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Actualités - OPINION

Kornet Chehwane se retrouve aujourd’hui, à tous les sens du terme

Kornet Chehwane, qu’une mauvaise grippe électorale a failli emporter, se remet sur pied, grâce au traitement homéopathique administré par ses propres adversaires. Qui ont traité le mal par le mal, en réunifiant par leurs excès des rangs opposants qu’une première approche prudente avait égaillés. En d’autres termes, quand M. Michel Murr ne voulait pas de la bataille, les opposants se cherchaient noise entre eux, faute d’autre cible. Et quand il en a trop voulu, et trop fait ou méfait, ils se sont ressoudés contre lui. Bref, le club dirigé par le héraut de Bkerké, Mgr Béchara, effectue aujourd’hui même mardi sa récollection. Pour faire le point, après le retrait de la lice du camp d’en face qui lui concède généreusement une victoire par forfait. Tout en insistant sur la magnanimité d’un geste destiné à éviter au pays ces secousses qu’il a déjà subies. Et en ajoutant que la candidate présentée cherchait bien plus à prouver la popularité de son courant qu’à se gagner un strapontin à la Chambre. Ce qui est tout à fait normal. Vu, n’est-ce pas, que la moindre des élégances morales, quand on est pétri de conscience, est d’affronter l’épreuve des urnes pour perdre, pour se faire désavouer par l’électorat. Cependant les âmes charitables qui se laissent aller à faire des gorges chaudes, à ironiser sur les explications de l’ancien ministre, sont très rares parmi les politiciens de l’Est. Car ces pôles ont senti passer le boulet du canon. Ils ont eu chaud, ils ont eu peur, il faut bien le reconnaître. Parce qu’un conflit qui finit par déborder sur la rue est dangereux pour tout le monde, sans exception. Et que, pour commencer, l’unité à peine retrouvée risquait de voler rapidement en éclats. Ce qui serait dommage, à un moment où la désunion fait plutôt des ravages du côté du pouvoir. Où l’on a pu entendre le ministre de l’Intérieur attaquer frontalement le chef du gouvernement. Allant jusqu’à l’accuser de noirs desseins confessionnels. Tout en éludant le rituel d’une proclamation officielle des résultats, pour se contenter d’indications donnant à penser que la victoire revenait à son oncle et non pas à sa sœur. Une façon biaisée qui a semé la confusion, chaque camp produisant ensuite ses fac-similés de décisions contradictoires attribuées à la commission d’homologation. Le malaise était toutefois perceptible, répétons-le, dans les allées du pouvoir bien plus qu’au sein de l’opposition de l’Est. Dont la première tâche sera aujourd’hui d’ordre immédiat et plutôt prosaïque. C’est-à-dire qu’il lui faudra prendre position par rapport aux atteintes à la loi sur lesquelles se fonderait, selon les dires de M. Michel Murr, le retrait de sa fille qu’il présente comme une « solution politique. » Mais à terme cela équivaudrait à une légitimation de ce système que, par définition même, l’opposition a pour but de faire réformer. Pour certains absolutistes, si la Rencontre de Kornet Chehwane avalisait l’arrangement Michel Murr, elle n’aurait plus qu’à fermer boutique. Car elle serait récupérée, engloutie, par la machine docile que les décideurs font ronronner et fonctionner. Ou dysfonctionner, à leur convenance. Mais d’autres éléments estiment qu’il ne faut pas placer la barre aussi haut. Et, rappelant le choix cardinalice d’une stratégie de progression par les voies démocratiques du dialogue raisonnable, ils estiment qu’il faut saisir toute main tendue par les loyalistes. Toute chance de conciliation ou de réconciliation avec le pouvoir en place. Entre ces deux courants, une troisième voie théorique s’ébauche au sein de l’opposition. Pour proposer de trancher le nœud gordien juridico-politique. En recommençant l’élection partielle du Metn, du moment qu’elle n’a légalement pas abouti. Selon ces personnalités, le test est en effet rendu nul et non avenu par le déni de justice (civique) imputable au fait que les commissions de pointage puis la commission d’homologation ont multiplié, et signé, des constats contradictoires. D’où l’impossibilité de proclamer des résultats officiels définitifs, ce qui est bien la preuve, selon eux, que la guerre de Troie n’a pas eu lieu, la partielle non plus. Une suggestion qui a très peu de chance, on s’en doute, d’être retenue. Quoi qu’il en soit, si les membres de Kornet Chehwane ont des idées et des approches différentes quant aux suites sur le plan juridique, ils répondent d’une même voix à M. Michel Murr. Pour lui signifier qu’un siège ne s’attribue pas avec le retrait d’un candidat battu. Et que la victoire de M. Gabriel Murr n’est pas due à la grandeur d’âme de son frère et de son neveu, mais à la volonté populaire. Ajoutant, pour faire bonne mesure, que si M. Michel Murr est tellement convaincu que sa fille l’a emporté en votes, il aurait été légitime de le voir attendre du perdant qu’il se sacrifie pour la cause de la quiétude publique qu’il invoque. Et non qu’il tende lui-même l’autre joue, en subissant volontairement injustice sur injustice. Bref, comme on voit, la polémique de pinailleries de cour de récréation continue à battre son plein. Sur ce point aussi, la Rencontre de Kornet Chehwane doit prendre position aujourd’hui. Pour décider si on doit ou non tourner la page. Si on veut ou non poursuivre le dialogue avec Baabda (lire par ailleurs). Et voir comment on peut le faire, tout en récusant les procédés de solution qu’initient les sempiternels arbitrages étrangers. À ce propos, un détail intéressant : selon des visiteurs retour des rives du Barada, les décideurs ont été fortement indisposés par le flagrant échec du pouvoir, à cause de ses désunions, face à l’opposition. C’est pourquoi ils lui ont conseillé d’admettre tout bonnement sa défaite, de tout inscrire aux fonds perdus et de passer rapidement à autre chose. Pour en revenir en conclusion à Kornet Chehwane, la Rencontre doit faire aujourd’hui son autocritique, après la crise qu’elle a connue. Et ensuite, voir comment elle peut élargir ses rangs, à la faveur de sa victoire. Philippe ABI-AKL
Kornet Chehwane, qu’une mauvaise grippe électorale a failli emporter, se remet sur pied, grâce au traitement homéopathique administré par ses propres adversaires. Qui ont traité le mal par le mal, en réunifiant par leurs excès des rangs opposants qu’une première approche prudente avait égaillés. En d’autres termes, quand M. Michel Murr ne voulait pas de la bataille, les...