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Actualités - CHRONOLOGIE

La rencontre avec la différence, un des meilleurs stimulants du cerveau humain(photo)

Pour inaugurer la semaine culturelle 2002 organisée par le Collège des sœurs des Saints-Cœurs – Sioufi, une conférence intitulée «La démocratie: question d’éducation?» a été donnée. Nada Moughayzel Nasr est intervenue sur le rôle de l’école dans l’éducation à la démocratie, alors que Ziad Noujaim et Bernard Gerbaka évoquaient respectivement le rôle des médias et la responsabilité des municipalités. Nada Moughayzel Nasr a insisté dans son intervention sur la nécessité d’une éducation à la démocratie, rappelant dans un premier temps la nature du cerveau humain, qui d’une structure archaïque rejetant la différence s’est développé vers une structure plus moderne d’empathie, d’acceptation des autres points de vue et de l’Autre en général. Dans une deuxième partie, s’appuyant sur les études menées en biologie, elle a restitué trois informations pouvant éclairer le sujet : Le premier point concerne la perception individuelle subjective, qui rend les points de vue partiels et partiaux, justifiant ainsi la nécessité de l’échange et du dialogue puisque nul ne peut prétendre posséder la vérité absolue. Le deuxième point fait référence à l’intelligence interpersonnelle qui consiste en l’aptitude à établir des relations avec autrui, et qui est désormais considérée par les chercheurs comme une nouvelle forme d’intelligence. Le dernier point enfin fait état du constat suivant : la rencontre avec la différence est l’un des meilleurs stimulants du cerveau humain. «La conclusion à tirer de ses différents points, a-t-elle poursuivi, consiste dans le fait que le cerveau est un organe souple, apte au changement, donc apte à une éducation à la démocratie.» Quant aux axes à privilégier au sein de l’école, Mme Nasr a rappelé qu’ils se devaient de converger vers le développement d’une «culture démocratique» par le biais de l’environnement scolaire et de la qualité des relations éducatives, ainsi que des méthodes d’apprentissage et des matières d’enseignement. «La démocratie, a-t-elle conclu, est donc une culture qui nécessite l’acquisition de valeurs et le développement de capacités». En fin d’intervention, Mme Nasr a offert cette citation d’Antoine de Saint-Exupéry aux élèves: «Si je diffère de toi, loin de te léser, je t’augmente». Gerbaka : «Notre problème, c’est la violence» Intervenant sur le rôle des municipalités dans l’éducation à la démocratie, Bernard Gerbaka a souligné l’importance de la prise en compte des besoins des enfants, mais aussi des personnes du troisième âge, ceux des handicapés, de la femme, en somme de toutes les catégories citoyennes marginalisées. Il a également évoqué le faible pourcentage de participation de la femme sur la scène politique libanaise, pourcentage comparable aux pays du tiers-monde. «La démocratie d’un pays se mesure relativement aux citoyens qui ont le pouvoir de décision, c’est-à-dire de vote», a-t-il rappelé. Mais du point de vue du conférencier, l’enfant, même s’il n’est pas en âge de voter, peut participer à la vie politique de son pays à travers l’information et l’éducation relevant de la responsabilité des parents et de l’entourage, ce qui le préparerait à devenir un futur citoyen libre et convaincu de ses choix. «Pour ne pas répéter les échecs du passé, a t-il insisté, il faudrait peut-être tenir compte de trois composantes essentielles dans toute relation au citoyen: le partenariat, c’est-à-dire la visibilité des actions qui permettent au citoyen de prendre une part active à la politique de son pays. La transmissibilité, qui consiste à faire parvenir aux parents l’information destinée aux enfants. Et enfin la responsabilité, celle des parents vis-à-vis du devenir de l’information transmise». Et pour conclure, M. Gerbaka a rappelé que le problème de la société libanaise est essentiellement un problème de violence nécessitant, d’urgence, la mise en place d’une campagne de prévention. Avant de poursuivre la séance, une compilation de reportages sur l’éducation civique a été diffusée, dont l’auteur, Elsa Yazbeck – présentatrice de journal télévisé en langue française – est une ancienne du collège. Noujaim : «Des générations d’éducateurs restrictifs» Ziad Noujaim, à sa manière un peu spéciale, a ensuite pris la parole pour rappeler la définition étymologique que donne le dictionnaire du mot démocratie: «pouvoir du peuple». Convaincu que le pouvoir doit émaner du peuple, dans le respect des droits de tout un chacun, dans la reconnaissance de la différence, de la liberté de pensée et d’expression, il s’est dit prêt à défendre ses idées jusqu’au martyre. Et pour revenir sur le sujet de son intervention, M. Noujaim a estimé que les médias jouent un rôle secondaire dans l’éducation à la démocratie, celle-ci devant se faire d’abord au sein de la famille. M. Noujaim a en outre déploré les comportements passifs, voire craintifs du citoyen libanais en général et des gens du monde médiatique en particulier vis-à-vis de la politique de leur pays. Ces comportements, dont il attribue l’origine à des générations d’éducateurs restrictifs, poussent certains compatriotes jusqu’au népotisme et d’autres jusqu’à bafouer l’essence même de la profession de journaliste. C’est sur une citation de Voltaire que M. Noujaim a choisi de conclure son intervention : «Je n’impose pas, je ne propose pas, j’expose». Carla TADROS
Pour inaugurer la semaine culturelle 2002 organisée par le Collège des sœurs des Saints-Cœurs – Sioufi, une conférence intitulée «La démocratie: question d’éducation?» a été donnée. Nada Moughayzel Nasr est intervenue sur le rôle de l’école dans l’éducation à la démocratie, alors que Ziad Noujaim et Bernard Gerbaka évoquaient respectivement le rôle des...