelle à bien des égards celui d’un Michel Aoun ou d’un Albert Moukheiber. Lorsqu’on lui demande s’il va maintenir ce niveau de discours souverainiste et libaniste haut en couleur au Parlement, notamment en ce qui concerne la présence syrienne, Gabriel Murr répond du tac au tac : « Il n’y a pas de discours coloré en ce qui concerne l’indépendance du pays. Douze ans de présence syrienne dans tout le pays ne nous ont pas aidés à nous gouverner nous-mêmes, à prendre nous-mêmes nos décisions ». Et de revenir à la charge : « La présence syrienne n’a plus de raison d’être. Sauf pour certains politiciens qui en ont besoin contre leurs adversaires locaux. Ce qui ne veut pas dire pour autant que nous allons déclarer la guerre à la Syrie, qui a besoin de nous et dont nous avons besoin. Nous menons peut-être la même lutte au plan externe, mais chacun des deux pays doit pouvoir prendre ses propres décisions. Il faut demander aux Syriens, en les remerciant, de quitter le pays. Cela suffit ». Concernant la variété de discours parmi ses soutiens, de Nassib Lahoud au général Aoun, au sujet de la présence syrienne, M. Murr indique que tout le monde est clair à ce sujet : « Nous voulons de bonnes relations avec la Syrie. Plus personne ne peut défendre cette présence aujourd’hui. On nous parle de stratégie militaire, de circonstances régionales qui imposeraient une telle présence... Mais la question palestinienne existe depuis 1947. Elle peut encore durer quinze ans ! D’ailleurs, même si elle venait à être réglée, ils inventeraient d’autres raisons stratégiques pour maintenir cette présence au Liban. C’est inacceptable. Tous mes alliés sont d’accord sur le fait qu’il faut y mettre un terme ». Un phénomène boule de neige S’il assure que la coalition Nassib Lahoud-Amine Gemayel-Michel Aoun-Samir Geagea-Dory Chamoun et Georges Haoui, qui a soutenu sa candidature, « ne menace en rien son indépendance », ce n’est certainement pas pour escamoter ses prises de position des deux derniers mois. « Je suis en bonne relation avec tout le monde, et chacune de ces forces gère sa propre politique. Je ne suis pas un coordinateur, mais un rassembleur ». Une formule qui explique largement la présence massive des jeunes militants de cette opposition hétéroclite, tous réunis derrière l’image de Gabriel Murr devant la MTV-Naccache, la semaine dernière. Un rôle de rassembleur, certes. Mais entend-il, en tant que parlementaire, jouer un rôle de médiateur entre tous ces « exclus » auxquels l’on refuse une place au sein du système actuel – place qui leur revient de droit – et du pouvoir ? « Plus qu’un médiateur. Un défenseur. La situation qui prévaut depuis treize ans doit cesser. Ce n’est pas avec des leaders à l’étranger et en prison qu’on pourra reconstruire le Liban. Le pays est à tous les citoyens, quel que soit le courant politique auquel ils appartiennent. C’est cela la démocratie. La partie qui se sent lésée actuellement est majoritairement chrétienne. Mais elle commence à se reprendre et le phénomène va faire boule de neige ». Gabriel Murr raconte comment des Libanais de toutes les communautés et de toutes les religions l’ont appelé pour le féliciter. « Si les chrétiens ont commencé à faire bouger les choses, cela ne veut pas dire que les autres communautés ne veulent pas de la démocratie et de la liberté », souligne-t-il, sans dissimuler son optimisme. « Les élections ne constituent que la première étape d’un très long chemin, et j’espère pouvoir franchir d’autres étapes encore », dit-il. Au Parlement, Gabriel Murr entend poser avant tout la question de l’entente nationale. En d’autres termes, appeler à une table ronde sur le dialogue et militer pour le retour sur la scène politique libanaise du général Aoun, de Samir Geagea et d’Amine Gemayel. Et la libération de Geagea, de Toufic Hindi, d’Antoine Bassil et de Habib Younès. Le député-élu dénonce également « les magouilles des services de renseignements » et le noyautage du parti Kataëb et des Forces libanaises. « L’action des SR doit cesser », affirme-t-il, en s’insurgeant contre les arrestations cycliques d’opposants. Ces dossiers sont prioritaires, mais Gabriel Murr évoquera aussi « la loi sur l’information et la loi électorale vétuste votée par un Parlement façonné par la Syrie pour amener des gens prosyriens. Nous ne voulons plus de marionnettes au Parlement, mais des députés. Pour ce faire, il faut modifier la loi électorale ». Il n’est pas tendre envers le ministre de l’Intérieur, Élias Murr, dont il réclame la démission et demande qu’il soit déféré devant la haute cour chargée de juger les ministres. « Tout ce qui s’est passé depuis dimanche dernier n’est ni démocratique, ni légal. « Il y a eu l’erreur fatale de l’isoloir. J’ai honte d’expliquer à des Européens qu’un ministre a donné aux responsables des bureaux de vote l’ordre de permettre le vote sans isoloir». Et Gabriel Murr évoque pêle-mêle « les agissements des officiers des FSI et des hauts fonctionnaires durant les élections, puis après la proclamation des résultats, les magouilles du ministre de l’Intérieur et de son père ». Il dénonce « l’atmosphère milicienne créée par eux » et toute la surenchère sur le confessionnalisme et la menace du recours à la rue. « Élias Murr a fait trop d’examens de conscience. Il fallait que celle-ci l’aide à proclamer la victoire de Gabriel Murr sur les écrans de télévision, sans entrer dans les magouilles de son père et plonger le pays dans l’incertitude », ironise-t-il. Sur la question des voix, il affirme que « sept urnes ont été trafiquées et la différence devait dépasser les 1500 voix. Mais cela appartient au passé ». Gabriel Murr est clair, limpide, incisif. Il rend hommage aux Libanais courageux qui ont voté « malgré les pressions » ainsi qu’à ses nombreux alliés. Avec un serment, en lequel il croit dur comme fer : paver la voie à l’entente nationale et réunir tout le monde autour d’une table de dialogue. Michel HAJJI GEORGIOU
Gabriel Murr est d’un calme olympien. Depuis lundi dernier, et malgré la vague de contestation qui a accompagné son élection au siège grec-orthodoxe du Metn orchestrée par le camp Michel Murr et qui n’en finit pas de finir, l’ex-PDG de la MTV affiche une sérénité déroutante et accueille sobrement ceux qui viennent le féliciter pour sa victoire. Une victoire qu’il...