« Cette fois, le Mossad a réussi à assassiner mon fils »

Le chef du Front populaire de libération de la Palestine-Commandement général (FPLP-CG), Ahmed Jibril, a accusé hier les services de renseignements israéliens, le Mossad, de l’assassinat de son fils aîné. « Le Mossad a réussi cette fois à assassiner mon fils, après avoir tenté de le faire en vain à quatre reprises », a-t-il déclaré à la presse, alors qu’il recevait les condoléances à son quartier général à Damas. « C’est maintenant un martyr, comme les Palestiniens qui font don de leur vie tous les jours en Palestine. Il y a quelques mois, nous avons fait le pèlerinage de La Mecque et Jihad m’a confié qu’il avait demandé à Dieu de mourir en martyr », a-t-il indiqué, le visage sombre. Israël a rejeté ces accusations, le ministère des Affaires étrangères les qualifiant de « non-sens total ». Ahmed Jibril a aussi accusé implicitement les services de renseignements jordaniens d’être impliqués dans l’assassinat de son fils. « L’ennemi israélien dépend des services de renseignements américains et jordaniens et il existe une collaboration entre ce trio, le trio du mal, qui est capable de nous porter atteinte, et il a pu le faire », a déclaré M. Jibril dans une interview à la télévision qatarienne al-Jazira. Il a affirmé qu’« il existe un comité supérieur dirigé par les États-Unis, le Mossad israélien et les services de renseignements jordaniens, qui se réunit régulièrement pour coordonner son action ». M. Jibril a affirmé à ce propos que « nous avons arrêté il y a quelque temps certains agents des services de renseignements jordaniens sur le sol libanais, qui avaient pour objectif de pénétrer dans nos bases ». « Les services de renseignements jordaniens sont devenus un simple outil aux mains du Mossad et des renseignements américains », a-t-il estimé. « Nous avons des preuves, car certains éléments que nous avons entraînés au Liban, en Syrie et dans d’autres pays avaient été arrêtés par les services de renseignements jordaniens en Jordanie (...) avant d’être remis aux autorités israéliennes ». Il a enfin affirmé que son fils, Jihad, était « chargé d’entraîner nos frères du Hamas (mouvement islamiste radical palestinien) et d’autres » mouvements. « Les Israéliens savent bien cela et savent aussi que Jihad était chargé d’acheminer les armes et les équipements vers la Palestine », a-t-il conclu. Le Hezbollah accuse Israël À Beyrouth, le Hezbollah a accusé Israël d’avoir trempé dans l’assassinat pour tenter ainsi de déstabiliser le Liban. « Nous voyons avec clarté l’empreinte sioniste dans cet assassinat, qui constitue un événement extrêmement dangereux du point de vue politique et sécuritaire », a déclaré le parti intégriste dans un communiqué. « C’est le signe d’un retour aux tentatives des sionistes contre la stabilité et la sécurité du Liban », a-t-il ajouté. Selon le Hezbollah, après le « retrait de l’ennemi de notre sol (du Liban-Sud en mai 2000), humilié et vaincu, il revient avec d’autres méthodes, et il faudra une grande attention aux Libanais et aux Palestiniens pour couper cette main traîtresse ». Les obsèques du fils d’Ahmed Jibril auront lieu mercredi à Damas. Chef de la branche militaire du FPLP-CG et considéré comme le probable successeur de son père, la victime avait suivi un entraînement dans une académie militaire libyenne en 1981 et avait reçu le titre de cadet de cette académie en 1983. En 1997, lors d’un exercice d’entraînement, il avait été grièvement blessé par l’explosion d’une bombe dans la plaine de la Békaa. Il avait aussi échappé à la mort il y a deux ans lorsque des inconnus avaient tiré sur sa voiture, près d’une base d’entraînement du FPLP-CG à Naamé.