Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

DRAME - Trois personnes interpellées dans le cadre de l’enquête Le fils d’Ahmed Jibril victime d’un attentat à la voiture piégée(photos)

Jihad Jibril, le fils aîné du chef du Front populaire de libération de la Palestine – Commandement général (FPLP-CG), Ahmed Jibril, a été tué hier vers midi par l’explosion d’une bombe dans sa voiture, un attentat qui rappelle l’époque funeste des assassinats de responsables palestiniens perpétrés par les Israéliens sur le sol libanais. Jibril se trouvait à la rue al-Mama, dans le secteur de Mar Élias à Beyrouth, non loin de la caserne de la Brigade 16 (l’unité d’élite des Forces de sécurité intérieure), quand sa Peugeot 505 blanche a explosé au moment où il venait d’actionner le démarreur. Le conducteur a été tué sur le coup, son cadavre déchiqueté et calciné, et sa voiture projetée une centaine de mètres plus loin par la force de la déflagration. La rue étroite et ordinairement paisible a été secouée par le drame, la chaussée jonchée de débris issus du véhicule piégé. La scène offrait un spectacle effarant. La victime n’a pas été identifiée tout de suite, et ce n’est que peu à peu que la nouvelle de la mort du fils du responsable palestinien a été confirmée, donnant sa vraie dimension à l’attentat. La charge de près de deux kilogrammes de TNT était vraisemblablement placée sous le siège de Jibril puisque cette partie du véhicule a été entièrement pulvérisée. Des habitants d’un immeuble proche, encore sous le choc, nous ont cependant raconté que « la voiture venait de faire demi-tour dans un parking et s’apprêtait à démarrer quand l’explosion a eu lieu ». L’attentat n’a pas fait d’autres victimes ni des blessés, seulement des dégâts matériels dans les bâtiments environnants, notamment des vitres brisées et certaines voitures endommagées. L’armée, les services de renseignements et les Forces de sécurité intérieure, dont la brigade antiterroriste, sont arrivés sur les lieux du drame. Un cordon de sécurité a été établi autour du véhicule piégé pour empêcher la foule de curieux de s’en approcher. Le premier juge d’instruction de Beyrouth, Hatem Madi, et le procureur général de Beyrouth, le juge Joseph Maamari, ont inspecté la scène du crime. Le juge Maamari a transmis le dossier au tribunal militaire, considérant qu’il s’agit d’un acte terroriste. Trois personnes ont été interpellées et interrogées dans le cadre de l’enquête et placées en garde à vue. Leur identité et leur nationalité n’ont pas été divulguées hier. Jihad Jibril, né en 1964 à Damas (il avait la nationalité syrienne), était le chef des opérations militaires du FPLP-CG. Il vivait à Beyrouth et, selon des sources palestiniennes, suivait des études de droit à l’Université libanaise. Il se rendait d’ailleurs à sa faculté ce matin fatal, quand il a rencontré la mort, ainsi que l’a assuré sur le lieu du drame Abdel Salem Akl, chargé du dossier des droits de l’homme au sein de l’organisation palestinienne. Il était pressenti pour succéder à son père. Jihad Jibril avait échappé deux fois à la mort avant que celle-ci ne le rattrape hier matin. En 1997, il avait été grièvement blessé par l’explosion d’une bombe dans la Békaa, lors d’un exercice d’entraînement. Il y a deux ans, des inconnus avaient tiré sur sa voiture près d’une base d’entraînement du FPLP-CG à Naamé, au sud de Beyrouth. Plusieurs responsables palestiniens se sont rendus sur le lieu du drame, notamment Abou Rouchdi, leader du FPLP-CG au Liban. Celui-ci a fait assumer à Israël et au Mossad la responsabilité de cet attentat, bien qu’il ait refusé de confirmer d’emblée l’identité de la victime. « Tous les assassinats perpétrés au Liban contre des militants palestiniens, libanais et arabes ont été commis par des Israéliens », a-t-il souligné. Jihad Jibril s’est-il senti menacé ces derniers temps ? « Il a toujours vécu dans la menace », a-t-il répondu, laconique. Quelle pourrait être la réponse des Palestiniens à cet attentat ? « Nous allons poursuivre la résistance, c’est le seul moyen », a-t-il affirmé. Abou Rouchdi s’est rendu à deux reprises au commissariat tout proche, au milieu d’une grande confusion. C’est un ton encore plus virulent qu’a adopté Abdel Salem Akl. Visiblement affecté par la nouvelle de la mort de Jibril, M. Akl a appelé à « l’ouverture de tous les fronts arabes devant la résistance palestinienne ». « Aucune armée arabe ne devrait monter la garde sur les frontières israéliennes », a-t-il insisté, refusant toutefois de préciser s’il entendait par là une éventuelle ouverture du front du Liban-Sud. « S’ils comptent nous atteindre n’importe où, nous devons être en mesure de les combattre à partir des pays environnants. Notre réponse sera à la mesure de cet événement », a-t-il ajouté. M. Akl a par ailleurs dénoncé les « lacunes sécuritaires au Liban ». Il a rendu hommage au « grand résistant qu’était Jihad Jibril, le seul à avoir tenté de soutenir efficacement la résistance intérieure palestinienne à partir de l’extérieur, d’où le fait qu’il représentait un danger sérieux pour Israël ». Vers 13h45, la dépouille mortelle de Jibril a été transportée par ambulance à la morgue de l’hôpital Makassed, à Tarik Jédidé, accompagnée d’une escorte. Des rumeurs que le père de la victime, Ahmed Jibril, pourrait se rendre à l’hôpital pour un dernier adieu à son fils ont été vite démenties, le chef du FPLP-CG n’ayant pas quitté Damas où il réside. À 14h45, la nouvelle s’est répandue que le corps allait être transporté au camp palestinien de Bourj Barajneh « pour des raisons de sécurité ». Au camp, la dépouille de Jihad Jibril a été accueillie par les cris de colère de la foule. Les obsèques de Jihad Jibril auront lieu demain. Le corps sera transporté du camp de Bourj Barajneh jusqu’à Damas, où il sera inhumé. Suzanne BAAKLINI Revendication d’un groupe inconnu Un groupe jusqu’ici inconnu, le Mouvement des nationalistes libanais, a revendiqué l’assassinat du fils du chef du Front populaire de libération de la Palestine-Commandement général (FPLP-CG), l’accusant d’avoir opéré sur le sol libanais sous « les ordres de la Syrie ». « Une de nos unités a liquidé Jihad Jibril en faisant exploser sa voiture, alors qu’il sortait de sa cachette », affirme le groupe dans un communiqué en arabe reçu par télécopie au bureau de l’AFP à Nicosie. « Nous ne prendrons pas de repos jusqu’à ce que nous forcions toutes les mains étrangères, qui jouent avec le destin du Liban et son avenir, et le conduisent vers une nouvelle guerre, à quitter la terre du Liban sans retour », ajoute le texte. « Jihad Jibril, sous les ordres de la Syrie, a transformé la terre du Liban en général, et en particulier le quartier de Tallet el-Khayyat (à Beyrouth-Ouest) au cœur duquel il a planté sa caserne secrète, en nid pour planifier et réaliser ses opérations pour frapper au coeur des intérêts libanais », ajoute le groupe. « La Syrie, ses symboles et ses instruments au Liban ont reçu coup après coup pour obliger (la Syrie) à lever sa main du Liban et à retirer ses soldats, ses agents de renseignements et ses collaborateurs du territoire libanais », ajoute-t-il. « Nous leur disons que cette opération ne sera pas la dernière et que les Libanais ne permettront à personne de diriger ses guerres à partir du territoire libanais. Si vous voulez la guerre, ouvrez le front sur votre territoire », poursuit-il. « Le Liban a assez payé, il est temps que les Libanais décident de leur destin et de leur avenir tout seuls », conclut le texte. La feuille sur laquelle est imprimé le texte porte un sceau en forme de badge heptagonal représentant le drapeau du Liban et comportant le mot Liban ainsi que le nom du groupe.
Jihad Jibril, le fils aîné du chef du Front populaire de libération de la Palestine – Commandement général (FPLP-CG), Ahmed Jibril, a été tué hier vers midi par l’explosion d’une bombe dans sa voiture, un attentat qui rappelle l’époque funeste des assassinats de responsables palestiniens perpétrés par les Israéliens sur le sol libanais. Jibril se trouvait à la rue...