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Actualités - INTERVIEWS

INTERVIEW - Le leader druze répond aux questions de « L’Orient-Le Jour » Joumblatt : L’occasion ou jamais pour Lahoud de se débarrasser de ses parasites, pour Hariri de tendre la main...

Il n’a pas fallu attendre longtemps pour que les résultats du formidable changement induit par les résultats metniotes du 2 juin se concrétisent. Un nouvel axe est né, hier, rue Sursock, chez Nassib Lahoud. Entre ce dernier (et le parti qu’il préside, le Renouveau démocratique) et le chef du PSP, Walid Joumblatt (une rencontre accélérée, dit-on, par le député Salah Honein). Deux hommes qui portent, le veulent-il ou non – et il est clair que le poids est considérable, parfois disproportionné –, les espoirs et les espérances de la majorité de l’opposition. Islamo-chrétienne. Celle qui manifeste et celle qui attend. Bien plus aujourd’hui pour le député de Baabdate, toujours autant pour son collègue de Moukhtara – malgré les dernières prises de position de celui-ci accueillies avec un peu d’appréhension et de questionnements par une certaine frange de la population. Hier, Walid Joumblatt a répondu aux questions de L’Orient-Le Jour. Il est aisé, et quoi qu’en pensent d’aucuns, de comprendre, aujourd’hui, les raisonnements du seigneur de Moukhtara. À l’aune d’un mot essentiel dans le fonctionnement joumblattien : le « timing ». Un : depuis le 11 septembre, cela a été dit et répété, le monde est chamboulé, les rapports de force totalement modifiés. Tout cela sans compter le développement de la guerre israélo-palestinienne. Walid Joumblatt ne peut plus concevoir les relations libano-syriennes et réfléchir à leur rééquilibrage comme il le faisait avant. « On assiste à un encerclement graduel de la Syrie, on veut l’amener à céder aux conditions américaines, à ce soi-disant colloque sur la paix. Et le maillon faible, c’est le Liban. Et certains Libanais qui risqueraient d’être de véritables chevaux de Troie », dit-il. Vous jouez donc là le jeu du pouvoir avec lequel vous vous opposez constamment ? « Oui. À ce niveau-là (comprendre sur le plan régional) nous avons les mêmes objectifs. Et même Nassib Lahoud a été clair à ce sujet. Chacun de nous a sans doute sa propre vision, mais nous avons les mêmes points communs. » Sauf qu’entre Walid Joumblatt et ce pouvoir (avec lequel il se retrouve dès qu’il s’agit de la donne régionale), c’est carrément l’opposition sur le plan local. « Je m’oppose au président Lahoud quant à la façon avec laquelle il a régi les choses : les services, son entourage. Les Murr par exemple. » Et lorsqu’on l’interroge sur ce nouveau pôle centriste N. Lahoud-W. Joumblatt, le leader druze est catégorique : « Il faut absolument l’élargir aux mususlmans modérés. » Cela fait deux ans que vous exhortez ces musulmans modérés à se manifester. « Aujourd’hui, c’est le timing idéal », répond-il. Pour une « troisième voie ». Est-ce que cette voie porte le chiffre trois par opposition à celles d’Émile Lahoud et de Rafic Hariri ? « Si vous voulez. Dans tous les cas, c’est l’occasion ou jamais pour Rafic Hariri de tendre la main. C’est l’occasion ou jamais pour Émile Lahoud de se débarrasser de ses parasites. » Et à tous ceux-là qui vous soupçonnent aujourd’hui de jouer le jeu de Nassib Lahoud pour la présidence de 2005 (et qui n’ont apparemment pas compris que jusqu’à nouvel ordre le chemin de Baabda passe par Damas) ? « Je ne joue pas du tout ce jeu. Voyez plutôt du côté de Rafic Hariri et de Sleimane Frangié. » Quoi qu’il en soit, le leader druze s’en ira bientôt s’entretenir avec le chef de l’État. Lui faire part de son espoir de voir enfin arriver « le bon timing pour un remaniement ministériel. Pour une bien meilleure représentativité. Et en gardant Rafic Hariri évidemment. Le président Lahoud a eu la sagesse d’accepter les résultats du Metn. » On dit que les Syriens l’ont un peu aidé. « Peut-être. Dans tous les cas, il a vu loin. » Une autre visite est également prévue à Bkerké, chez Mgr Sfeir. « Cela fait longtemps que l’on ne s’est pas vus. Que l’on ne s’est pas retrouvés. » Mais le plus important, c’est que Walid Joumblatt appréhende, aujourd’hui davantage, les extrêmes. Musulmans comme chrétiens. En l’occurence, après le 2 juin, « les aounistes me font encore peur. Le général Aoun veut déstabiliser la Syrie, et cela, je le refuse ». Sauf que le but de ce pôle centriste dont il est désormais le comoteur (une rencontre officielle aura lieu la semaine prochaine entre lui et le parti de Nassib Lahoud) est de drainer le maximum de force. Avec une règle essentielle : ne pas toucher à l’intégrité de Kornet Chehwane (KC). C’est normal, puisque le regroupement de l’opposition chrétienne est le porte-voix politique du premier (et indéfectible depuis la réconciliation de la montagne) partenaire chrétien de Walid Joumblatt, le patriarche Nasrallah Sfeir. D’ailleurs, celui-ci se retrouve parfaitement avec les points de chaque communiqué de KC : la Palestine, les libertés, la démocratie... Sauf la gestion des relations libano-syriennes. C’est un sujet tabou aujourd’hui ? « Pas du tout. il faut (re)voir simplement quels sont les points communs. » Sauf que son appréhension des extrêmes (née, entre autres de cette empathie avec les courants chrétiens modérés de l’opposition, dont le représentant idéal est Nassib Lahoud), Walid Joumblatt sait pertinemment – il est un leader national incontesté aujourd’hui – qu’il faudra la juguler. Puisqu’il veut que ce pôle centriste « fédère le maximum de voix ». Le chef du PSP le dit : « Je ne veux pas préjuger sur le passé (des aounistes). Il faut que j’essaie de faire de mon mieux pour enclencher le dialogue. » Il a deux choix. Soit indirectement (« La mission de Nassib Lahoud est d’entraîner les aounistes vers le centre », dit-il), soit directement. Sachant ce que cela sous-entend comme plate-forme commune, comme concessions réciproques (un minima non négociable concernant le rééquilibrage libano-syrien d’une part, l’adhésion à l’accord de Taëf comme étape préliminaire de l’autre). « Dans ce cas-là, oui, je suis prêt à un dialogue direct avec les aounistes. » Et lorsque Walid Joumblatt dit cela, l’on se rend compte de ce que cela implique. Pour lui, comme pour les chefs du noyau ultra de l’opposition chrétienne. Il tend la main, annonce la couleur. Aujourd’hui, il n’est prêt à aucune surenchère sur le plan libano-syrien, mais il est définitivement partant pour ancrer, de concert avec Nassib Lahoud et tous les autres, l’opposition dans une véritable troisième voie. Nationale. Ziyad MAKHOUL
Il n’a pas fallu attendre longtemps pour que les résultats du formidable changement induit par les résultats metniotes du 2 juin se concrétisent. Un nouvel axe est né, hier, rue Sursock, chez Nassib Lahoud. Entre ce dernier (et le parti qu’il préside, le Renouveau démocratique) et le chef du PSP, Walid Joumblatt (une rencontre accélérée, dit-on, par le député Salah...