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Actualités - CHRONOLOGIE

SÉCURITÉ - La Polo noire du militant FL découverte dans le secteur Caracas, à Beyrouth-Ouest Le cadavre décomposé de Ramzi Irani retrouvé dans le coffre de sa voiture(photos)

La famille de Ramzi Albert Irani n’a plus à attendre en vain. Elle n’a plus à faire le tour des responsables pour tenter de retrouver le militant FL disparu le mardi 7 mai courant, en plein jour, à Beyrouth. Hier, vers 19h30, quatorze jours après la disparition de l’ingénieur, sa Golf Polo noire, immatriculée B 112089, a été retrouvée dans le secteur dit Caracas, non loin de Raouché, (Beyrouth-Ouest) au niveau du Tahiti Tower. Le cadavre de Irani, 36 ans, y était recroquevillé dans le petit coffre. Déformé et rigide, il a été transporté à la morgue de l’Hôpital américain de Beyrouth. Hier en début de soirée, une odeur de décomposition envahissait la rue de Caracas, et les forces de l’ordre, de même que les membres de la Défense civile ont porté des masques spéciaux pour transporter le corps jusqu’à l’ambulance. Personne dans le voisinage n’a pu indiquer depuis combien de temps la voiture était stationnée sur le trottoir. Selon des témoins oculaires, le cadavre de Ramzi Irani portait plusieurs traces de balles à la poitrine, mais, selon les premières informations fournies par le médecin-légiste aux proches de la victime, il était impossible hier en début de soirée de savoir si le jeune ingénieur a été abattu à coups de revolver. « Le temps a tellement défiguré le cadavre qu’il était impossible de savoir (hier en soirée), de quelle manière Ramzi a été assassiné », a indiqué à L’Orient-Le Jour Selmane Samaha, responsable estudiantin des FL, présent à l’Hôpital américain, qui était inaccessible aux journalistes. Selon les premières estimations du médecin-légiste, informations véhiculées hier en soirée, Irani est mort il y a au moins dix jours. Plusieurs effets personnels, notamment le chéquier, les cartes de crédit, les polices d’assurance qui se trouvaient dans la voiture de la victime n’ont pas été volés. La médaille en or que Ramzi portait toujours autour du cou n’a pas été arrachée. Nabil Irani, le frère de la victime, est arrivé vers 20h15, à l’hôpital américain pour identifier le cadavre du responsable estudiantin à l’UL, marié depuis six ans et père de deux enfants, Yasmina cinq ans et Jade deux ans et demi. Quelques instants après la diffusion de l’information de sa mort, les proches affluaient à Achrafieh, à la maison de la famille du jeune ingénieur. Une famille qui n’avait pas perdu l’espoir – tout au long des quatorze derniers jours – de le retrouver vivant. C’est cet espoir qui leur avait permis de tenir debout. L’impact de la nouvelle a eu raison de leurs nerfs. Des questions sans réponse Hier, chez les Irani, certains se demandaient qui pouvait bien circuler dans une voiture transportant un cadavre en décomposition en plein Beyrouth sans être arrêté. D’autres se déchaînaient contre les autorités. « Que va-t-on dire à ses enfants ? Que leur père a toute sa vie durant lutté pour une cause pour laquelle il a été liquidé ? », lançait une femme. Avant que le corps n’ait été retrouvé, l’épouse avait indiqué à L’Orient-Le Jour que, selon les autorités, les voitures qui filaient le jeune ingénieur, deux mois avant sa disparition, et les personnes qui posaient des questions au sujet de ses allées et venues au concierge de son appartement de Bellevue, non loin de Awkar (Metn), n’étaient autres que des gens qui voulaient acheter la voiture de l’ingénieur. Pourtant, la Golf Polo de Ramzi Irani n’était pas à vendre, et Jessie, l’épouse du militant disparu, se demande pourquoi « ces personnes qui voulaient acheter la voiture, qui n’était pas à vendre, ont posé des questions sur nos allées et venues et nos fréquentations ». Rappelons que Ramzi Irani avait réussi, avant sa disparition, à relever le numéro de la plaque d’immatriculation de l’une des voitures qui le filaient et qu’il l’avait communiqué aux autorités concernées. L’épouse a également indiqué, sans donner plus de précisions : « Il semble que je sois la seule à avoir interrogé les gens de la rue Clemenceau ». Les Irani avaient encore relevé que la disparition de Ramzi ne pouvait être « qu’une affaire politique ». Avant que les autorités ne retrouvent le cadavre de Irani, son oncle paternel, Henri, avait affirmé qu’après « la dissolution des FL et l’emprisonnement de Samir Geagea, Ramzi s’était soumis aux décisions de la justice, tout en considérant que ses jugements étaient partiels et partiaux. Il ne comprenait pas pourquoi Geagea est emprisonné à vie, alors que les autres chefs de milices, qui ont combattu durant la guerre civile, n’ont pas été inquiétés et ont bénéficié de l’amnistie ». Il avait souligné que le jeune ingénieur « avait le sens de l’honneur et était fidèle à son engagement. Il estimait qu’un parti qui avait une stratégie en temps de guerre n’a pas nécessairement la même stratégie en temps de paix. Par contre, les vertus qui rendent l’homme plus fort ne changent pas : le devoir, la conscience professionnelle, l’amour du prochain, de la patrie et de la famille ». Convoqué à plusieurs fois « Ces valeurs ne sont pas condamnables ; au contraire, le pays en a besoin », avait-il ajouté, en poursuivant que Ramzi estimait qu’en « s’attachant à ces valeurs, qui ne sont pas celles des seules FL, et en essayant de les inculquer aux étudiants, il contribuait à la formation morale d’une génération qui rendrait service à un pays miné par la corruption, le favoritisme et l’appât du gain illicite ». « Cette conduite n’avait rien d’illégal, mais elle ne semble pas avoir été bien comprise par certains qui sont restés prisonniers d’une image négative des FL », a-t-il souligné. Et l’oncle de la victime de poursuivre que « Ramzi avait été convoqué à diverses reprises par les services spéciaux pour être interrogé. Il répondait toujours à leurs convocations, n’ayant rien à se reprocher, il s’expliquait chaque fois et rentrait tranquillement au bout de quelques heures. Il n’avait jamais participé à des réunions qui portent atteinte à l’ordre public, encore moins à la sécurité de l’État ». M. Irani avait également estimé que « l’enlèvement (de son neveu) est peut-être le fait de groupuscules organisés ou encore celui d’un État ». Ramzi Irani, militant FL du courant de Samir Geagea, et qui avait maintenu la porte grande ouverte aux militants du mouvement de Fouad Malek, était un fils modèle et un bon père de famille. Chaque jour à midi, il quittait son bureau de la rue Clemenceau, pour prendre son déjeuner chez sa mère, à Achrafieh. Tous les matins, il accompagnait son fils, Jad, âgé de deux ans et demi, à la garderie. Le jour de sa disparition, il devait raccompagner sa belle-sœur, qui l’attendait à l’hôtel Phoenicia, pour prendre part à l’anniversaire de sa fille Yasmina, qui célébrait ce soir-là ses cinq ans. Une fois par semaine, il gardait les enfants lui-même, l’après-midi, pour permettre à son épouse d’assister à des réunions de travail. Ramzi Irani, employé en tant qu’ingénieur à l’entreprise française Total, n’avait pas de dettes, ou d’autres problèmes personnels. Le procureur général près la Cour de cassation, Adnan Addoum, a indiqué hier en soirée qu’une personne a été interpellée pour les besoins de l’enquête. Certains éléments pourraient mener à un premier résultat. Du moins l’espère-t-on… Patricia KHODER Quelques heures auparavant, la famille Irani était chez Lahoud Le chef de l’État, Émile Lahoud, a assuré hier devant les membres de la famille Irani et bien avant de savoir que l’on avait retrouvé le corps de l’ingénieur disparu Ramzi Irani, qu’il s’impliquait personnellement dans les efforts en vue de retrouver le jeune homme disparu. Il a également affirmé que des instructions avaient été données aux services de sécurité concernés pour qu’ils suivent de près le dossier. Le président de la République a ajouté qu’il allait redoubler d’efforts pour que toute la lumière soit faite sur les circonstances d’une disparition qui ne concerne pas uniquement la personne de l’ingénieur Irani, « mais bien au-delà, toute la stabilité sécuritaire dont jouit le Liban ». D’autre part, le comité pour la défense des étudiants – comprenant entre autres plusieurs députés – s’est réuni hier place de l’Étoile, en présence de la famille de Ramzi Irani, tandis que dans le village de Araya une foule considérable se rassemblait en signe de solidarité avec la famille du disparu, et en présence des ministres Pierre Hélou et Fouad es-Saad, ainsi que des députés Antoine Ghanem, Antoine Andraos et Abdallah Farhat.
La famille de Ramzi Albert Irani n’a plus à attendre en vain. Elle n’a plus à faire le tour des responsables pour tenter de retrouver le militant FL disparu le mardi 7 mai courant, en plein jour, à Beyrouth. Hier, vers 19h30, quatorze jours après la disparition de l’ingénieur, sa Golf Polo noire, immatriculée B 112089, a été retrouvée dans le secteur dit Caracas, non...