Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

L’opposition fera la vie dure à un Taëf… qui a la vie dure

Tout est bien qui finit bien ? Sans doute. Le Libanais lambda peut pousser un ouf de soulagement. Tout un cirque qui se termine par des jongleries, sinon par des chansons. Au lieu de finir, comme on pouvait le craindre à voir les fauves déchaînés dans l’arène, par des matraquages peut-être sanglants. Le pouvoir, cet aigle royal, y a quand même perdu quelques plumes. En réussissant le tour de force de réunifier une opposition qui, il y a trois jours, se déchirait encore à belles dents. Les manipulations, comptables ou autres, ont épuisé en apparence le maigre crédit de confiance que l’État, malmené par ses propres querelles intestines, gardait encore. Il lui faudra maintenant se ressourcer rapidement auprès des décideurs. Car en principe si l’opposition ne s’aveugle pas à nouveau avec les œillères d’inavouables appétences personnelles ou d’inexplicables inimitiés, elle va pouvoir (un rêve !) se lancer à l’assaut du système. C’est-à-dire de ce Taëf qui, en tout cas, ne compte plus d’inconditionnels depuis des années. Depuis que le président Hraoui lui-même en avait réclamé la refonte. Mais le pacte, pour tronqué qu’il soit, bénéficie à cause de sa commodité de la couverture permanente des puissances étrangères. Aussi bien des Occidentaux, Américains en tête, que des Syriens. Et, sur place, il se trouve avantagé de toute évidence par une force d’inertie, un immobilisme qu’alimentent ces sempiternels conflits qui font que les différents centres d’influence se neutralisent. L’objectif stratégique, la lutte pour les rééquilibrages, est cependant mis en exergue par les développements de ces derniers jours. Tout est de savoir aujourd’hui si l’Est ne va pas rééditer 93. C’est-à-dire s’il ne va pas de nouveau se diviser, comme il l’avait fait au lendemain du boycott rassembleur de 92. Pour des raisons futiles. À première vue, le terreau est maintenant plus favorable. Car Bkerké, qui ne peut être présent sur le terrain politicien, a installé un cadre, un instrument, à la fois souple et solidement lié par des constantes. Il s’agit, bien sûr, de Kornet Chehwane. Qui, après avoir essuyé la tempête des malentendus ou des airs entonnés en solo par certains pôles, se retrouve cimenté, répétons-le, par les maladresses du pouvoir. Et le groupe a même des chances d’en sortir littéralement grandi. Dans ce sens que beaucoup de radicaux, qui se sont décidés à plonger dans une marmite électorale jusque-là méprisée, pourraient adhérer à la formation qu’anime l’évêque du Metn, Mgr Béchara. En tout cas, si une crise nationale a été évitée in extremis, la confrontation est désormais ouverte. Avec ses aléas tactiques ou diplomatiques. Car on va sans doute réentendre parler de ce dialogue, gelé depuis belle lurette, entre Kornet Chehwane et les trois présidences, chacune prise à part. La césure est évitée. Plus question à l’Est, évidemment, encore, d’une fermeture des écoles pour trois jours, d’une grève des souks, de manifestations de rue, de sit-in, de cortèges fiévreux en direction de Bkerké, de Baabda, du Sérail et de la place de l’Étoile. Écarté le spectre d’une démission collective de parlementaires opposants. Bref, fini le branle-bas de combat. Et quand on revient de si loin au printemps, on n’hésite pas à faire les yeux doux. D’où la main tendue, tout de suite, au pouvoir. On verra vite s’il voudra s’en saisir. Quoi qu’il en soit, l’opposition s’invite elle-même aujourd’hui à construire une politique cohérente. Ce qui n’est pas facile, quand il faut aussi faire ses petits calculs, chacun en son for intérieur, pour les législatives de 2005. Et pour la présidentielle qui précédera cette échéance. Cependant, il est évident que le pouvoir de son côté ne peut pas se contenter d’attendre et de voir venir. Comme le relève un ministre, il faut prendre des mesures. Voir qui s’est trompé et au besoin si l’on peut faire sauter des fusibles de rang inférieur parmi les préposés au décompte. Et surtout, prodigieux effort, essayer de faire front ensemble, en bons taëfistes installés, contre la vague montante, la déferlante de la contestation. Philippe ABI-AKL
Tout est bien qui finit bien ? Sans doute. Le Libanais lambda peut pousser un ouf de soulagement. Tout un cirque qui se termine par des jongleries, sinon par des chansons. Au lieu de finir, comme on pouvait le craindre à voir les fauves déchaînés dans l’arène, par des matraquages peut-être sanglants. Le pouvoir, cet aigle royal, y a quand même perdu quelques plumes. En...