Le chef de l’État met en garde contre les « positions qui risquent de nuire à la nation »

Le patriarche maronite, Nasrallah Sfeir, a dépêché hier soir au palais de Baabda les évêques Roland Abou Jaoudé et Youssef Béchara pour tenter de trouver une solution au problème inextricable de l’élection du Metn. L’entretien a duré plus d’une heure. Les sources proches de Baabda ont indiqué que le président de la République, le général Émile Lahoud, a insisté sur l’importance du respect des lois et sur la nécessité de traiter l’affaire loin de toute tension. Auparavant dans la journée, les tractations à ce sujet avaient commencé à midi par une réunion entre le président de la République, le général Émile Lahoud, et l’ancien vice-Premier ministre Michel Murr. L’après-midi, une autre réunion a groupé, au siège de l’Assemblée, les chefs du Législatif et du gouvernement, Nabih Berry et Rafic Hariri, ainsi que le vice-président de la Chambre, Élie Ferzli. MM. Berry et Hariri se sont rendus par la suite chez le président Lahoud. Mais selon les milieux proches du chef du Parlement, les entretiens entre les trois responsables ont porté sur tous les sujets... sauf sur le scrutin du Metn. Quid donc du résultat de toutes ces tractations ? Commençons par Baabda qui a publié tard dans l’après-midi un appel du président de la République adressé à toutes les parties concernées par la partielle de dimanche. On en retiendra surtout la mise en garde à peine voilée à l’opposition. Le chef de l’État a ainsi souligné la nécessité de « garder son sang-froid avant de prendre des positions qui risquent de nuire à l’intérêt de la nation ». Dans un communiqué à la presse, le président Lahoud a insisté sur la nécessité de « dépolitiser le mécanisme du décompte des voix et de se référer aux lois qui s’appliquent dans ce genre de cas, d’autant plus que le législateur a défini le mécanisme adéquat à adopter, en prenant en considération les précédents créés par des opérations électorales similaires ». Le chef de l’État a ajouté : « Tous les gens sont égaux devant la loi qui ne fait aucune différence entre un candidat et l’autre, et le simple recours aux textes est susceptible de mettre fin à tous les tiraillements en cours. » Le président de la République a estimé dans ce cadre que l’efficacité de la loi vient du fait qu’elle est respectée par tous les citoyens. « Il ne faut pas oublier que les autorités, toutes les autorités, les responsables, tous les responsables, tirent leur pouvoir de la loi. Ils se font obéir par la force de la loi », a-t-il encore affirmé avant de conclure en réitérant sa confiance totale dans la justice « qui doit rester intègre et indépendante ». Signalons par ailleurs que, selon les milieux proches du pouvoir, « quels que soient les résultats du scrutin, l’un ou l’autre candidat présentera de toute évidence un recours en invalidation devant le Conseil constitutionnel ». Mais le plus inquiétant dans cette affaire reste le mutisme observé place de l’Étoile et au Grand Sérail. En effet, alors qu’ils s’étaient concertés pendant la journée, d’abord entre eux, puis avec le chef de l’État, les présidents de la Chambre et du Conseil ont observé jusque tard en soirée un mutisme total. Les sources proches de M. Berry se sont contentées de qualifier le problème de « très compliqué ». Concernant le litige portant spécifiquement sur les résultats du bureau de Hamlaya, les mêmes sources ont affirmé que la haute commission de comptabilisation des voix n’avait pas le droit de remettre en cause la décision de la commission partielle. Quid enfin de la position du Premier ministre Rafic Hariri ? À noter que ce dernier n’a fait aucune déclaration, et qu’aucune information n’a filtré à ce sujet des sources proches du Grand Sérail et de Koraytem.